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  • L’alchimie, la nature et les Saintes Écritures

    L’alchimie, la nature et les Saintes Écritures

    La nature et la bible sont les deux sources d’inspirations de l’alchimiste.
    La nature d’abord, est rappelée à l’esprit de l’alchimiste par l’injonction répétée de l’imiter (« l’alchimiste doit imiter la nature ») et l’alchimie elle-même est souvent qualifiée d’« agriculture céleste », ce qui suppose d’être proche de la nature et de travailler avec elle et avec ses cycles.
    La bible reste présente dans la vie de l’alchimiste européen par sa conception de la spiritualité qui est basée sur l’élection divine : Dieu donne la pierre à l’alchimiste comme il a donné les tables de la loi à son prophète Moïse. La bible initie aussi le cycle septenaire dans le récit de la création en 7 jours au début de la genèse. Ce symbolisme astrologique restera omniprésent dans le symbolisme alchimique. Accessoirement, le processus alchimique pourra être décrit de façon imagé avec des épisodes bibliques comme le texte sur le déluge ou le Cantique des cantiques par exemple, de la même façon que les auteurs empruntent à la mythologie grecque, mais ce n’est pas le sujet que je développe maintenant.
    Mon idée ici est d’observer les spécificités de chacune de ces deux sources d’inspirations de l’alchimiste et de voir leurs points de rencontres éventuels.

    L’observation de la nature est basée sur le travail, l’observation, et le bon sens, je dirais même, le bon sens paysan. La conception du travail basé sur des cycles septenaires ou sur la conception mystique de l’élection divine (le « don de Dieu ») ne sont pas basés sur une quelconque observation de la nature mais sur la foi dans la bible. Le texte sacré n’est certes pas une création ex-nihilo et il doit y avoir un rapport entre la bible et la réalité, c’est-à-dire la nature, mais aujourd’hui, les rapports qu’il pourrait y avoir entre eux sont invisibles et seule la foi, ou une improbable « élection divine » personnelle peut nous nous encourager à conserver la bible comme support à notre pratique alchimique. Cela ne fait pas beaucoup. D’ailleurs, une nouvelle compréhension du corpus biblique basée sur l’archéologie et sur la linguistique permet de mieux comprendre comment on est arrivé à prendre cette belle bibliothèque (la bible) pour un texte cohérent et fiable (pour rassurer ceux qui ne me connaissent pas, je dois préciser que je connais assez bien ce sujet qui me passionne et que je suis un très fidèle lecteur des deux bibles).
    Alors comment l’alchimiste va t’il organiser son travail ? Un peu de symbolisme le matin et un peu de bon sens paysan l’après-midi ? C’est plus ou moins comme cela qu’il s’en sort aujourd’hui mais c’est assez léger au niveau de la méthode et l’on pourrait mieux étudier la question pour avoir de meilleurs résultats.
    Tout d’abord, je pense que si l’on devait choisir entre l’un ou l’autre de ses deux modes de pensée, seul l’observation de la nature permettrait d’avoir des résultats en alchimie. La bible recèle des trésors initiatiques, mais à part la recette de la pierre faite par la calcination solaire des ossements fermentés donnée dans Ezéchiel, je ne connais pas grand chose de réellement pratique en alchimie dans la bible. Cela se limite à un support symbolique encourageant (en matière de laboratoire alchimique bien-sûr). L’imitation de la nature donc, est la base du travail alchimique.

    Mais alors pourquoi reste-t-on tant attachés aux textes sacrés ? D’abord, parce que la bible est la base de notre structure mentale, c’est notre « système d’exploitation » fondamental traditionnel (mais cela change maintenant). Nous sommes donc intimement rassurés si l’on peut gérer notre alchimie dans cette structure mentale. Ensuite, notre proximité avec la bible rassurera nos proches, ce qui pouvait être salvateur aux époques où la religion était abusive dans la société. Pendant ces époques dangereuses, l’alchimie se devait donc d’être chrétienne pour ne pas être païenne. Le bucher, ça marque…

    Quel est le problème avec le symbolisme biblique dans le grand-œuvre alchimique ? A priori, le seul problème que je vois pourrait venir de la conception de la spiritualité qui peut se révéler différente dans la bible et dans la nature.
    La conception biblique de l’élection divine vient à mon avis d’une série de confusions que l’on a faites sur le texte et qui sont d’origine socio-politique. En effet, les « Saintes Écritures » sont, on le sait aujourd’hui, une compilation de textes d’origines différentes développés à des périodes différentes par des personnes ou des tribus différentes. Le tout a été rassemblé et « édité » par des scribes un peu avant l’époque de Jésus. Pour la bible chrétienne, c’est moins hétérogène, mais la problématique reste plus ou moins la même. À partir ce cette compilation et pour des raisons socio-politiques, on a créé le mythe de la bible donnée par Dieu à Moïse au mont Sinaï (pour le pentateuque en tout cas). C’est à partir de là que le concept de Dieu est devenu confus (Qui est Dieu ? Où est-il ? Quel est son nom ou pourquoi tous ces noms ?). Le concept d’expérience spirituelle s’est formalisée en élection divine (devenir l’élu de Dieu) alors que l’expérience de Moïse, je l’ai développé ailleurs, est plus proche de l’éveil du Bouddha que de ce que l’on raconte au cathé ou au talmud Torah. Sachant cela, on peut comprendre que le processus initiatique alchimique est un processus naturel donc basé sur… l’observation de la nature. C’est un processus graduel qui offre à l’alchimiste un éveil à sa vrai nature, un vrai sens à sa vie. La promesse de l’alchimie sera donc une meilleure relation entre l’alchimiste et le monde (la relation microcosme/macrocosme), une amélioration sensible de la santé, une immortalité parce que l’alchimiste s’est éveillé à la Vie et que la Vie est sans fin, et, la cerise sur le gâteau, un bonheur parfait. Je ne pense pas qu’il soit question d’une quelconque promesse dans une éventuelle après-vie, tout au moins, je n’ai aucune expérience personnelle dans un tel domaine…

    Il est utile à l’alchimiste sur le chemin de bien réaliser cet aspect  de ce que l’on appelait hier l’initiation et que l’on appelle aujourd’hui l’éveil spirituel pour mieux cibler son but, pour bien adapter son travail et ses attentes.

    Pour finir, je voudrais rappeler que l’étude de la bible et/ou de la Kabbale en relation avec l’alchimie est récente et date tout au plus de l’hermétisme florentin de la renaissance (Italie XV° siècle donc). Avant, la relation entre bible et alchimie était de l’ordre de la référence culturelle, mais il n’y avait pas de lien réellement structurel entre les deux. L’alchimie était pratique et en général liée aux métiers de médecin/apothicaire/herboriste. D’ailleurs, Paracelse, le grand alchimiste de la renaissance, ne fait pas de lien entre son alchimie à lui, qu’il appelle « Spagyrie » et qui a d’abord un but médicinal, et la bible. Par contre, il consacre un livre entier à sa mystique chrétienne personnelle comme en témoigne son « Évangile d’un médecin errant » (traduction Lucien Braun) qui ne parle pas d’alchimie. Pour Paracelse, alchimie et bible ne sont pas organiquement liées. Ceci n’empêche pas que pour Paracelse comme pour la plupart des alchimistes contemporains, l’alchimie comporte une dimension mystique ou spirituelle nécessaire, hygiène naturelle de vie finalement, et que « Ora et Labora » reste une devise actuelle.

    Matthieu Frécon, Sarreyer le 31 juillet 2023

     

     

     

  • Le Sel philosophique et la lacto-fermentation alchimique

    L’alchimie et la fermentation : la Choucroute Philosophique
    Cet article a été écrit pour un groupe travaillant sur les fermentations culinaires. La re colte du sel au printemps

    Je m’intéresse beaucoup à la fermentation que je pratique dans mes deux activités professionnelles : la distillation des spiritueux et l’alchimie (la spagyrie).

    Les alchimistes disent que « la fermentation est la clé qui ouvre toutes les portes de la nature » (La Nature Dévoilée, XVIII°siècle).

    Il y a une pratique très développée en alchimie et qui est très simple et peut être très utile à tous, c’est l’utilisation de la rosée pour rendre le sel « philosophique ». Cela consiste à améliorer la qualité alchimique du sel. Je parle du sel de cuisine. Ce sel « alchimisé » servira à de très beaux travaux alchimiques, mais pourra également servir à « alchimiser » notre vie quotidienne pour lui donner un peu plus d’esprit… Ce sel très particulier à une force intrinsèque très spéciale et a des propriétés thérapeutiques pour l’entretien de la santé et de la vitalité. En dehors des travaux alchimiques purs, il peut nous servir pour la cuisine, pour des cosmétiques (sel de bains) ou… pour nos lacto-fermentations. C’est dans cette application qu’il est le plus intéressant et je vous propose d’essayer vos lacto-fermentations avec ce sel spécial. La fabrication de ce sel est très simple et le printemps est la saison idéale pour le préparer.

    L’idée est d’imbiber le sel « d’esprit universel », le Prana indou. Pour cela, il suffit d’exposer le sel bien sec étalé très finement sur une vitre exposée dehors, la nuit aux pleines lunes de printemps. Le printemps est la période de pleine expansion de l’énergie solaire et la pleine lune est le moment ou l’énergie lunaire est elle aussi à son maximum. L’humidité de la nuit va pénétrer le sel fin exposé dehors. Il faut alors le récolter au petit jour, avant que la chaleur ne le réchauffe et fasse évaporer la précieuse rosée. Il suffit alors de stocker le sel humide dans un simple bocal et de l’utiliser comme du sel ordinaire. Essayez, et vous constaterez facilement qu’il est plus puissant, plus tonique, et que les fermentations sont plus actives. Ce sel se conserve toute l’année sans perdre sa vertu.

    Ce sel contient une infime quantité de nitrate d’ammonium naturel créé dans l’atmosphère qui lui donne ses caractéristiques, c’est le « Sel de Rosée ». On peut le récolter un peu tout le temps, mais les pleines lunes de printemps sont les moments idéaux pour nous.

    On pourrait développer les travaux sur ce sel philosophique mais cela dépasserait le cadre de ce groupe et les alchimistes en herbes peuvent consulter les pages de mon site www.atelier-spagyrie.ch ou www.devenir-distillateur.com pour en apprendre plus. Vous pouvez aussi consulter l’agenda pour le programme des stages sur le sujet. Je suis d’ailleurs intéressé pour partager mon programme de spagyrie avec un spécialiste de la fermentation qui serait intéressé par l’alchimie pour élaborer un programme ensemble puisque l’art de la fermentation est commun aux deux disciplines qui sont très complémentaires.

    Bonnes choucroutes philosophiques !

    Matthieu Frécon, Pâques 2023

    Illustration : récolte de la rosée, Mutus Liber.

  • Les élixirs floraux du Dr. Bach sont-ils alchimiques/spagyriques ?

    Les élixirs floraux du Dr. Bach sont-ils alchimiques/spagyriques ?

    La question est intéressante parce qu’elle pose la question de ce qui est ou ce qui n’est pas alchimique/spagyrique.

    Ma position vient de ma propre pratique alchimique ou spagyrie. Je me considère comme un paysan-herboriste-spagyriste, même si je suis absolument débutant en matière agricole et en herboristerie.
    En effet, si j’ai bien retenu les leçons de mon ouvrage de référence, La Nature Dévoilée, qui nous explique que ce livre « n’a pas été pas écrit pour les philosophes de la ville mais pour les alchimistes qui vivent à la campagne et savent faire leur vin et leur choucroute » (citation de mémoire légèrement reformulée par moi…), je tiens à garder le lien avec la nature et les activités agricoles. D’ailleurs l’alchimie n’est-elle pas parfois qualifiée d’« agriculture céleste » ?
    Pour moi donc, l’alchimie ou la spagyrie sont des philosophies pratiques liées à d’autres activités liées à la vie de la ferme ou liées aux médecines naturelles, dont les élixirs floraux de Edward Bach font partie. Dans mon esprit, il n’y a pas l’alchimie ou la spagyrie d’une part, et le reste de la vie d’autre part, tout est lié et l’alchimie/spagyrie peut s’intégrer dans d’autres pratiques et vice-versa.

    Les élixirs floraux de Bach sont clairement un système thérapeutique très proche de l’alchimie puisqu’il s’agit d’extraire les propriétés médicinales d’une fleur par infusion dans l’eau sous l’action du soleil. La macération solaire est ensuite fixée par ajout d’alcool.
    La philosophie de ce système médicinal est toutefois différente de celle de l’alchimie puisqu’il est basé sur une interprétation de la vie et de la guérison propres à son inventeur, mais on retrouve des points communs dans le procédé de fabrication puisqu’il s’agit d’extraire le Soufre spagyrique (les propriétés de la plante) par la lumière solaire (Mercure spagyrique). L’alcool ajouté ensuite ne sert qu’à fixer la solution pour empêcher la décomposition.
    Il manque le corps de l’élixir, le Sel spagyrique, ce qui distingue l’élixir de Bach de l’Elixir spagyrique, mais cela n’est pas forcément incohérent et il existe bien des élixirs spagyriques traditionnels qui n’ont pas non plus ce sel dans leur composition.
    On peut conclure que la technique de fabrication des élixirs floraux de Bach est proche de la pratique spagyrique, ce qui n’est pas étonnant quand on sait que Bach possédait une solide culture hermétique.
    Par contre, la philosophie de cette médecine douce s’il en est, est fort différente de celle de la médecine alchimique puisque celle-ci, dans son essence se résume à considérer la « lumière » solaire comme étant la source de création de toute existence, et par-là, la source de réparation de tous les désordres de l’existence. Pour l’alchimiste, la lumière est donc la médecine universelle alors que les propriétés de l’élixir de Bach réside dans les propriétés de la fleur mise en macération (propriétés spécifiques à cette médecine particulière).

    C’est pour répondre à des besoins spécifiques que des médecines alchimiques plus spécifiques ont été développées, avec l’influence d’autres médecines naturelles, herboristerie ou autres. La spagyrie moderne par exemple est très souvent liée à l’herboristerie, parfois à l’astrologie (élixirs planétaires) &c…
    La médecine de Bach par contre, est une création originale de son inventeur qui a su être créatif tout en utilisant l’héritage traditionnel. Cet exemple nous montre que l’alchimie/spagyrie n’est pas limitée à une tradition séculaire, mais peut rester créative et évolutive, ouverte aux innovations et aux influences de notre époque.
    En fait, la tradition, c’est ça : une culture en évolution, pleine d’emprunts et d’innovations…

    Matthieu Frécon, Saunière, Février 2023.

  • Alchimie : entre santé et spiritualité

    Alchimie : entre santé et spiritualité
    Le rapport au corps des ascètes de l’Antiquité et l’évolution de la spiritualité vers la santé

    Aux XIX° et XX° siècles, la science est victorieuse, l’alchimie est mise en retraite et reléguée au cabinet des curiosités. La médecine est maintenant académique et l’alchimie se réfugie dans la spiritualité occultiste ou le jeu poétique du langage hermétique. À la renaissance, Paracelse (1493-1541) affirmait au contraire que « la pierre philosophale est une médecine qui sert à faire des remèdes pour soigner les maladies ». J’ai déjà discuté des rapports entre la santé et la spiritualité du point de vue de la première, c’est-à-dire en considérant la spiritualité comme étant la santé de l’âme. J’ai proposé une physiologie de la spiritualité. Considérant celle-ci comme une partie organique de l’être, c’est-à-dire une branche de la santé d’un point de vue holistique. J’aimerais maintenant aborder le point de vue inverse qui consiste à considérer la santé comme une branche de la spiritualité, tel que les mystiques de l’antiquité pouvaient le faire.

    La plus ancienne trace d’alchimie que je connaisse, tout au moins l’alchimie telle qu’elle s’est développée en Occident jusqu’à aujourd’hui, se trouve dans le livre d’Ezechiel qui est l’un des prophètes de la bible hébraïque. Ezechiel ne semble pas être, sur un plan technique, un novateur et sa pratique est donc traditionnelle : il n’est donc vraisemblablement pas le premier alchimiste de l’histoire mais son livre est important parce qu’il nous rapporte très précisément une discipline spirituelle alchimique qui est encore pratiquée de nos jours. Cette discipline et cette technique feront l’objet d’une étude approfondie ultérieure. C’est cette pratique qui m’a donné la pierre la plus importante de mon parcours d’alchimiste et qui est à la base de mon élixir « SelSol Rosa » (pour la libération des dépendances). Ezechiel s’intègre probablement dans une tradition mystique perse qui voue un culte au soleil, ce qui est bien naturel dans ces régions méridionales.

    Dans la bible hébraïque, qui est l’une des sources d’inspirations des alchimistes médiévaux, la notion de santé est intimement lié à la spiritualité. La santé du corps est l’état naturel produit par la rectitude de la vie spirituelle, voire soumis aux caprices du panthéon divin comme on peut le lire chez Job. Les grands guérisseurs (Elie, Elisée…) sont des Saints et leurs connaissances médicales se limitent à leur spiritualité. La maladie est un désordre de l’âme. On peut d’ailleurs remarquer que des novateurs dans le domaine de la santé au XX° s. tels que Rudolph Steiner ou Edward Bach le formuleront à nouveau en participant à la naissance de la médecine holistique actuelle. Ezéchiel, au contraire de Elie et de Elisée, ne guérira pas les malades : c’est un mystique pur qui ne s’intéresse qu’à la spiritualité. Il va préparer son remède, sa pierre philosophale, dont l’effet va participer à sa réalisation mystique. Ici, nous avons affaire à une voie qui considère que la vie de l’alchimiste est totalement consacrée à la réalisation mystique au point que sa santé ou celle de ses proches ne compte absolument pas parmi ses centres d’intérêts. Seule la santé de son âme compte, sa relation avec Dieu. La santé, comme le reste de son existence n'existe tout simplement pas, la réalisation spirituelle exceptée. La description biblique de la vie d’Ezechiel ou d’autres prophètes témoigne d’une discipline extrêmement exigeante que l’on accepterait pas d’un contemporain : dans la société actuelle, une personne qui dédierait ouvertement sa vie à une telle discipline serait immédiatement internée. Elle ne correspondrait pas aux standards occidentaux actuels.
    Pour résumer, l’alchimie, à ce stade, est une voie spirituelle désincarnée.

    Ces disciplines mystiques, alchimiques ou autres, solaires ou non, ne seront pas toujours aussi extrêmes et il y aura aussi des saints-guérisseurs plus proche de leurs frères humains qui seront plus modérés et rapprocheront ces pratiques de l’intérêt pour la santé du corps (Elie, Elisée, et Jésus pour la tradition biblique). Plus tard, au début du Moyen-âge, les alchimistes arabes développeront des pratiques consacrées à la santé au sens moderne du terme en y ajoutant la connaissance classique de la médecine, ainsi que celle des plantes médicinales, des techniques de distillation &c… Quelques mille ans plus tard, Paracelse deviendra le plus célèbre représentant de cette médecine alchimique.

    À partir de Paracelse, on peut considérer que la spiritualité, la santé de l’âme, s’obtient par le rétablissement de la santé profonde du corps. C’est l’axe de mon travail d’alchimiste paracelsien quand je crée des élixirs. C’est aussi la méthode de toute les médecines holistiques actuelles. À partir d’Elie, Elisée, et Ezechiel au contraire, on peut ignorer la santé physique qui n’est, qu’elle soit bonne ou mauvaise, finalement qu’un épiphénomène de sa destinée spirituelle qui ne doit jamais nous éloigner de la discipline religieuse.
    Je dois préciser que Paracelse ne fait lui-même pas le lien entre la santé et la spiritualité : c'est un médecin-alchimiste d’une part, et un homme pieux par ailleurs : les deux domaines sont parallèles mais non techniquement liés. C’est moi qui développe ce rapport entre la la santé et la spiritualité avec la notion paracelsienne de « Vertu » que j’explique plus bas.

    Cette spiritualité des ascètes antiques, mystique plus que tout, peut-elle être utile au spagyriste du XXI° s. ?
    Il est évident qu’une discipline spirituelle qui prend la totalité de la place dans l’existence de l’alchimiste n’est pas a priori facilement compatible avec la pratique de la médecine, amateure ou professionnelle, qui semble mondaine en comparaison. Mais Paracelse nous apprend que la spagyrie est une science basée sur 4 piliers et que l’un de ces piliers est la « Vertu » (les trois autres étants Alchimie, Philosophie, et Astronomie). Paracelse définit la Vertu comme étant « la relation avec Dieu ». J’ai déjà proposé ailleurs des pistes pour l’étude de cette Vertu paracelsienne par l’étude de la physiologie (développement du mode parasympathique, renforcement du nerf vague et de l’électro-magnétisme du cœur, remise en route des liquides céphalo-rachidiens et lymphatiques et des mouvement respiratoires primaires &c…) par l’utilisation d’élixirs alchimiques. Mais il est admis que la vertu au sens commun du terme, c’est-à-dire la discipline morale, reste la base de l’hygiène spirituel, et donc de la santé du corps. La Vertu spagyrique paracelsienne est donc la partie « spirituelle » de l’art de guérir, ici au service de la santé physique, même si pourtant à sa source il existe des disciplines extrêmement exigeantes qui n’ont d’autres buts que la réalisation de l’âme, fut-ce au détriment de son véhicule physique.
    Connaître et pratiquer un minimum ces disciplines dans leur sens originel permet de redonner une certaine perspective sur le sens de la vie et de rappeler les exigences d’une discipline spirituelle qu’une vie dédiée au bien-être fait parfois oublier.

    En conclusion, je dirais que les médecins-alchimistes, les spagyristes modernes, abordent la spiritualité par l’amélioration de la santé à un niveau profond. C’est une voie pratique et fonctionnelle, alors que les mystiques de l’antiquité, qu’ils fussent guérisseurs ou non, ignoraient la santé en tant que telle. Pour eux, seule la réalisation spirituelle comptait et la santé retrouvée pouvait éventuellement intervenir. La santé étant alors considérée comme un effet secondaire de cette réalisation.
    Deux façons qui ne sont pas forcément compatibles, pas toujours complémentaires, mais qui ont l’avantage d’offrir deux points de vue radicalement différents qui permettent à l’alchimiste moderne de mieux se positionner. Personnellement, j’ai développé chacune de ses disciplines indépendamment l’une de l’autre à différents moment de mon existence, et l’une a toujours nourri l’autre.

    Il est remarquable que l’alchimie méditerranéenne antique ignore la santé ou au mieux la considère comme un épiphénomène de la spiritualité alors qu’avec le développement de la médecine, l’alchimie devient petit-à-petit une médecine du corps qui finalement intègrera la spiritualité comme étant un état naturel, physiologique, idéal.
    Cette évolution est significative de la conception biblique d’un dieu qui est au départ extérieur à l’homme et à la nature - c’est le concept d’élection divine, pour évoluer vers le concept d’éveil qui intègre la divinité dans les rapports naturels de l'homme et de la nature.
    L’expérience notamment permet de comprendre les rapports naturels entre les deux façons d’être en lien avec « Dieu ».


    Matthieu Frécon, Sarreyer, Octobre 2022

  • Soleil noir…

    Soleil Noir…

    Ce 25 janvier, jour anniversaire de la mort du poète aux 3 RGe rard de nerval

    Le point noir

    Quiconque a regardé le soleil fixement
    Croit voir devant ses yeux voler obstinément
    Autour de lui, dans l’air, une tache livide

    Ainsi, tout jeune et plus audacieux,
    Sur la gloire un instant j’osais fixer les yeux :
    Un point noir est resté dans mon regard avide

    Depuis, mêlée à tout comme un signe de deuil,
    Partout, sur quelque endroit que s’arrête mon œil,
    Je la vois se poser aussi la tache noire !

    Quoi, toujours ? Entre moi sans cesse et le bonheur !
    Oh ! c’est que l’aigle seul - malheur à nous ! malheur !
    Contemple impunément le Soleil et la Gloire.

    El Desdichado

    (…) Ma seule étoile est morte et mon luth constellé
    porte le Soleil noir de la Mélancolie (…)

    Gérard de Nerval, les Chimères

    Je suis noire mais je suis belle (…)
    Je suis noire parce que le soleil m’a brûlée (…)

    Cantique des cantiques, extraits du ch. I

    Gérard de Nerval laisse supposer que l’éducation ésotérique de son oncle occultiste l’a quelque peu marqué du sceau d’une mélancolie mystique et que le culte solaire n’y est pas étranger.
    L’âme, dans le cantique est plus joyeuse, et l’aspect solaire de son Bien-aimé est manifeste.
    Faut-il regarder le soleil en face, ou user d’artifices comme Narcisse ?
    Mais enfin, « rien de neuf sous le soleil » (Ecclésiaste) ?

  • Qu'est-ce que l'Âme

    Qu’est-ce que l’Âme ?
    Pour Philippe Pissier, pour la dernière phrase…

    « Qu’est-ce que l’âme ? » demande Moshé Ibn Tibbon à Abraham Aboulafia dans le roman (1) que le kabbaliste Georges Lahy consacre au père de la kabbale extatique (Aboulafia donc).
    Qu’est-ce que l’âme ? donc… (2)

    La Kabbale, comme à son habitude, cherche des réponses dans une démarche d’analyse des textes sacrés. En effet, la kabbale considère que le plan de la création se trouve dans la Thorah (au sens de Bible hébraïque), et sa compréhension permet de répondre progressivement à toutes les questions. Le résultat est souvent une explication systématique et l’élaboration d’un système de pensée. Malgré l’affection infinie que j’ai pour la Kabbale, je reconnais ne pas toujours suivre cette démarche et c’est le cas aujourd’hui pour répondre à cette question sur la nature de l’âme (3).

    Au moment d’écrire mes réflexions sur ce sujet, je suis dans mon camping-car dans une jolie campagne. Un rouge-gorge familier tourne autour de moi et cherche la rencontre. Le nouvel an occupe les humains et la nature, détachée, s’exprime en beauté.

    Qu’est-ce que l’âme ?
    L’âme semble être, si je cherche la réponse dans les éléments qui m’entourent, la conscience qui m’anime. L’âme, c’est ce qui me pousse à me poser question, et ce qui me pousse à répondre à mes questions. C’est aussi l’émotion que je ressens devant la question, et devant le rouge-gorge aussi. C’est ma conscience d’exister. C’est ma vie.

    l’âme est-elle immortelle ? se demandent les kabbalistes du roman de Georges Lahy…
    Il est l’usage d’accompagner le concept d’âme par celui d’Esprit. Pour ma part, dans la tradition romantique et courtoise qui m’est chère et qui vient du Cantique des cantiques, le but ultime de l’existence semble être l’Union Mystique entre l’Âme, la bien-aimée du Cantique, et de l’Esprit, son bien-aimé. Union, ou fusion, si l’on chipote sur d’éventuels degrés dans cette rencontre. Mais mon but, dans le coin de nature qui m’accueille maintenant (je suis toujours dans mon camion, entouré de verdure, d’oiseaux, et de la lumière du soleil hivernal…), n’est pas de distinguer les degrés de l’âme ou des degrés de l’Union Mystique. Ici et maintenant, je tends plutôt vers une simplification des concepts pour ne pas casser ce sentiment d’harmonie naturelle, cette union des choses justement. Quelque peu fondu dans la nature, je vis simplement l’existence de l’âme, ou de mon âme si la question de l’appartenance de l’âme à ma personnalité se pose.

    Par ailleurs, cachée dans les fourrés, je devine encore la présence de l’Esprit, cette chose inconnue de mon âme. Inconnue parce qu’encore distincte. Inconnue et désirée.

    Si mon âme est la conscience, si cette conscience aspire à la rencontre de cet esprit, « celui qu’aime mon âme » (Cant. III, 1), on a une image limpide du jeu de la conscience et de l’inconscient dans le concept jungien. Jung défini l’inconscient comme la part d’existence non-encore découverte par la conscience. La découverte se fait, chez Jung, par étapes, ou s’aborde par différents aspects qui incluent les notions de personnalisation ou de collectivisation de la conscience. Mais peu importe ces précisions, je préfère maintenant rester dans la simplicité des concepts. Cela n’enlève rien à la joie de leur conscientisation, ce qui est finalement le but de cette union (la joie).
    Le parallèle entre l’âme et l’esprit d’une part et la conscience et l’inconscient d’autre part, est intéressante par leurs points de vues complémentaires, et leur rencontre est l’ultime expérience de l’existence. Chez les amoureux du Cantique, il semble que ce soit la fiancée (l’âme donc) qui se développe pour atteindre la maturité qui lui permettra le mariage avec son Bien-aimé (« Notre petite sœur n’a pas encore de seins, qu’arrivera-t-il le jour où l’on parlera d’elle ? » Cant. VIII, 8). Chez Jung au contraire, on comprend que cette union se produit par l’absorption de l’inconscient, sa diminution donc, dans la conscience.
    Mais peut importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse n’est-ce pas ?

    L’âme ne serait-elle qu’une étape de la prise de conscience universelle ? l’âme n’existerait donc qu’en tant qu’état intermédiaire de la Vie ? Un moment dans l’Existence ? Voilà ce que pourrait être l’âme…

    Comment prendre conscience de son âme ?, ou comment voir son âme ? Voici un beau sujet de réflexion que je pourrais développer dans ces pages. Mais je préfère vous laisser seul avec Elle, vous saurez bien trouver votre réponse à cette question passionnante…
    Ma piste, c’est que voir son âme, ce n’est pas prendre conscience de son désir d’union, ça, c’est ce qui nous pousse à chercher réponse à la question justement. Voir son âme, c’est en fait déjà vivre l’union, la fusion, avec l’esprit, l’Univers. On ne voit pas l’âme, on ressent son désir d’exister. Ce que l’on voit, c’est son union, au moins partielle, avec l’Esprit, l’Univers, la Vie. Dans ce sens, l’âme n’existe vraiment que lors de sa fusion, en même temps que sa disparition en tant que telle donc, au sein de l’Existence (4).

    Joyeuse nouvelle année 2022 à tous !

    Matthieu Frécon, dans la campagne, nouvel an 2022.

    (1) Aboulafia, la quête du kabbaliste, Georges Lahy auteur et éditeur 2019.
    (2) Cet article m’a été inspiré pendant la lecture de ce livre. J’ai dû interrompre ma lecture, écouter les oiseaux, écouter mon âme, et essayer de poser des mots sur mon ressenti… Il y a pire comme discipline !
    (3) L’école Lourianique de Palestine au XVI° siècle décrira une anatomie complexe de l’âme en 5 niveaux : Nephesh, Rouach’, Neshamah, Ch’ïah, et Yech’idah. Cette école est connue pour avoir développé des systèmes philosophiques complexes et abstraits.
    (4) la théorie que je développe ici est totalement pratique. Elle ne recherche pas la vérité et ne s’encombre pas d’explications. C’est une pure méthode qui ne se satisfait que de la seule expérience, l’Union Mystique.

  • La Spagyrie en Suisse

    La Médecine Spagyrique en Suisse

    La Suisse est le pays de Paracelse (1493-1541), créateur de cette branche de l’alchimie qu’il a appelé Spagyrie. Depuis, les alchimistes suisses et allemands ont plus que les autres développé cet aspect particulier de l’alchimie. Les Roses+Croix (société spiritualiste et humaniste allemande axée sur l’alchimie et la médecine) revendiquent l’influence de Paracelse dans la Fama Fraternitatis (1614) et la plupart des alchimistes germanophones sont influencés par le Médecin Itinérant. Deux devises peuvent exprimer la coloration particulière de cette école qui résument aussi la doctrine de Paracelse : « La Pierre ne sert pas à transmuter les métaux mais à fabriquer des remèdes pour soigner les maladies » et Imiter la nature. En France, au contraire, les alchimistes ont continué une voie plus « spirituelle » que l’on associe aujourd’hui au développement personnel qui est lié à la mystique chrétienne de la révélation divine. Mais les français n’ont pas cette relation forte avec la nature et avec les plantes qu’ont les suisses encore aujourd’hui.

    Je reviens de deux jours passés dans la ferme de Spagyros à Saint Brais, Jura suisse. Spagyros est l’un des producteurs de spagyrie couramment distribué dans les pharmacies Suisse avec Heidak et quelques autres. Pour les suisses, la spagyrie est d’abord une histoire de plantes et il est normal de cultiver soi-même ses plantes ou de les cueillir dans la nature. Le laboratoire est donc d’abord une ferme, avec ses cultures au centre de l’activité, et autour desquelles se trouvent les locaux de transformations : salles de préparation, de fermentation, de distillation, calcination &c... Les élixirs terminés sont expédiés au siège de la société qui se trouve quelque part dans la civilisation pour être conditionnés et distribués selon les normes Swissmédic en vigueur.

    Spagyros travaille avec le procédé Baumann, inspiré de Zimpel. Patrick Baumann a développé sa propre philosophie et ses propres pratiques. Pour résumer, les procédés Zimpel ou Baumann sont basés sur la fermentation des plantes, la séparation de leurs principes par distillation, puis calcination, pour enfin les réunir pour en faire l’élixir-mère. Avec patrick baumann

    Voici quelques souvenirs de notre discussion, quelques réponses qu’il m’a faites.
    (...) - Qu’est-ce que la spiritualité ?
    - Je dirais que c’est sortir de la matérialité, c’est voir ce qu’il y a derrière la matière.

    - En allant se promener dans la nature ? provoquais-je...
    - Je citerai Paracelse : « voir la lumière de la nature » plutôt.
    - Est-ce que c’est la vie ?
    - Oui, mais avec son aspect caché, que l’on apprend à lire derrière les choses communes.
    - Quel rapport fais-tu entre la santé et la spiritualité ?
    - La spiritualité nous donne le chemin, et avec ce chemin, le chemin de la santé.
    - Est-ce que tu penses qu’une santé idéale amène à une spiritualité, à un éveil ?
    - À un éveil à sa nature oui... (...)

    Avec Patrick Baumann

    La relation nature/santé/spiritualité est évidente pour les suisses... Il n’y a pas cette dichotomie entre le corps et l’âme, entre la santé de l’un et celle de l’autre, entre la vie profane et la sortie dominicale... La spiritualité ne se résume pas à une élection divine venue de l’au-delà, mais commence (au moins commence) dans le retour de l’homme sur son chemin, un chemin qui ressemble fort à un sentier de montagne... Personnellement, je pousse plus loin l’étude de la relation entre la santé et la spiritualité puisque je pense qu’une restauration physiologique idéale remet l’homme à sa juste place dans la nature, ce qui équivaut à une « réalisation » pour employer un terme utilisé dans les philosophies orientales pour désigner l’éveil, la libération. Mais j’ai déjà consacré plusieurs articles à cette question.

    Je dois encore préciser que la « spiritualité » des alchimistes de Spagyros, et la mienne avec, ne se limite pas à la relation nature/corps humain, mais que parler avec les plantes, chanter, et prier, sont évidemment d’un usage courant bien que discret. La pudeur et la pression de notre société matérialiste m’empêche de développer cette question ici.

    Paracelse uvres comple tes 5 volParacelse uvres comple tes page de garde

    Elixir du sue dois psychosophische gesellschaft Cette rencontre m’a évoquée mes visites à la Psychosophische Geselschaft de Stein (Appenzell), chez Anne-Marie Æschbach entre 1999 et 2006. Cette vénérable société mystique avait eu un laboratoire de spagyrie initié autrefois par Alexandre Von Bernus (Fondateur du Laboratoire Soluna -Allemagne, et gardien de la tradition R+C) et Frater Albertus (Albert Riedel, fondateur de la Paracelsius society, Salt Lake City, USA). Entre les Messes Gnostiques crowleyennes
    Elixir du Suédois produit par la Psychosophische Gesellschaft               Les œuvres complètes de Paracelse, dans la bibliothèque de Spagyros
    hebdomadaires et les rituels hermétiques/rosicruciens, les membres de la confrérie travaillaient au laboratoire spagyrique et à la station de recherche écologique dans les années 60’ à 80’. La sensibilité était un peu plus
    occultiste, et pourtant la proximité avec la nature et avec la santé restait majeure.

    Pendant mon activité au sein des Philosophes de la Nature (LPN), je me souviens d’un stage avec l’alchimiste suisse tessinois Augusto Pancaldi, le maitre de Manfred Junius, qui nous avait beaucoup parlé symbolisme alchimique universel, mais aussi spagyrie et élixirs médicinaux.

    Pre parations suhalia Entre les deux guerres, vers 1928, il y avait eu Suhalia, le laboratoire de Schwaller de Lubicz à St. Moritz (Grisons) et qui produisait des élixirs spagyriques, de l’homéopathie, et une liqueur spiritueuse spagyrique, la « Liqueur des 3 feux » fabriquée selon la vieille charte (Schwaller de Lubicz était un alchimiste qui avait participé à l’aventure Fulcanelli à la « belle époque » parisienne). Et bien d’autres encore qui ont participé à cette tradition de la médecine alchimique paracelsienne et de la proximité avec la nature.

    Liqueur 3 feux

    Aujourd’hui, l’autre producteur d’élixirs spagyriques très connu en Suisse romande est Heidak, qui travaille également avec une ferme particulière entièrement dédiée au laboratoire. Moi-même, je ne conçois pas de déconnecter mon travail de laboratoire de mes propres récoltes, même si je suis plus sensible au travail de la lumière (la materia prima alchimique) qu’à l’herboristerie à proprement parler.

    Pourquoi la situation est-elle différente en France? La raison vient de la politique menée par les pharmaciens qui commence avec la loi du 10 mars 1803 relative à l’exercice de la médecine par Napoléon et qui culminera sous l’état de Vichy en 1942 avec la création des ordres des médecins et des pharmaciens au détriment des droguistes, apothicaires, et bien sûr, des herboristes. Ces règlementations empêcheront la survivance des paysans-transformateurs-prescritpteurs de plantes médicinales. Le développement de l’industrie pharmaceutique qui préfère utiliser les médicaments artificiels qu’elle seule peut fabriquer achèvera les médecines naturelles et la multiplicité des pratiques.

    On peut quand-même rêver de l’existence de paysans-herboristes-naturopathes qui pourraient prescrire les préparations phyto ou spagyriques qu’ils auraient préparées avec leurs propres récoltes... C’est encore possible en Suisse sous certaines conditions, pour l’instant...

    Belles plantes alambic

    Ne perdons pas espoir : lorsque le dernier politicien sera mourru empoisonné par le dernier poison produit par le dernier labo pharmaceutique, les fleurs pourront recommencer à fleurir dans nos montagnes et nos vallées, nous expliquer où est le bonheur et comment soigner nos enfants... Ça reviendra !

    Merci à Patrick Baumann, et l’équipe de la ferme de Malmaison de Spagyros : Nelly, Christian, et Yannick pour l’accueil et l’échange de savoirs.

    Merci à Ijnuhbes pour les images du laboratoire de Schwaller de Lubicz (https:// www.youtube.com/watch?v=j38lPBaYfgg)