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  • Kabbale 1. : Dieu

    Kabbale I.

    I. Dieu Bereshit enluminure 2
    À l’origine de la Kabbale, il y a le judaïsme et la Torah. À l’origine du judaïsme, il y a la Torah. À l’origine de la Torah, il y a Dieu.
    Qu’est-ce que Dieu ? Dieu existe t-il ?
    Le créateur de l’existence de Dieu n’est pas dans la Torah : c’est Aristote. Pour Aristote, Dieu existe, il est Un, et il n’a pas de corps. Le Chéma Israël (Deut. VI. 4) reprend effectivement les deux premières propositions (« Ecoute Israël, YHVH notre Dieu, YHVH est Un »), mais ni moi ni la Torah ne craignons la contradiction et je préfère vous entrainer sur un autre terrain qui apparait plus prometteur dans ses conclusions.

    II. Au commencement
    Au commencement de la Torah, il y a « Bereshit » le récit de la création.
    C’est ici qu’il est tout d’abord question de Dieu. Un Dieu nommé Elohim (racine EL - Aleph - Lamed, au masculin pluriel - IM). Ce Dieu est créateur du ciel et de la terre et tout ce qui s’ensuit. (à ce propos, ici, l’homme est créé par Dieu qui en fait un être fini et non infini comme l’envisageait Aristote). Ce Dieu est unique, et sans forme, mais existe t-il ? Sa racine EL, ou AL, est composé de la première lettre, Aleph, qui est placée avant Bet, initiale du récit de la création de la Torah. Aleph semble donc pré-exister, et non pas appartenir au domaine de l’existence qui lui-même n’est pas encore (et apparaitra avec la seconde lettre : Bet)… Lamed qui suit, représente l’expansion dans le symbolisme kabbalistique. Son rôle ici semble être de permettre l’extension de cette énergie créatrice primordiale portée par Aleph.
    AL est donc l’énergie primordiale qui est à l’origine de la création, situé au-delà de l’existence. AL n’est pas encore. Elohim est donc le créateur par excellence, qui est à l’origine de la création, qui n’est pas lui-même du domaine de l’existence qui n’apparaitra qu’avec la création de l’existence.
    À ce stade, on peut dire que Dieu n’existe pas.
    Dieu, comme on peut le lire au cours de ce récit de la création (Gen. I. 1 à II. 3) semble ne faire que passer : il apparait pour créer, six jours. Le septième, il contemple satisfait son travail et, sans rien dire à personne ni demander quoique ce soit pour son travail, se repose. Le sujet est clôt.
    Une étude kabbalistique approfondie du texte pourrait nous apporter nombre de pistes de réflexions et de pratiques mais ce n’est pas l’objet maintenant et nous passerons directement à la suite du texte.

    III La vie
    Le texte qui suit (Gen. II. 4 à III. 24) décrit les conditions de vie dans le Jardin Délicieux (Gan Eden). C’est l’histoire d’Adam et Eve, du Serpent qui parle, du fruit défendu et de l’expulsion de nos aïeux hors du jardin par YHVH (Yahvé).
    On sait que ce texte n’a pas de rapports biblio-historiques avec le premier et qu’il utilise des éléments de la légende sumérienne de Enki et Inki (Enki restera connu dans la bible sous le nom de Marduk, c’est Mardochée, l’oncle d’Esther/Ishtar, qui est l'héroïne du livre biblique qui porte son nom). Dans ce second texte parfois curieusement appelé « second récit de la création » il n’est plus question de Elohim, Dieu créateur du ciel et de la terre, mais de YHVH Elohim, qui sera simplement nommé YHVH, l’Éternel, dans les textes suivants.
    YHVH, nom imprononçable ou plutôt, que l’on ne doit pas prononcer en vain (Ex. XX. 7), est assez correctement traduit par « Éternel ». Je ne sais pas s’il est vraiment éternel, mais je sais que l’on trouve le verbe « être » à la racine de son nom, ce qu’il rappellera à Moïse lors de leur première rencontre dans le désert. À cette occasion, YHVH se présente comme AHYH Asher AHYH, qui est traduit par « Je suis (celui qui) est » (Ex. III. 14). YHVH représente donc l’existence dans son intégralité. Contrairement à Elohim, YHVH existe bien, lui.
    Et nous nous trouvons en présence (si seulement !) de deux entités couramment associées qui, si l’on suit notre raisonnement basée sur l’étymologie de leurs noms, désignent des concepts totalement différents. En effet, Elohim est clairement le Dieu créateur de l’existence, et YHVH est cette existence. Le premier n’existe pas, le second incarne l’existence.
    Le premier est du genre tranquille qui ne semble pas avoir de but ou de mission, il créé presque par accident. En fait, sa nature (si j’ose parler de nature à son propos) se limite peut-être à cet acte simple dénué de toute ambition, jamais encombré de questions morales ou de besoin de donner un sens à sa création. C’est un pur créateur désintéressé. D’ailleurs, on pourrait bien ne plus jamais entendre parler de Elohim après ce récit inaugural de la création. Si on le retrouvera ici ou la dans le texte, c’est parce que la Bible est un patchwork de textes épars écrits par des auteurs d’époques, de lieux, et de qualités très diverses qui ont parfois bricolé avec les textes et les traditions pour nous laisser ce corpus passionnant mais quelque peu pétassé par endroits, et assez inégal dans le langage et dans la qualité…
    Le second en revanche est du genre à ne plus laisser personne tranquille : donner des ordres, faire des réprimandes, exiger, promettre ou reprendre sont ses principales occupations. Et c’est pourtant vers lui que se portent nos prières, c’est pour lui que nous gardons une discipline de vie, c’est lui qui occupe toutes nos pensées religieuses ou mystiques… C’est encore lui qui guidera Moïse et qui le rencontrera en face à face au Sinaï…
    À propos, quelle est la nature de cette fameuse rencontre ? Moïse rencontre l’Existence Elle-Même lors de sa retraite au Sinaï… Rencontre existentielle s’il en est, sans doute à mettre en relation avec le sentiment de fusion dans l’existence que fit Bouddha sous son figuier, à mettre en relation avec l’expérience d’éveil révélé à d’innombrables êtres souvent mystiques ou ascètes. Moïse, Être éveillé… Flatteur ou réducteur ? Ni l’un ni l’autre… Mais cette perspective est intéressante et encourageante car elle nous indique que l’élection de Moïse par « Dieu » n’est pas une expérience unique et réservée à l’Élu, un « Don de Dieu » pour reprendre une expression alchimique pleine de mystère. Non, cette expérience est une simple et merveilleuse expérience d’éveil à l’existence dans sa totalité, son unité. Le message de Moïse (la loi), est par contre coloré par la culture et le besoin de la société dans laquelle vivait le prophète, Bouddha aura la même qu’il exprimera différemment. Nous sommes redescendus dans le monde…

    IV. La fin
    Cette façon de distinguer les deux principaux protagonistes surhumains de la Torah entre Dieu, le créateur qui n’existe pas, et l’Existence qui règle la nôtre pour une suprême harmonie a plus d’un avantage.
    D’abord, elle nous permet de penser que nous pouvons faire l’expérience de Moïse, vous comme moi, comme d’autres qui l’ont déjà fait. La comparaison avec d’autres descriptions d’éveils nous permet d’avoir du recul et de mieux trouver notre chemin.
    Ensuite, elle permet de relire, voire de comprendre la Bible et la kabbale qui sont basées sur une confusion entre les deux noms. C’est une erreur qui vient de l’histoire de la composition de la bible, une erreur qui est à la base de la théorie de l’élection divine, de la théorie de l’après-vie &c…
    Cette distinction nous oblige à faire un peu de rangement, ce qui n’est pas facile… Dans la Kabbale par exemple, on trouve une théorie tardive qui nous explique que les terminaisons des noms des anges en EL évoquent la rigueur de Dieu, alors que les terminaisons en YH évoquent sa miséricorde. Non seulement entre les deux c’est plutôt Elohim le plus cool alors que YHVH est vraiment, disons… exigeant… mais surtout, on voit que l’on ne peut pas jouer à mettre l’une ou l’autre de ces terminaisons comme des attributs « divins », cela n’a plus de sens !
    Que faire lors de la pratique kabbalistique médiévale ou moderne qui utilise ce symbolisme ? Il faut simplement satisfaire à la tradition et au rituel. C’est un jeu de l’esprit. Mais il ne faut pas y croire, car « croire » est une notion absente dans le judaïsme et dans la kabbale (le philosophe Maïmonide a bien tenté d’introduire le concept de foi dans le judaïsme pour rapprocher celui-ci des autres religions monothéïsmes, mais sans trop de succès jusqu’au XX° siècle).

    Qui adorer ? Moïse et tout les prophètes adoraient YHVH, car la réalisation de l’existence, l’éveil à l’existence dans sa globalité est la suprême réalisation. À quoi sert Dieu ? Et bien si l’on en juge par son comportement assez simple (dans le récit de la création), il sert à nous donner l’existence, la vie, mais que peut-on en faire ?
    Il y a des textes de Kabbale pratique comme le Sepher Yetzirah qui nous propose des pistes de de travail sur l’énergie créatrice (Aleph) et les forces de l’univers. Mais c’est un autre sujet que je traiterai plus tard car pour l’heure, la leçon que je retiens du récit de Elohim, c’est la notion de Shabbat, le repos, concept fondamental que je vais imiter maintenant.

    Merci de m’avoir lu ! À bientôt !

    Matthieu Frécon Sarreyer, 27 novembre 2020.

  • Les Philosophes de la Nature (LPN) et le premier cours de spagyrie en français

    Les Philosophes de la Nature (LPN) et le premier cours de spagyrie en français

    L’alchimie en France avant LPN
    L’alchimie française de l’après-guerre fut certainement le royaume d’Eugène Canseliet, disciple unique et auto-proclamé de Fulcanelli, véritable personnage légendaire créé par E. Canseliet lui-même. Entouré du duo de choc Pauwels & Bergier (auteurs du best-seller « Le matin des magiciens »), ainsi que d’André Breton en quête d’un merveilleux local et de quelques autres, Eugène Canseliet a répondu à un besoin urgent de trouver une réponse aux questions que posaient le point de non-retour de notre civilisation technologique atteint un certain 6 août 1945 à Hiroshima. L’image de l’alchimiste sage, hors du temps, et pourtant à la pointe de la technologie nucléaire proposée par Canseliet dans son personnage de Fulcanelli permettait alors de croire en une issue possible de l’apocalypse nucléaire par un retour à la Tradition, teintée toutefois de raison et de science. Le Fulcanelli de Canseliet permettait le rêve et l’espoir et Canseliet était son prophète.
    Malheureusement, les adeptes de Canseliet avaient beau pomper, pas plus de Pierre Philosophale en vue que cosmogol 999 ! Il leur restait à écrire des livres abscons autant que possible, il leur restait à rêver, mais le vaisseau d’alchimie n’avançait plus…

    Jean Dubuis et LPN
    Jean Dubuis, personnage génial et charismatique, lui, avait trouvé une issue dans le travail du laboratoire alchimique dans sa fréquentation avec les milieux anglo-saxons, souvent portés sur le rosicrucianisme (Jean avait passé pas mal de temps à AMORC). Connaissant la Golden-dawn et Aleister Crowley, tout autant que la tradition alchimico-spagyrique rosicrucienne issue de Paracelse (Paracelse, d’après les écrits fondateurs rosicruciens fut une influence majeure du mouvement au XVII° siècle).
    Jean travaillait donc à la spagyrie et aux voies pratiques de ce courant anglo-saxon des Von Bernus et autres Albertus que Canseliet ignorait superbement.
    En 1979, pour fêter sa retraite de cadre de d'IBM, Jean fonde avec quelques amis l’association « Les Philosophes de la Nature ». L’association propose des cours par correspondance dans les domaines de la kabbale et de l’alchimie végétale et minérale, ce qui est assez novateur. L’influence anglo-saxonne est manifeste et offre une alternative à l’occultisme français vieillissant de l’époque, en l’occurence Canseliet pour ce qui est de l’alchimie.
    Le cours de Kabbale dispense un enseignement très pédagogique inspiré d’un surgeon de l’Ordre Hermétique de l’Aube Dorée (Golden-Dawn) et commence par offrir la première traduction du petit rituel du pentagramme, que tout le monde connait aujourd’hui dans ce domaine.
    Le cours d’alchimie commence avec une formation préliminaire de deux ans d’alchimie végétale, ou spagyrie. l’alchimie végétale apparait comme une voie préparatoire à la voie minérale, et laisse quand-même entrevoir quelques perspectives dans le domaine de la santé.
    Le cours d’alchimie minérale qui suit est assez brouillon, ce qui s’explique par le fait que ni Jean ni personne dans l’association ne prétendait maitriser le sujet, on était entre étudiants, les uns avec un peu d’avance sur les autres, sans autre prétention…
    Ces cours ont été écrit par plusieurs membres de l’association, chacun spécialiste dans son domaine.
    Jean a lui-même composé un programme original pour aborder l’ésotérisme d’une façon appropriée aux membres de l’association : le « cours d’ésotérisme général ».

    Ces cours ont offert une véritable alternative salutaire au courant dominant la scène alchimique à l’époque dont j’ai parlé plus haut. Pour la Kabbale, le cours de LPN a tout simplement permis de sortir de la tradition de Papus & consorts qui, il faut bien le reconnaitre, n’offrait plus grand chose non plus…
    J'ai suivi ces cours de 1984 à la fin de l'aventure en 1993 avec beaucoup d'enthousiasme. Ce fut une très belle période, très formatrice.

    Et puis, les choses et les gens, allant et venant, vieillissants ou reniants, l’association a dépéri, laissant à Jean le temps de refaire carrière outre-atlantique sous une autre étiquette, ce qui n’est pas le sujet aujourd’hui…

    Quoiqu’il en soit, une nouvelle association crée pour perpétrer la mémoire de l’enseignement de LPN a refondu les cours pour les proposer sur Internet : voyez le site http://www.portaelucis.fr/html/porte1.htm .

    Pour ceux qui préfèrent se reporter aux cours originaux, avec leur petit goût seventies inimitable, j’ai publié sur un autre site tous les cours ainsi que les journaux de l’association (le « Petit Philosophe de la Nature »). Ils sont donnés en PDF et vous pouvez les télécharger depuis ce site : http://www.gouttelettes-de-rosee.ch/pages/lpn.html .

    Pour plus de facilité, je vais essayer de les mettre sur ce site, mais en attendant, reste « Les Gouttelettes de Rosée ».

    Vous trouverez le cours de « spagirie » (sic) qui est une référence incontournable dans le domaine, bien que les choses aient beaucoup évolué depuis sa publication. Mais si les choses ont beaucoup évolué, LPN y est peut-être pour beaucoup !

    Et Hiroshima là dedans ?
    À l’époque de LPN et dans le milieu mystique, la conception générale du monde et de l’homme restait plutôt créationniste. C’est à dire que l’on considérait que l’homme était supérieur au reste de la création et que l’initiation prenait la forme d’une élection divine. Pour faire simple, l’élu quittait alors le monde pour aller retrouver Dieu.
    Il faudra attendre le développement de l’écologie (autre nécessité après Hiroshima) pour retrouver un sens naturel à « l’initiation ». Aujourd’hui, il est devenu presque commun de concevoir l’éveil de l’homme comme une retrouvaille avec la nature, une fusion dans l’existence, et non une extraction vers un au-delà…
    LPN n’a probablement pas joué directement un rôle dans cette nouvelle conception de la réalisation spirituelle comme étant un retour dans l’Eden du monde, mais il est possible que l’association et son intérêt pour l’alchimie végétale, la spagyrie, ait insensiblement contribué au développement des médecines naturelles végétales (Herboristerie, phytothérapie…) parmi lesquelles la spagyrie tient une place non négligeable. Ce retour aux médecines naturelles, avec le retour des sorcières, le retour à l’expérience végétale… a lui-même permis ce mouvement naturel d’une mystique plus naturelle, plus intégrée dans le cycle de la vie.

    Et Fulcanelli ? Mort ?
    Je tenterai un autre jour un commentaire sur ce merveilleux corpus alchimique français de la belle époque. En tout cas, soyez rassurés, mon introduction sur Canseliet ne voulait aucunement bousculer l’(es) auteur(s) de la plus belle encyclopédie alchimique classique que sont « Le Mystère des Cathédrales » et « Les Demeures Philosophales » (auteurs multiples et inconnus)…

    Les cours et journaux de LPN (publications originales) : http://www.gouttelettes-de-rosee.ch/pages/lpn.html


    Matthieu Frécon, Sarreyer, 25 Novembre 2020

    ps. Tout ça juste pour donner le lien vers les cours originaux de LPN…

  • L'Alchimie et les traditions locales (retour de la Réunion)…

    L'Alchimie et les traditions locales…
    Monde végétal…

    Je reviens d’un séjour de 3 semaines sur l’île de la Réunion. J’y ai donné des stages de spagyrie, de distillation, et Kabbale. J’ai eu l’occasion de voir et goûter fruits, herbes &c… esprits locaux…

    Devenir alchimiste à la Réunion porte à réfléchir sur certains points, bouscule certaines habitudes… Par exemple, dans la tradition alchimique occidentale il est convenu que le seul produit de la vigne donne un « Mercure » spagyrique de qualité. Il est vrai que la vigne et l’alchimie sont arrivées ensembles de la même région méditerranéenne et leurs histoires sont très liées sur tous les plans. De plus l’esprit-de-vin est réellement un alcool d’excellente qualité et très pratique pour les extractions alcooliques ou acétiques (le vinaigre est un alcool oxydé, donc un peu plus décomposé). Mais à la Réunion, du vin, il n’y en a pas. Alors est-ce qu’il faut l’importer pour sacrifier à l’autel de la Tradition où est-ce qu’il faut chercher à réinventer l’alchimie pour l’adapter aux nouvelles conditions d’existences locales ?

    C’est une question intéressante que de mettre en perspective le but et les principes de l’alchimie d’une part, et les pratiques qui en découlent selon le contexte socio-culturel, géographique &c… d’autre part.

    Le mystère du vin, en alchimie comme à la messe, est lié au mystère de la vie et de la mort. La mort étant considérée comme un processus de transformation de la vie, une étape. La fermentation alcoolique et sa distillation est l’une, mais non la seule, des possibilités pratiques pour extraire et conserver la vie dans le règne végétal.
    J’ai autrefois connu un spagyriste lorrain qui, sans complexes, utilisait à la saison son laboratoire alchimique pour se faire quelques litres d’eau-de-vie de mirabelles. Il utilisait également sans complexes son esprit préféré pour ses travaux spagyriques (l’esprit de vin était alors remplacé par l’esprit de mirabelles). Les principe étaient respectés, son goût personnel aussi, et ses élixirs personnels étaient bien faits.
    Pour revenir à la Réunion, qui n’a rien à envier à la Lorraine en matière de fruits bien sucrés, l’alcool dominant sur place est évidemment le Rhum. Utiliser du rhum industriel pour nos préparations locales n’a pas tellement de sens d’autant qu’il est facile de mettre en fermentation et distiller soi-même du jus de canne à sucre (bio) et que les produits fait soi-même ont toujours infiniment plus de valeur que les produits du commerce (clin d’œil taquin pour les utilisateurs de carbonate de potassium industriel). L’esprit obtenu est de bonne qualité pour l’alchimie et facile à fabriquer. La canne est une belle plante, exubérante, généreuse…
    Je suis sûr que Sigismund Bacstrom, médecin alchimiste rosicrucien du XVIII° siècle qui a séjourné à la Réunion aura précédé notre chère Viviane le Moullec dans l’utilisation du Rhum pour ses élixirs « péïs » (« locaux » en créole).

    Pour continuer encore un peu sur ce sujet du choix de l’alcool. Il est traditionnellement convenu que l’esprit de vin est un mercure « universel » dans le règne végétal. Alors, je  reconnais à l’alcool de vin de belles qualités qui sont : facilité d’accès et de fabrication, un goût agréable et souple qui s’adapte bien aux travaux de teinture sans laisser trop d’emprunte au niveau gustatif, légèreté de goût et d’ivresse (pas pâteux ou gras comme un alcool de grain - bière par ex. - ou de pomme de terre qui sont à base d’amidon et non de fructose). De plus culturellement, le vin est un symbole très ancré qui relie l’image biblique (le christ utilisant le vin ou le vinaigre, dans le Cantique des cantiques &c…) à toutes les tables d’Europe. Au niveau santé, le vin rouge est encore un excellent remède pour prévenir du cholestérol, antioxydant &c… Mais à part ça, quand on parle d’universalité de l’esprit-de-vin comme mercure spagyrique végétal il est fait référence à la théorie paracelsienne des signatures. Il se trouve que parmi les domaines de recherches qui ont fait évoluer la spagyrie et l’alchimie ces dernières décennies, la théorie des signatures n’a pas progressé et il serait temps d’y réfléchir pour mieux comprendre ce concept et vérifier les attributions traditionnelles. Sans refuser purement et simplement le caractère universel de l’esprit-de-vin, je préfère attendre que la connaissance ait avancé dans ce domaine pour juger de l’opportunité d’en faire un usage aveugle. Je remets en question cette notion de théorie des signatures pour y réfléchir et la éventuellement la faire évoluer.
    En attendant, je ne peut pas repousser l’idée que l’esprit de canne est sans doute un excellent support de la vie végétale à la Réunion et j’encourage les alchimistes réunionnais à couper la canne à la saison.

    Il y a d’autres aspects de l’alchimie traditionnels qui sont encore sujets de réflexions. Ainsi le rythme annuel avec 4 saisons qui lie l’activité alchimique à l’agriculture en Europe n’existe pas sous les tropiques. En effet, le rythme annuel de croissance des végétaux est atténué par la latitude tropicale et par l’activité  permanente du volcan qui dynamise sensiblement la vitalité générale des habitants, végétaux et animaux. De plus, l’île de la Réunion est jeune (2 ou millions d’années, l’enfance de l’île…), ce qui augmente encore sa vitalité et son énergie. De même, le système symbolique astrologique qui soutient notre calendrier hermétique, et son développement par Rudolf Steiner (biodynamie) sont peut-être sources de réflexions et d’adaptation à cette île tropicale de l’hémisphère sud.

    D’ailleurs cette activité volcanique est un sujet d’étude alchimique complexe qui devrait suggérer de nouvelles voies, de nouvelles philosophies et pratiques. Pour les spécialistes de l’alchimie minérale, le sous-sol est très pauvre, mais le feu est tellement présent que l’alchimiste ne peut que s’y sentir chez lui…

    Si le sol et les minéraux sont pauvres, il n’en n’est pas de même avec le monde végétal. La vitalité et l’organisation du biotope sont remarquables et sujet d’observations originales de la nature. Sur un plan plus classique, la flore est évidemment différente de la nôtre et de nouvelles gammes d’élixirs végétaux sont à inventer. Il n’est pas certain que la base de phytothérapie et d’herboristerie classique telles qu’elles se sont développées en occident soient la meilleure piste à suivre. Il est peut-être intéressant d’inventer une nouvelle « matière médicale » spagyrique locale inspirée d’une relecture originale de la nature comme Hahnemann l’a fait en son temps sans s’aider de la matière classique de son époque, et comme Bach le fera après Hahnemann sur des bases encore originales.
    J’en profite pour rappeler que la spagyrie et plus encore l’alchimie sont basées sur une philosophie de la nature unitaire. L’alchimiste a une conception unitaire de la nature et cherche la médecine universelle (unique donc). Dans la mesure où il utilise les vertus (le caractère, le « soufre spagyrique ») des plantes, il travaille avec un mélange de ce caractère universel de l’existence et le caractère particulier de chaque être (les plantes). La spagyrie a peut-être parfois trop flirté avec la conception de la nature des herboristes qui la considère dans sa multiplicité. Sans prétendre a une supériorité de l’une ou de l’autre conception de la nature, il faut quand-même reconnaitre leurs spécificités réciproques pour mieux se positionner, selon sa conception personnelle des choses.
    Pour résumer cette question, se promener dans ce paradis végétal puissant tel un Robinson sur ne nouvelle île est une opportunité de réinventer sa conception de l’organisation de la nature, et de réinventer le sens de la vie pour inventer une nouvelle médecine spagyrique.

    Un autre élément qui saute aux yeux de l’alchimiste est la lumière et le fait que l’océan soit toujours plus ou moins en vue. Il est évident que les voies alchimiques qui utilisent la lumière solaire, particulièrement quand elle est réfléchie sur l’océan sont à privilégier. Je pense évidemment aux voies développées par Stéphane Barillet qui a d’ailleurs choisi d’habiter un temps sur ces îles tropicales.
    Sur l’île de la Réunion, on peut penser aux calcinations solaires dont la technique remonte aux déserts du moyen-orient dans l’antiquité (Ezéchiel). Mais on peut aussi penser aux travaux sur le sel de mer et sur la flore et la faune marines (attention aux requins quand-même !).

    Bref, moi qui habite quand-même au pays de Paracelse, j’ai un peu de nostalgie en pensant à un laboratoire dans la forêt tropicale réunionaise, face à l’océan et ses soleils couchants… ça me plairait bien de réinventer l’alchimie, de réinventer la vie en sirotant un verre de « Pierre de canne (1)»…

    Matthieu Frécon, Sarreyer, mars 2020.

    Le labo 1

    (1) Version « péïs » de ma « Pierre de Vin », qui est un élixir alchimique pour l’entretien de la santé.

  • Le principe Mercure

    Le principe Mercure

    La monade he roglyphique john dee

    En Spagyrie, le Mercure est l’un des trois principes qui constituent l’être avec lequel nous travaillons, une plante le plus souvent. Les deux autres principes sont le Soufre et le Sel.
    Le Mercure a une place privilégiée en Spagyrie puisqu’il représente le principe de Vie, la vie qui est à l’origine de l’existence et qui est, finalement la raison d’être de l’alchimie toute entière.
    Une petite remarque s’impose déjà : je parle bien ici des trois principes définis par la spagyrie, et non par d’autres voies alchimiques plus anciennes, d’autres façons de concevoir ces principes. Je m’expliquerai un peu plus en fin d’article.

    Tout d’abord, le symbole de Mercure.
    Mercure est l’équivalent romain de l’Hermès grec, et du Thôt égyptien. Hermès est quelque part le Saint Patron de toute l’Alchimie. Auteur légendaire de la Table d’Émeraude qui est l’un des textes fondateur de l’alchimie et qui fait le consensus général dans toute la tradition, et père de la tradition hermétique dans laquelle s’intègre l’alchimie depuis la renaissance. Mercure est aussi un dieu plein de paradoxes : il est le messager des dieux, avocat des menteurs, des voleurs… il vole dans les deux sens du terme, il parle toute les langues et reste « hermétique », incompréhensible…
    En tant que distillateur de spiritueux, j’ai une affection toute particulière pour cet esprit joueur, peu viril et presqu’un enfant qui sait quand-même prendre à l’occasion la place de Mars ou de Pluton dans la couche de Vénus (Vénus est alors représentée par le cuivre de mes alambics). Le Mercure-esprit en tant que spiritueux est fixe puisqu’il se conserve. Il capte et retient les âmes (c-à-d les Soufres : les principes des plantes, leurs odeurs, leurs couleurs, leurs vertus…). Il reste toutefois volatil et, distillé, les emmène dans ses vapeurs invisibles…
    Mercure, dieu de la médecine sait produire des esprits, des alcools qui sont tout à la fois des poisons et des remèdes, parfois poisons pour le corps du buveur et remèdes pour son âme, parfois le contraire… Il est encore à la base de la parfumerie, qui est profonde comme une antique médecine du corps et de l’âme peut l’être, et superficielle comme l’est la cosmétique de notre époque…

    Mais en Spagyrie, il représente la Vie de la plante, ou la Vie dans l’élixir. On le capte lorsque la vie de la plante s’en va. Ce moment fragile de l’existence qui signe l’arrivée - la naissance, ou le départ - la mort, de l’être dans « cette vie ». C’est en travaillant sur le processus de décomposition, de putréfaction, ou de fermentation, que l’on capture et que l’on fixe ce messager de la Vie. Fermentation d’abord qui met en mouvement et en évidence notre vie, puis distillation pour la fixer ensuite s’il s’agit de fermentation alcoolique. La fermentation est connue pour être la clé qui ouvre le mystère alchimique de la vie.
    Une fois enfermé dans son flacon, Mercure saura retenir la vie environnante, par exemple la vie des plantes qui y sont mises en macération. La teinture obtenue sera fixe, son énergie sera conservée.

    En dehors de l’aspect fermentation, on peut dire qu’un Mercure est une matière qui capte, fixe, et conserve la vie. L’alcool est le Mercure le plus utilisé par les alchimistes/spagyristes, mais il y en a d’autres : le vinaigre, qui est un alcool oxydé (un peu plus décomposé) fonctionne aussi. L’éther, qui est fabriqué en versant un acide sur une vapeur d’alcool fait aussi partie de cette catégorie (je déconseille l’expérience…). Plus éloigné, mais qui répond aux mêmes critères, l’ammoniaque qui est le fruit de la fermentation des animaux est un Mercure animal. L’ammoniaque est très actif sur le cerveau reptilien, le cerveau alaimbique ;-) … Il résonne profondément en nous, mais reste quelque peu toxique ! Un ammoniaque très finement distillé a une odeur qui touche au sublime et nous fait appréhender le mystère de la vie animale. Je déconseille toutefois une étude trop approfondie de cette matière un peu forte pour notre cerveau fragile… Encore plus loin, pourrait-on considérer le sel, je parle maintenant du sel de mer, comme un Mercure ? En effet, si le sel n’est peut-être pas le fruit d’une fermentation (processus de décomposition au moment de la mort), il est peut-être le fruit d’un processus de création (naissance) puisque l’on considère aujourd’hui que c’est dans les eaux saumâtres qu’apparait la vie dans son état le plus primitif ? Toujours est-il que le sel de mer possède lui aussi la vertu de capter et de conserver la vie. Enfin, le sel de mer permet une fermentation des végétaux que l’on commence à découvrir : la lacto-fermentation (sauf en Alsace où l’on sait depuis toujours que l’on ne peut pas vivre sans choucroute). Pour conclure avec le sel de mer, je précise que lorsque Paracelse parle du Sel (principe Sel), la plupart du temps il parle du sel de mer, ou du sel gemme que l’on trouve dans les mines de son beau pays, c’est la même chose.

    Voici pour le principe Mercure en Spagyrie, le principe de la vie, du mouvement, du paradoxe… Le principe par excellence. Le principe chanté par Rabelais et sa Dive Bouteille aussi. Le principe qui trinque (« Santé ! »)…

    °°°°°°°°°°

    Mais pas seulement…
    Pour conclure en ôtant toute ambiguïté avec cette question épineuse des principes il me faut revenir sur cette question de polysémie des principes alchimiques.
    En effet, l’alchimie la plus traditionnelle connait deux principes : le Soufre et le Mercure qui ne correspondent pas du tout aux trois principes paracelsiens que j’ai présentés dans le cadre de la spagyrie.
    Soufre et Mercure, dans ce cas, sont les deux polarités de l’ensemble primordial. Il s’agit du couple créateur-créature (création). Ce sont les pôles positif et négatif, l’actif qui engendre l’existence, et l’existence dans son ensemble. C’est encore l’énergie qui féconde, et la matière qui est fécondée. Enfin, dans l’imagerie alchimique, c’est le Roi et la Reine, le Soufre solaire et le Mercure lunaire.
    Dans ce système symbolique, votre matière prête à être fécondée par le Feu Secret est un Mercure. Ce Mercure peut avoir un aspect salin, pourquoi pas ? ou toute autre apparence. Il reste que c’est, sur le plan de sa fonction, un Mercure. Ce Mercure sera fécondé par le Soufre solaire, sous l’aspect d’une huile dans certaines voies métalliques humides, ou de rayons lumineux pour les voies sèches… Peu importe, cette énergie a pour fonction de féconder le Mercure et de le transformer en Pierre Philosophale.
    Ici, dans ce symbolisme binaire, c’est le Soufre qui apporte la Vie et le Mercure qui la reçoit et la développe.

    Pourquoi ce Mercure porte-il ce nom ? C’est probablement en relation avec la voie du cinabre. C’est une voie ancienne qui travaille avec le cinabre qui est un minerai de mercure. De même, le Soufre est aussi en relation avec certains travaux qui utilisent le soufre natif. Des fois, en alchimie, les choses sont plus simples que l’on croit…

    Les deux systèmes symboliques sont incompatibles, insolubles. Il faut savoir lequel est utilisé lorsque l’on lit le mot Mercure ou le mot Soufre pour savoir de quoi il s’agit. Avec cette clé, il vous sera facile de comprendre ce que sont, ou ce que peuvent être les principes alchimiques.

    Matthieu Frécon, Sarreyer, juillet 2019

     

  • L'Or des alchimistes

    L’Or des alchimistes
    Or

    Lorsque l’on parle d’alchimie, l’or est la matière la plus citée. L’apparition du métal précieux, au sens propre comme à l’imagé, signe la consécration de l’alchimiste. la transmutation d’un métal en or est encore aujourd’hui considérée comme l’aboutissement de l’œuvre et la preuve irréfutable de l’adeptat.
    Si aujourd’hui l’on admet en général l’existence d’une alchimie spirituelle, non matérielle ou non matérialiste, ou encore l’existence d’une alchimie orientée vers une médecine pour l’homme destinée à sa santé ou sa réalisation spirituelle, l’or est alors considéré, par extension, comme un symbole de perfection. Le fait que le métal solaire ait longtemps été l’étalon de la fortune a évidemment contribué à sa réputation, et son incorruptibilité en fait une référence spirituelle et une valeur sure.

    L’alchimie est un domaine de connaissance des plus mystérieux et des plus malléables. Dans ce domaine, il semble que tout soit possible, et surtout tout et son contraire… Les sages sont aussi des escrocs et les escrocs des sages (Edward Kelly, Cagliostro, et pourquoi pas Patrick Burensteinas ?…). Les recettes les plus farfelues sont des allégories et en même temps sont clairement des recettes de cuisines dont le détail des fabrications est explicitement décrit. Les matières décrites suggèrent des principes cachés (Sel, Soufre, Mercure) quand dans le même temps ils parlent parfois des matières communes sans la moindre allégorie (quand Paracelse parle du Sel, il parle la plupart du temps du sel commun utilisé en cuisine, le Soufre désigne du soufre physique dans certaines voies, et il en est de même pour le mercure, - le cinabre -) &c… Un exemple frappant est le symbole de la piraterie qui est composé de deux tibias croisés surmontés d’un crâne.
    Tibias
    Tel alchimiste comprendra que les tibias représentent la stibine (stibia), c’est à dire le fameux antimoine, quand d’autres comprendront que les « tibias » désignent tout simplement les ossements chers à Ezéchiel et à Nicolas Flamel. Le plus merveilleux là-dedans est que tibias et stibia sont bien des matières premières que les alchimistes travaillent l’une comme l’autre et de plus, qu’ils travaillent parfois de la même façon (décrite en détail d’abord par Ezéchiel et enfin par Stéphane Barillet dans son « Grand Œuvre Alchimique ») ! La calcination solaire des ossements donne alors une médecine pour l’homme quand celle de l’antimoine (purifié sous la forme de régule) donne une médecine métallique destinée à la transmutation.
    Soit dit en passant, c’est ce travail, dans sa version ossements en tous cas, qui est décrite dans l’allégorie de l’Arbre sec qui reverdit avec l’aboutissement du travail. Cet arbre mort désigne encore les os par le truchement d’un jeu de mot en hébreu puisque dans la langue d’Ezéchiel Os se dit « Etsimoth » soit Arbre (Etz) mort (Moth).

    La grande énigme de l’alchimie, celle qui excite la curiosité et laisse en arrêt bien des alchimistes sur les starting-blocks (et sans que jamais ils ne démarrent sur la voie…) est la question de la Materia Prima, la Matière Première.
    Matière Première est souvent entendue comme la matière avec laquelle l’alchimiste commencera son travail comme la farine serait la matière première du boulanger ou le raisin celle du vigneron. En réalité, il faut entendre « première » comme celle qui est à l’origine (or-est-gène) de l’existence.
    C’est là que les pièces du puzzle de mon exposé s’assemblent : la matière première, celle qui est à l’origine de l’existence est, pour les alchimistes, la lumière « que l’on a en permanence sous les yeux sans cependant la voir » (Fulcanelli), la lumière solaire. Or, cette lumière se dit en hébreu « Aur » (« et Dieu dit « Que la lumière - Aur - soit, et la lumière - Aur - fût » Gen. 1.4). Voici l’Or des alchimistes, et voici leur matière première. Ce n’est pas la place ici de faire une interprétation kabbalistique du mot Aur (Aleph, Vav, Resh) qui confirmerait ce sens d’énergie primordiale et solaire, mais il est confondant de voir à quel point il prend en Kabbalah le sens de l’or-matière première des alchimistes.
    Et la transmutation ? et bien, comme je l’ai souligné plus haut, tout semble possible en alchimie, tout et son contraire, et si la transmutation est une allégorie qui désigne la transmutation d’une matière en lumière, ou dans une moindre mesure l’ajout de lumière dans une matière, il semble qu’elle soit aussi une réalité au sens stricte, de nombreux témoignages l’attestent, mais je n’ai pas de photos à vous montrer pour confirmer la chose…

     Pour terminer sur une note réaliste et encourageante, contrairement à l’or de nos trésors, Aur, la lumière n’est pas incorruptible puisque c’est elle qui se condense pour former notre monde mortel, mais encore, contrairement à l’or de nos banquiers elle est gratuite et se donne à qui prend la peine de la recueillir, de la fixer, et de la rendre assimilable, comme l’est la Pierre des Philosophes…
    C’est sur cette note, cet encouragement à aborder la pratique alchimique que je vous laisse la préparation d’une petite merveille de l’alchimie. C’est un petit élixir qui contient tous les principes de cette voie des ossements, qui contient toute la méthode pour concentrer et fixer la lumière et l’absorber sans danger mais avec un bénéfice tout à fait réel malgré la discrétion des effets (c’est d’ailleurs aussi bien comme ça : la transformation intérieure est rarement une partie de plaisir…). C’est « L’Elixir solaire » que Stéphane Barillet avait publié dans le matériel offert quand il faisait la promotion de son premier cours « Le Grand Œuvre Alchimique ».
    Cet élixir se prépare quand on en a l’occasion, chaque jour si c’est possible. Il est susceptible de développements extraordinaires, mais c’est sous cette forme simple qu’il offre le plus bel exemple que je connaisse dans le travail alchimique d’équilibre entre douceur et efficacité.

    http://www.atelier-spagyrie.ch/pages/ressources-et-documents/l-elixir-solaire-de-stephane-barillet.html

    Matthieu Frécon, Sarreyer, juillet 2019

  • Wild Rose

    Elixir floral d’églantier


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    L’églantier, Rosa Canina, donne l’élixir floral créé et appelé par le Dr. Edward Bach « Wild Rose ». Il apparait redonner le goût à la vie.
    Très facile à faire soi-même, les élixirs floraux du Dr. Bach sont une excellente approche vers l’auto-médication, « Soigne-toi toi-même » est d’ailleurs le sous-titre de son ouvrage « La Guérison par les fleurs » qui décrit cette médecine dans ses principes, ses procédés de fabrication, et sa matière médicale (les 38 fleurs).

    Cet élixir d’églantier a été fabriqué selon ces préceptes très simples, mais dans un environnement protégé et réalisé avec soin. Les fleurs sont cueillies au moment de la fabrication, sur place. L’eau vient d’une source voisine, également recueillie sur le moment. Les fleurs délicatement déposées à la surface de l’eau sont exposées 4 heures au plein soleil, dans un ciel sans nuages. L’élixir est ensuite fixé dans de l’alcool de vin (vin bio et nature) distillé par nos soins dans des alambics en cuivres, chauffés au bois et conservés dans des fûts de chêne sans aucun ajout (les cognacs sont habituellement édulcorés et colorés). L’ajout d’alcool est calculé pour donner un élixir qui titre 20 % d’alcool, ce qui permet la conservation. L’élixir est enfin dilué selon la méthode homéopathique (Bach était un médecin homéopathe) au 240ème, ainsi qu’il semble que Bach le préconisait.


    Maceration 3 petitLa source

    Quelledifférence y a t-il entre cet élixir et l’élixir floral de Rose également proposé par Edelweiss Distillerie ?


    Elixir Floral Rose

    L’Élixir floral de Rose est fait avec une rosa Gallica que je cultive (bio). La rose est plongé dans l’eau, attachée par une ficelle, puis libérée après l’exposition. C’est un procédé que l’on utilise notamment pour les fleurs protégés et rares (c’est comme cela que je ferai mon élixir d’Edelweiss sauvage cet été). L’eau utilisée pour la macération est une eau de rose distillée par mes soins dans la même plantation. L’alcool utilisé est aussi un alcool de rose que je fabrique et distille sur place, l’année précédente.
    Cet élixir est donc plus éloigné de la façon originale du Docteur Bach qui préconisait avant tout la simplicité. J’ai développé ce travail à partir des travaux du Dr. Bach dans le cadre de mon travail de recherche sur la Rose, en ayant bien conscience qu’il s’agit d’un développement et non de la méthode originale pour laquelle j’ai une grande estime. Cet élixir de Rose est apprécié par son odeur et son goût de rose qui le rend très agréable et permet une profonde détente.

    L’Élixir floral de Wild Rose reste conforme à la méthode préconisée par Edward Bach qui le conseille pour ceux qui, résignés, ont besoin de retrouver le goût de la vie.

    Comment faire ses élixirs floraux ? voyez cet article : http://www.devenir-distillateur.com/blog/alchimie-medecines-naturelles/c-est-le-printemps-la-saison-pour-faire-ses-elixirs-floraux.html ainsi que : http://www.devenir-distillateur.com/blog/alchimie-medecines-naturelles/elixir-floral-de-rose.html

     

     

  • Capturer l’Esprit Vital, une application en cosmétiques

    Capturer l’Esprit Vital, une application en cosmétiques

    Lors de mes formations de spagyrie, j’ai l’habitude d’encourager les participants à s’approprier la philosophie et les techniques présentées pour les intégrer à leurs centres d’intérêts ou à leur activités professionnels. Les fabricants de cosmétiques sont les premiers à voir l’intérêt de la spagyrie dans le cadre de leur branche. C’est cette idée que je veux développer maintenant. Les baumes

    En alchimie, comme en magie ou en sorcellerie, tout autant que dans les domaines de la santé ou du bien-être, la notion d’Esprit Vital est la même. C’est un point commun entre Paracelse et Hahnemann qui emploieront des procédés proches pour atteindre le même résultat dans des domaines au départ différents. C’est ce qui réunit l’alchimiste avec le paysan biodynamiste, l’un pour ses élixirs, l’autres pour ses légumes…
    À la veille de la première pleine lune de ce printemps, au moment ou les spagyristes se préparent à la récolte de cet Esprit par la récolte de la rosée, et où les sorciers préparent leurs talismans ou leurs breuvages chamaniques, je vous propose de mettre en œuvre ces mêmes principes pour la confection d’un baume.

    Un baume, c’est un mélange de cire d’abeille et d’huiles végétales chargées des extraits des plantes qui y auront macérées. On y rajoute souvent des teintures alcooliques de plantes, et des huiles essentielles. Tous ces ingrédients ne sont pas toujours nécessaires, et l’on peut au contraire enrichir encore la composition, mais cette liste est grosso modo la base de la composition d’un baume.
    Ce n’est pas ici mon propos que de faire un cours sur la fabrication des baumes, et je n’en serais d’ailleurs pas capable, il ne s’agit que de donner un exemple que vous pourrez développer à souhait…

    Dans la fabrication de votre baume, la première opération consiste dans la fonte de la cire d’abeille. C’est le point qui nous intéresse.

    La cire est connu en talisman pour être un support d’énergie Vitale, ou énergie astrale. C’est « l’Aimant » par excellence dans le règne animal qui, sans être végan, ne nécessite heureusement pas de sacrifice (comme pourrait l’être le sang). Une figure talismanique pourra être gravée dans la cire d’abeille, ou la feuille inscrite pourra être imbibée de cire. De même, une bougie de cire chargée de symboles &c…
    De plus, il est notoire que c’est dans la matière à l’état liquide que les influences astrales se fixeront. Il est donc d’usage de faire, de fondre, le talisman ou la bougie au moment adéquat. Autrement dit, de procéder à l’étape de fonte de la cire à ce moment.
    La cire refroidie et durcie saura conserver l’énergie ainsi acquise pendant le moment d’ouverture à l’état liquide.

    Je ne vous propose pas de fabriquer votre baume à un moment précis au niveau astrologique, planétaire, je vous laisse étudier la question avec des spécialistes tels que mon ami Vincent Lauvergne par exemple qui est beaucoup plus compétent que moi dans cette matière. Mon domaine étant l’alchimie, je me bornerai à utiliser une pratique courante dans le cycle annuel du travail alchimique : la récolte de l’Esprit Vital contenu dans la rosée par la déliquescence obtenue par exposition aux pleines lunes de printemps. Ce travail se fait avec un aimant minéral : le sel (sel de cuisine ou sel végétal de calcination). Ce travail est détaillé dans cet article : http://www.atelier-spagyrie.ch/blog/spagyrie-medecines-alchimiques/le-travail-de-la-rosee.html auquel je vous invite à vous reporter.
    Ici, vous l’aurez compris, il sera question de faire fondre la cire d’abeille sous les rayons de la pleine lune (de printemps de préférence), et d’imbiber doucement les ingrédients tels que les huiles végétales, teintures mères, et huiles essentielles. Le refroidissement pourra se faire à la faveur de la nuit si l’on ne craint pas trop l’humidité (pour votre baume, pas pour vos rhumatismes !). Votre baume sera ainsi chargé de l’Esprit Vital transmit par l’humidité lunaire…
    Libre à vous de profiter de ce moment de travail intime pour y imprimer votre propre esprit : méditation, prière, simple présence, tout est bon… Alchimiste vous pouvez aussi ajouter vos procédés habituels (les « feux secrets ») tels que champ magnétique (aimants), miroirs &c… Sorciers ou ecclésiastiques (c’est une vraie fête ce soir : il y en a pour tous !), profitez de la technique pour faire de ce baume un onguent ou une huile d’onction ! le procédé reste valide et éprouvé. Un onguent est un genre de baume qui remplace parfois la cire d’abeille et/ou les huiles végétales par une graisse animale, en général du saindoux. Votre baume préparé avec une plus grande proportion d’huiles sera plus onctueux et fera fonction d’huile d’onction (thérapeutique ou rituelle).

    Voici une recette simple de baume : Les ingredients
    (en poids) Cire : 10 % (entre 8 et 15 %). Huiles végétales 90 %
    On peut ajouter 1 % d’huiles essentielles et 5 % de teintures-mères (la proportion de cire reste identique, c’est l’huile végétale qui cède son poids).

    Les huiles végétales sont des huiles d’olive, de tournesol, de chanvre, d’amande douce, de jojoba… dans lesquelles on a mis des plantes à macérer au soleil de l’été. Pour la fabrication de ces huiles, vous pouvez vous reporter à cet article : http://www.devenir-distillateur.com/pages/il-n-y-a-pas-que-l-alambic-dans-la-vie/les-macerats-solaires.html

    Les teintures mères sont des macérations de plantes fraiches dans de l’alcool. Il n’y a pas meilleur alcool, ou esprit de vin, que celui que l’on fait soi-même et vous trouverez tous les éléments utiles pour le faire vous-même en consultant ça-et-là mon site www.devenir-distillateur.com .

    Le sel (sel de cuisine), je l’ai dit au début de l’article, possède lui aussi la vertu d’extraire et de conserver l’Esprit Vital et le caractère des plantes ou autres êtres qui lui sont adjoints. Ce sel déjà chargé peut être ajouté à votre préparation, il ne se dissoudra pas facilement, mais ce n’est pas un problème. Un baume peut être salé sans inconvénients.

    Joyeuses préparations pleines d’Esprit lunaire et Vital !

    Matthieu Frécon, Sarreyer, à la veille de la pleine lune de mars 2019.

  • Le travail de la Rosée

    Le travail de la rosée

    C’est le principal travail pratique sur la rosée de printemps pour le travail végétal.
    Il consiste en une déliquescence de rosée sur du sel dans le but soit d’imbiber le sel de l’esprit astral, soit de récupérer cet esprit sur un support approprié.
    Le sel utilisé est souvent du carbonate de potassium (cendres végétales cristallisées, comme le sel d’un élixir spagyrique classique). Ça marche bien au niveau de la quantité, mais pour aller un peu plus loin, on préfère utiliser le sel connu simplement sous ce nom, le sel de cuisine, qui est la matière que désigne Paracelse quand il parle de Sel (le principe) la plupart du temps.

    1. Préparation du sel :
    J’utilise du Sel de Guérande non traité.
    Laver le sel (le dissoudre dans de l’eau, filtrer, évaporer). Le sécher (broyer puis chauffer pour évaporer l’eau résiduelle, au four par exemple).

    2. Déliquescence : distillation de Rosée (Sel)
    Placer le sel en très fine couche sur une vitre ou un miroir exposé aux pleines lunes de printemps. La vitre doit être inclinée et des petites tiges de bois sont collées sur les bords pour diriger la déliquescence vers une sortie en entonnoir d’où l’humidité pourra couler dans un bocal (si la rosée est abondante, sinon, on ne récupérera qu’une pâte qui pourra servir à divers travaux).

    Si la rosée a été abondante, on récupère une eau salée dans le bocal que l’on distille au soleil le jour qui suit la récolte pour obtenir « l’alkaest » qui est un solvant pour extraire le Soufre (le « caractère »)des végétaux ou des minéraux (parait-il, je n’ai jamais fait ce travail dans le minéral).
    Si la rosée a été faible, alors on peut utiliser le sel humide (pâteux) pour divers travaux. C’est en général ce que je fais.

    Le Sel ainsi chargé de l’esprit astral peut être utilisé comme Sel pour la spagyrie. Il peut être aussi utilisé pour la « Pierre en 5 mn » de Stéphane Barillet (imbibition d’une teinture huile essentielle/alcool sur du sel de cuisine, voir blog du CFIO), ou pour faire des sels de bains "philosophiques", ou de la cuisine « longue vie »… Il peut aussi être utilisé pour faire une lacto-fermentation philosophique (une choucroute…) : c’est la base du procédé de l’élixir de Cagliostro. C’est une base très utile dans tout le travail de labo.
    On peut recharger ce sel en réitérant l’opération plusieurs nuits après avoir séché le sel au four ou en distillant, il sera d’autant plus fort.
    Le sel a un caractère mercuriel (au sens spagyrique) par son aspect conservateur. Comme l'alcool, il sait extraire et conserver l'énergie et les vertus des plantes qui y sont mises en extraction.

    Dans le cas de l’obtention de la rosée, il faut distiller au soleil le jour qui suit la récolte avec une tête de maure en verre pour charger l’alkaest d’esprit solaire (avec aimants, miroirs &c…). L’alkaest obtenu a une odeur d’acide chlorhydrique. Contrairement au sel imbibé d’esprit astral non distillé, il reste fragile et dois être utilisé assez rapidement.

    Les nuits de pleines lunes sont réellement des moments privilégiés, mais on peut fabriquer ce sel plus ou moins philosophique pendant tout le printemps, voire été, si on a besoin d’une bonne quantité.

    Facile !
    Bonnes récoltes nocturnes !


    Matthieu Frécon, Sarreyer mars 2019

    Sources : Stéphane Barillet : Le Grand Œuvre Alchimique, Denis Labouré : L’élixir de Cagliostro, et LPN principalement.