Articles de croquignole
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Comment faire simplement une Huile d'Or, par Jean Dubuis (LPP n4)
- Par croquignole
- Le 28/11/2020
- Dans Spagyrie/médecines alchimiques
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Comment préparer très simplement une Huile d'Or
Pour alchimiste confirmé
par Jean DubuisDans "Le Petit Philosophe de la Nature" n°4, 1983.
Merci à Marc Gérald Cibard qui a fourni l'archive !
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Dorvault : Introduction à l'Officine (1872)
- Par croquignole
- Le 28/11/2020
- Dans Spagyrie/médecines alchimiques
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Dorvault, Officine de Pharmacie pratique, 8° édition 1872.
Extrait de l’introduction.Cette officine de pharmacie pratique se donne pour but l’explication des procédés que les pharmaciens doivent réaliser pour satisfaire les ordonnances des médecins. En effet, les médicaments, à l’époque, sont fait par les pharmaciens. Ceux-ci distillent des eaux florales (de laitue -vireuse- par exemple, d’après les explications de Dorvault), fabriquent des remèdes homœopatiques pour les hommes ou les animaux, fabriquent des éthers ou de l’ammoniaque dans leurs officines…
A la fin du XIX° siècle, on croit savoir l’alchimie loin derrière le monde médical et scientifique, mais Dorvault, le savant Dorvault, nous rappelle que le souvenir des alchimistes est encore très présent dans l’esprit des scientifiques et l’extrait de l’introduction à la 8° édition de son officine (1872) que je vous propose est un bel éloge aux disciples d’Hermès (IT).On peut noter une très belle connaissance de l’auteur de l’histoire de l’alchimie. On peut noter aussi qu’il soulève une question majeure dans l’intérêt que les alchimistes portent à la médecine. D’après Dorvault, et je suis tout allié à son idée, la médecine est le premier centre d’intérêt des alchimistes, depuis Geber, le maitre des maitres (IT) pour reprendre l’expression de Dorvault, et Roger Bacon (cité en note) est très explicite sur ce point que l’on a oublié au cours du XX° siècle.
Bref, Dorvault nous rappelle ce que les pharmaciens et les médecins modernes doivent à l’alchimie, et à quel point les alchimistes étaient plus qu’autre choses, des médecins-pharmaciens… Merci !
On trouvera dans cette introduction la mention de l’or potable (2° §). J’ai cru intéressant d’ajouter au texte le procédé donné par Dorvault dans cette même officine de 1872, ainsi que le lien vers le procédé donné un siècle plus tard dans le journal des Philosophes de la Nature (LPN)… J’ai d’ailleurs d’excellents souvenirs de ce travail que j’ai réalisé plusieurs fois.
MF. novembre 2020(…) la chimie, à laquelle la plus grande partie de ces progrès sont dus, a vu le jour, s’est développée, ainsi que l’indique son nom (1), dans les laboratoires de la pharmacie. Sans les recherches pharmaceutiques, sans cette multiplicité de médicaments employés dans la médecine ancienne et sans les opérations aussi variées auxquelles on les soumettait, elle n’eut point pris naissance. Le grand œuvre des alchimistes , ces pharmaciens-médecins d’un autre âge, qui se montrèrent d’abord en Asie et en Afrique vers le VIII° siècle, puis pénétrèrent, au temps des croisades, au centre de notre Europe, ou ils jouèrent un si grand rôle jusqu’au XVII° siècle, c’est-à-dire pendant tout le moyen âge et la renaissance, leur grand œuvre, disons-nous, fut originairement la recherche d’un médicament doué de propriétés miraculeuses, en un mot, de la panacée universelle.
L’idée de la transmutation des métaux, qui paraît leur être venue plus tard, ne leur fit point déserter la recherche de médicaments doués de vertus surnaturelles. Si cette étude n’était pas déplacée ici, partant de Geber, le magister magistrorum, l’auteur de la Summa perfectionis, ouvrage de chimie le plus ancien que l’on connaisse, pour arriver à Paracelse, l’incomparable, l’enthousiaste Paracelse, qui, dans l’admiration de son génie et de l’horreur des travaux de ses devanciers, brûla tout ce qu’il put de leurs ouvrages, afin que l’on ne crût plus qu’à sa science, nous aurions à rapporter les noms et les travaux d’une brillante et à la fois obscure pléiade dont les noms sont universellement connus du monde scientifique, et nous verrions que depuis le premier qui présente son élixir rouge, dissolution d’or, comme moyen de prolonger la vie et de rajeunir la vieillesse (2), jusqu’au dernier, qui prétendant posséder le secret de l’immortalité mourait néanmoins à 48 ans, tous recherchèrent et vantèrent une panacée (3).
Si les philosophes par le feu, les souffleurs, les disciples d’Hermès, comme on appelait encore les alchimistes, ne trouvèrent point la pierre philosophale, ne parvinrent point à faire de l’or ni à trouver la panacée universelle, ce qui, selon nous, était une seule et même chose, on ne peut disconvenir, du moins, que leurs travaux ne furent pas en pure perte : leurs découvertes, parmi lesquelles nous citerons les acides sulfuriques et azotiques, l’eau régale, l’antimoine, l’arsenic, le bismuth, le zinc, le phosphore, l’ammoniaque, les principaux sels métalliques, l’alcool, l’éther, la poudre à canon, la porcelaine (4), de nombreux procédés métallurgiques, le démontrent suffisamment. Disons même que si leur immense labeur n’a pas été plus fécond, peut-être faut-il s’en prendre un peu aux tribulations auxquelles ils étaient en buttes comme entachés de sorcellerie. Nul doute que s’il fût arrivé à l’un d’eux de faire une découverte qui eût sembler ébranler un dogme de la foi, la décomposition de l’eau, par exemple, il n’eût été pendu ou brûlé vif. Pour une découverte moins importante qu’il ne voulut pas renier Roger Bacon fût enfermé pour le reste de ses jours. Le langage allégorique des alchimistes, qui nous cache tant de faits précieux, prend autant sa source dans les sévérités dont ils étaient l’objet que dans l’amour du merveilleux qu’on avait à cette époque.
L’idée de la transmutation des métaux vils en métaux nobles, pour laquelle on les a tant conspués n’est-elle pas en quelque sorte réhabilitée par des chimistes contemporains du plus haut mérite ? l’étude des poids atomiques des métaux, qui de plus en plus amène à les considérer comme des multiples les uns des autres, ne porte-t-elle pas au moins le doute dans les esprits ? Mais l’isomérisme n’y conduit-il pas tout droit ?
Eux les premiers, marchant hors des sentiers communs, ont fouillé les arcanes de la science et en ont extraits les premiers matériaux, préparé, sinon posé, les premiers jalons. Eh ! mon Dieu, n’est-ce pas à cette race de rêveurs, de fous, d’enthousiastes adeptes de l’idéal, que l’on doit les plus hautes découvertes de l’intelligence, les systèmes philosophiques qui nous régissent, la physique céleste, le nouveau monde, l’imprimerie, la vapeur, le magnétisme, l’électricité, race qui comprend en effet aussi bien Pythagore, Platon, Démocrite, Leibnitz, Descartes, Archimède, Galilée, Newton, Christophe Colomb, Guttenberg, Papin, Volta, que les alchimistes proprement dits ?
Est-ce à dire que nous voulions innocenter l’alchimie, que nous ne trouvions rien à reprendre dans ses actes ? Non. Mais si ses jongleries indignes souillent ses fastes, une gangue infime n’accompagne-t-elle pas toujours, dans leurs gîtes naturels, les pierres les plus fines, les métaux les plus précieux ?
Après Paracelse, l’alchimie continue son règne. Ses disciples immédiats étendent considérablement le nombre des adeptes de l’art spagyrique (5) jusqu’à la fin du XVII° siècle, disons même jusqu’au milieu du XVIII° siècle. Mais à mesure que l’on approche davantage de cette époque, on voit les vapeurs de l’alchimie se dissiper et poindre de plus en plus l’aurore de la véritable science : Lux erit.
A partir de cette période, parmi les ouvriers ardents de la science et plus exclusivement pharmaciens, nous trouvons Béguin, qui découvrit le calomel ; Glauber, qui découvrit l’acide chlorhydrique, le sulfate de soude, le kermès minéral, et qui le premier songea à utiliser les résidus des opérations chimiques ; Nicolas Lefebvre, fondateur de l’enseignement officiel de la chimie, d’abord en France, puis en Angleterre où il fut appelé par Jacques II ; Glazer, qui lui succéda dans la chaire du Jardin des Plantes et fit connaître le sulfate de potasse ; Lemery, le grand Lemery, l’humble pharmacien de la rue Galande, dont les cours de chimie attiraient des auditeurs de tous les pays (…)
Appendice :
• Teinture d’Or (Officine de pharmacie pratique, 8° édition, 1872, p. 936) :
Or : 4 ; Eau régale : 30 ; Versez dans la solution : Essence de Romarin : 60 ; Alcool : 240. Dose : 12 gouttes (Spiel. (IT) ). C’est là l’Or Potable.
(Note : cette recette est un peu brute, l'eau régale n'est pas un aliment des mieux supportés… le procédé donné en dessous par LPN est beaucoup plus rafiné. Mais il est intéressant de voir que l'on trouve une recette d'Or Potable dans une officine de pharmacie de la fin du XIX° siècle…)
• Préparation de l’Huile d’Or (Le Petit Philosophe de la Nature n° 4, 1980) : http://www.atelier-spagyrie.ch/blog/spagyrie-medecines-alchimiques/comment-faire-simplement-une-huile-d-or-par-jean-dubuis-lpp-n4.html.
(1) l’étymologie du mot chimie vient du grec (et signifie), suc de plantes, dont la racine (signifie), je coule, je fonds.
(2) Dumas, Philosophie chimique ; Hœfer, Histoire de la chimie.
(3) L’alchimie, dit Roger Bacon, dans son Thesaurus chimicus, est spéculative lorsqu’elle cherche à approfondir la génération, la nature, et les propriétés des êtres inférieurs ; elle est, au contraire, pratique lorsqu’elle s’occupe artificiellement d’œuvres utiles aux individus et aux états, comme de la transmutation des métaux vils en or et en argent, de la composition de l’azufur et autres couleurs, de la dissolution des cristaux, des perles et autres pierres précieuses, mais surtout de la préparation des remèdes propres à la conservation de la santé, à la guérison des maladies et ad prolongationem vitæ mirabilem et potentem.
(4) Botticher, entré en apprentissage, âgé de 19 ans, chez Zorn, apothicaire à Berlin, est l’auteur de cette découverte. Il la fit de 1704 à 1710. Quelques années après, les célèbres manufactures de porcelaine de saxe furent créées. De ce moment la Chine et le Japon n’eurent plus le privilège exclusif de la fabrication de cette poterie par excellence (Figuier, Alchimie)
(5) Du grec Spao, et Ageiro, extraire et rassembler (analyse et synthèse) -
Kabbale 1. : Dieu
- Par croquignole
- Le 27/11/2020
- Dans Hermétisme, Kabbale
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Kabbale I.
I. Dieu
À l’origine de la Kabbale, il y a le judaïsme et la Torah. À l’origine du judaïsme, il y a la Torah. À l’origine de la Torah, il y a Dieu.
Qu’est-ce que Dieu ? Dieu existe t-il ?
Le créateur de l’existence de Dieu n’est pas dans la Torah : c’est Aristote. Pour Aristote, Dieu existe, il est Un, et il n’a pas de corps. Le Chéma Israël (Deut. VI. 4) reprend effectivement les deux premières propositions (« Ecoute Israël, YHVH notre Dieu, YHVH est Un »), mais ni moi ni la Torah ne craignons la contradiction et je préfère vous entrainer sur un autre terrain qui apparait plus prometteur dans ses conclusions.II. Au commencement
Au commencement de la Torah, il y a « Bereshit » le récit de la création.
C’est ici qu’il est tout d’abord question de Dieu. Un Dieu nommé Elohim (racine EL - Aleph - Lamed, au masculin pluriel - IM). Ce Dieu est créateur du ciel et de la terre et tout ce qui s’ensuit. (à ce propos, ici, l’homme est créé par Dieu qui en fait un être fini et non infini comme l’envisageait Aristote). Ce Dieu est unique, et sans forme, mais existe t-il ? Sa racine EL, ou AL, est composé de la première lettre, Aleph, qui est placée avant Bet, initiale du récit de la création de la Torah. Aleph semble donc pré-exister, et non pas appartenir au domaine de l’existence qui lui-même n’est pas encore (et apparaitra avec la seconde lettre : Bet)… Lamed qui suit, représente l’expansion dans le symbolisme kabbalistique. Son rôle ici semble être de permettre l’extension de cette énergie créatrice primordiale portée par Aleph.
AL est donc l’énergie primordiale qui est à l’origine de la création, situé au-delà de l’existence. AL n’est pas encore. Elohim est donc le créateur par excellence, qui est à l’origine de la création, qui n’est pas lui-même du domaine de l’existence qui n’apparaitra qu’avec la création de l’existence.
À ce stade, on peut dire que Dieu n’existe pas.
Dieu, comme on peut le lire au cours de ce récit de la création (Gen. I. 1 à II. 3) semble ne faire que passer : il apparait pour créer, six jours. Le septième, il contemple satisfait son travail et, sans rien dire à personne ni demander quoique ce soit pour son travail, se repose. Le sujet est clôt.
Une étude kabbalistique approfondie du texte pourrait nous apporter nombre de pistes de réflexions et de pratiques mais ce n’est pas l’objet maintenant et nous passerons directement à la suite du texte.III La vie
Le texte qui suit (Gen. II. 4 à III. 24) décrit les conditions de vie dans le Jardin Délicieux (Gan Eden). C’est l’histoire d’Adam et Eve, du Serpent qui parle, du fruit défendu et de l’expulsion de nos aïeux hors du jardin par YHVH (Yahvé).
On sait que ce texte n’a pas de rapports biblio-historiques avec le premier et qu’il utilise des éléments de la légende sumérienne de Enki et Inki (Enki restera connu dans la bible sous le nom de Marduk, c’est Mardochée, l’oncle d’Esther/Ishtar, qui est l'héroïne du livre biblique qui porte son nom). Dans ce second texte parfois curieusement appelé « second récit de la création » il n’est plus question de Elohim, Dieu créateur du ciel et de la terre, mais de YHVH Elohim, qui sera simplement nommé YHVH, l’Éternel, dans les textes suivants.
YHVH, nom imprononçable ou plutôt, que l’on ne doit pas prononcer en vain (Ex. XX. 7), est assez correctement traduit par « Éternel ». Je ne sais pas s’il est vraiment éternel, mais je sais que l’on trouve le verbe « être » à la racine de son nom, ce qu’il rappellera à Moïse lors de leur première rencontre dans le désert. À cette occasion, YHVH se présente comme AHYH Asher AHYH, qui est traduit par « Je suis (celui qui) est » (Ex. III. 14). YHVH représente donc l’existence dans son intégralité. Contrairement à Elohim, YHVH existe bien, lui.
Et nous nous trouvons en présence (si seulement !) de deux entités couramment associées qui, si l’on suit notre raisonnement basée sur l’étymologie de leurs noms, désignent des concepts totalement différents. En effet, Elohim est clairement le Dieu créateur de l’existence, et YHVH est cette existence. Le premier n’existe pas, le second incarne l’existence.
Le premier est du genre tranquille qui ne semble pas avoir de but ou de mission, il créé presque par accident. En fait, sa nature (si j’ose parler de nature à son propos) se limite peut-être à cet acte simple dénué de toute ambition, jamais encombré de questions morales ou de besoin de donner un sens à sa création. C’est un pur créateur désintéressé. D’ailleurs, on pourrait bien ne plus jamais entendre parler de Elohim après ce récit inaugural de la création. Si on le retrouvera ici ou la dans le texte, c’est parce que la Bible est un patchwork de textes épars écrits par des auteurs d’époques, de lieux, et de qualités très diverses qui ont parfois bricolé avec les textes et les traditions pour nous laisser ce corpus passionnant mais quelque peu pétassé par endroits, et assez inégal dans le langage et dans la qualité…
Le second en revanche est du genre à ne plus laisser personne tranquille : donner des ordres, faire des réprimandes, exiger, promettre ou reprendre sont ses principales occupations. Et c’est pourtant vers lui que se portent nos prières, c’est pour lui que nous gardons une discipline de vie, c’est lui qui occupe toutes nos pensées religieuses ou mystiques… C’est encore lui qui guidera Moïse et qui le rencontrera en face à face au Sinaï…
À propos, quelle est la nature de cette fameuse rencontre ? Moïse rencontre l’Existence Elle-Même lors de sa retraite au Sinaï… Rencontre existentielle s’il en est, sans doute à mettre en relation avec le sentiment de fusion dans l’existence que fit Bouddha sous son figuier, à mettre en relation avec l’expérience d’éveil révélé à d’innombrables êtres souvent mystiques ou ascètes. Moïse, Être éveillé… Flatteur ou réducteur ? Ni l’un ni l’autre… Mais cette perspective est intéressante et encourageante car elle nous indique que l’élection de Moïse par « Dieu » n’est pas une expérience unique et réservée à l’Élu, un « Don de Dieu » pour reprendre une expression alchimique pleine de mystère. Non, cette expérience est une simple et merveilleuse expérience d’éveil à l’existence dans sa totalité, son unité. Le message de Moïse (la loi), est par contre coloré par la culture et le besoin de la société dans laquelle vivait le prophète, Bouddha aura la même qu’il exprimera différemment. Nous sommes redescendus dans le monde…IV. La fin
Cette façon de distinguer les deux principaux protagonistes surhumains de la Torah entre Dieu, le créateur qui n’existe pas, et l’Existence qui règle la nôtre pour une suprême harmonie a plus d’un avantage.
D’abord, elle nous permet de penser que nous pouvons faire l’expérience de Moïse, vous comme moi, comme d’autres qui l’ont déjà fait. La comparaison avec d’autres descriptions d’éveils nous permet d’avoir du recul et de mieux trouver notre chemin.
Ensuite, elle permet de relire, voire de comprendre la Bible et la kabbale qui sont basées sur une confusion entre les deux noms. C’est une erreur qui vient de l’histoire de la composition de la bible, une erreur qui est à la base de la théorie de l’élection divine, de la théorie de l’après-vie &c…
Cette distinction nous oblige à faire un peu de rangement, ce qui n’est pas facile… Dans la Kabbale par exemple, on trouve une théorie tardive qui nous explique que les terminaisons des noms des anges en EL évoquent la rigueur de Dieu, alors que les terminaisons en YH évoquent sa miséricorde. Non seulement entre les deux c’est plutôt Elohim le plus cool alors que YHVH est vraiment, disons… exigeant… mais surtout, on voit que l’on ne peut pas jouer à mettre l’une ou l’autre de ces terminaisons comme des attributs « divins », cela n’a plus de sens !
Que faire lors de la pratique kabbalistique médiévale ou moderne qui utilise ce symbolisme ? Il faut simplement satisfaire à la tradition et au rituel. C’est un jeu de l’esprit. Mais il ne faut pas y croire, car « croire » est une notion absente dans le judaïsme et dans la kabbale (le philosophe Maïmonide a bien tenté d’introduire le concept de foi dans le judaïsme pour rapprocher celui-ci des autres religions monothéïsmes, mais sans trop de succès jusqu’au XX° siècle).Qui adorer ? Moïse et tout les prophètes adoraient YHVH, car la réalisation de l’existence, l’éveil à l’existence dans sa globalité est la suprême réalisation. À quoi sert Dieu ? Et bien si l’on en juge par son comportement assez simple (dans le récit de la création), il sert à nous donner l’existence, la vie, mais que peut-on en faire ?
Il y a des textes de Kabbale pratique comme le Sepher Yetzirah qui nous propose des pistes de de travail sur l’énergie créatrice (Aleph) et les forces de l’univers. Mais c’est un autre sujet que je traiterai plus tard car pour l’heure, la leçon que je retiens du récit de Elohim, c’est la notion de Shabbat, le repos, concept fondamental que je vais imiter maintenant.Merci de m’avoir lu ! À bientôt !
Matthieu Frécon Sarreyer, 27 novembre 2020.
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Les Philosophes de la Nature (LPN) et le premier cours de spagyrie en français
- Par croquignole
- Le 26/11/2020
- Dans Spagyrie/médecines alchimiques
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Les Philosophes de la Nature (LPN) et le premier cours de spagyrie en français
L’alchimie en France avant LPN
L’alchimie française de l’après-guerre fut certainement le royaume d’Eugène Canseliet, disciple unique et auto-proclamé de Fulcanelli, véritable personnage légendaire créé par E. Canseliet lui-même. Entouré du duo de choc Pauwels & Bergier (auteurs du best-seller « Le matin des magiciens »), ainsi que d’André Breton en quête d’un merveilleux local et de quelques autres, Eugène Canseliet a répondu à un besoin urgent de trouver une réponse aux questions que posaient le point de non-retour de notre civilisation technologique atteint un certain 6 août 1945 à Hiroshima. L’image de l’alchimiste sage, hors du temps, et pourtant à la pointe de la technologie nucléaire proposée par Canseliet dans son personnage de Fulcanelli permettait alors de croire en une issue possible de l’apocalypse nucléaire par un retour à la Tradition, teintée toutefois de raison et de science. Le Fulcanelli de Canseliet permettait le rêve et l’espoir et Canseliet était son prophète.
Malheureusement, les adeptes de Canseliet avaient beau pomper, pas plus de Pierre Philosophale en vue que cosmogol 999 ! Il leur restait à écrire des livres abscons autant que possible, il leur restait à rêver, mais le vaisseau d’alchimie n’avançait plus…Jean Dubuis et LPN
Jean Dubuis, personnage génial et charismatique, lui, avait trouvé une issue dans le travail du laboratoire alchimique dans sa fréquentation avec les milieux anglo-saxons, souvent portés sur le rosicrucianisme (Jean avait passé pas mal de temps à AMORC). Connaissant la Golden-dawn et Aleister Crowley, tout autant que la tradition alchimico-spagyrique rosicrucienne issue de Paracelse (Paracelse, d’après les écrits fondateurs rosicruciens fut une influence majeure du mouvement au XVII° siècle).
Jean travaillait donc à la spagyrie et aux voies pratiques de ce courant anglo-saxon des Von Bernus et autres Albertus que Canseliet ignorait superbement.
En 1979, pour fêter sa retraite de cadre de d'IBM, Jean fonde avec quelques amis l’association « Les Philosophes de la Nature ». L’association propose des cours par correspondance dans les domaines de la kabbale et de l’alchimie végétale et minérale, ce qui est assez novateur. L’influence anglo-saxonne est manifeste et offre une alternative à l’occultisme français vieillissant de l’époque, en l’occurence Canseliet pour ce qui est de l’alchimie.
Le cours de Kabbale dispense un enseignement très pédagogique inspiré d’un surgeon de l’Ordre Hermétique de l’Aube Dorée (Golden-Dawn) et commence par offrir la première traduction du petit rituel du pentagramme, que tout le monde connait aujourd’hui dans ce domaine.
Le cours d’alchimie commence avec une formation préliminaire de deux ans d’alchimie végétale, ou spagyrie. l’alchimie végétale apparait comme une voie préparatoire à la voie minérale, et laisse quand-même entrevoir quelques perspectives dans le domaine de la santé.
Le cours d’alchimie minérale qui suit est assez brouillon, ce qui s’explique par le fait que ni Jean ni personne dans l’association ne prétendait maitriser le sujet, on était entre étudiants, les uns avec un peu d’avance sur les autres, sans autre prétention…
Ces cours ont été écrit par plusieurs membres de l’association, chacun spécialiste dans son domaine.
Jean a lui-même composé un programme original pour aborder l’ésotérisme d’une façon appropriée aux membres de l’association : le « cours d’ésotérisme général ».Ces cours ont offert une véritable alternative salutaire au courant dominant la scène alchimique à l’époque dont j’ai parlé plus haut. Pour la Kabbale, le cours de LPN a tout simplement permis de sortir de la tradition de Papus & consorts qui, il faut bien le reconnaitre, n’offrait plus grand chose non plus…
J'ai suivi ces cours de 1984 à la fin de l'aventure en 1993 avec beaucoup d'enthousiasme. Ce fut une très belle période, très formatrice.Et puis, les choses et les gens, allant et venant, vieillissants ou reniants, l’association a dépéri, laissant à Jean le temps de refaire carrière outre-atlantique sous une autre étiquette, ce qui n’est pas le sujet aujourd’hui…
Quoiqu’il en soit, une nouvelle association crée pour perpétrer la mémoire de l’enseignement de LPN a refondu les cours pour les proposer sur Internet : voyez le site http://www.portaelucis.fr/html/porte1.htm .
Pour ceux qui préfèrent se reporter aux cours originaux, avec leur petit goût seventies inimitable, j’ai publié sur un autre site tous les cours ainsi que les journaux de l’association (le « Petit Philosophe de la Nature »). Ils sont donnés en PDF et vous pouvez les télécharger depuis ce site : http://www.gouttelettes-de-rosee.ch/pages/lpn.html .
Pour plus de facilité, je vais essayer de les mettre sur ce site, mais en attendant, reste « Les Gouttelettes de Rosée ».
Vous trouverez le cours de « spagirie » (sic) qui est une référence incontournable dans le domaine, bien que les choses aient beaucoup évolué depuis sa publication. Mais si les choses ont beaucoup évolué, LPN y est peut-être pour beaucoup !
Et Hiroshima là dedans ?
À l’époque de LPN et dans le milieu mystique, la conception générale du monde et de l’homme restait plutôt créationniste. C’est à dire que l’on considérait que l’homme était supérieur au reste de la création et que l’initiation prenait la forme d’une élection divine. Pour faire simple, l’élu quittait alors le monde pour aller retrouver Dieu.
Il faudra attendre le développement de l’écologie (autre nécessité après Hiroshima) pour retrouver un sens naturel à « l’initiation ». Aujourd’hui, il est devenu presque commun de concevoir l’éveil de l’homme comme une retrouvaille avec la nature, une fusion dans l’existence, et non une extraction vers un au-delà…
LPN n’a probablement pas joué directement un rôle dans cette nouvelle conception de la réalisation spirituelle comme étant un retour dans l’Eden du monde, mais il est possible que l’association et son intérêt pour l’alchimie végétale, la spagyrie, ait insensiblement contribué au développement des médecines naturelles végétales (Herboristerie, phytothérapie…) parmi lesquelles la spagyrie tient une place non négligeable. Ce retour aux médecines naturelles, avec le retour des sorcières, le retour à l’expérience végétale… a lui-même permis ce mouvement naturel d’une mystique plus naturelle, plus intégrée dans le cycle de la vie.Et Fulcanelli ? Mort ?
Je tenterai un autre jour un commentaire sur ce merveilleux corpus alchimique français de la belle époque. En tout cas, soyez rassurés, mon introduction sur Canseliet ne voulait aucunement bousculer l’(es) auteur(s) de la plus belle encyclopédie alchimique classique que sont « Le Mystère des Cathédrales » et « Les Demeures Philosophales » (auteurs multiples et inconnus)…Les cours et journaux de LPN (publications originales) : http://www.gouttelettes-de-rosee.ch/pages/lpn.html
Matthieu Frécon, Sarreyer, 25 Novembre 2020ps. Tout ça juste pour donner le lien vers les cours originaux de LPN…