Dr. Bach

  • Les élixirs floraux du Dr. Bach sont-ils alchimiques/spagyriques ?

    Les élixirs floraux du Dr. Bach sont-ils alchimiques/spagyriques ?

    La question est intéressante parce qu’elle pose la question de ce qui est ou ce qui n’est pas alchimique/spagyrique.

    Ma position vient de ma propre pratique alchimique ou spagyrie. Je me considère comme un paysan-herboriste-spagyriste, même si je suis absolument débutant en matière agricole et en herboristerie.
    En effet, si j’ai bien retenu les leçons de mon ouvrage de référence, La Nature Dévoilée, qui nous explique que ce livre « n’a pas été pas écrit pour les philosophes de la ville mais pour les alchimistes qui vivent à la campagne et savent faire leur vin et leur choucroute » (citation de mémoire légèrement reformulée par moi…), je tiens à garder le lien avec la nature et les activités agricoles. D’ailleurs l’alchimie n’est-elle pas parfois qualifiée d’« agriculture céleste » ?
    Pour moi donc, l’alchimie ou la spagyrie sont des philosophies pratiques liées à d’autres activités liées à la vie de la ferme ou liées aux médecines naturelles, dont les élixirs floraux de Edward Bach font partie. Dans mon esprit, il n’y a pas l’alchimie ou la spagyrie d’une part, et le reste de la vie d’autre part, tout est lié et l’alchimie/spagyrie peut s’intégrer dans d’autres pratiques et vice-versa.

    Les élixirs floraux de Bach sont clairement un système thérapeutique très proche de l’alchimie puisqu’il s’agit d’extraire les propriétés médicinales d’une fleur par infusion dans l’eau sous l’action du soleil. La macération solaire est ensuite fixée par ajout d’alcool.
    La philosophie de ce système médicinal est toutefois différente de celle de l’alchimie puisqu’il est basé sur une interprétation de la vie et de la guérison propres à son inventeur, mais on retrouve des points communs dans le procédé de fabrication puisqu’il s’agit d’extraire le Soufre spagyrique (les propriétés de la plante) par la lumière solaire (Mercure spagyrique). L’alcool ajouté ensuite ne sert qu’à fixer la solution pour empêcher la décomposition.
    Il manque le corps de l’élixir, le Sel spagyrique, ce qui distingue l’élixir de Bach de l’Elixir spagyrique, mais cela n’est pas forcément incohérent et il existe bien des élixirs spagyriques traditionnels qui n’ont pas non plus ce sel dans leur composition.
    On peut conclure que la technique de fabrication des élixirs floraux de Bach est proche de la pratique spagyrique, ce qui n’est pas étonnant quand on sait que Bach possédait une solide culture hermétique.
    Par contre, la philosophie de cette médecine douce s’il en est, est fort différente de celle de la médecine alchimique puisque celle-ci, dans son essence se résume à considérer la « lumière » solaire comme étant la source de création de toute existence, et par-là, la source de réparation de tous les désordres de l’existence. Pour l’alchimiste, la lumière est donc la médecine universelle alors que les propriétés de l’élixir de Bach réside dans les propriétés de la fleur mise en macération (propriétés spécifiques à cette médecine particulière).

    C’est pour répondre à des besoins spécifiques que des médecines alchimiques plus spécifiques ont été développées, avec l’influence d’autres médecines naturelles, herboristerie ou autres. La spagyrie moderne par exemple est très souvent liée à l’herboristerie, parfois à l’astrologie (élixirs planétaires) &c…
    La médecine de Bach par contre, est une création originale de son inventeur qui a su être créatif tout en utilisant l’héritage traditionnel. Cet exemple nous montre que l’alchimie/spagyrie n’est pas limitée à une tradition séculaire, mais peut rester créative et évolutive, ouverte aux innovations et aux influences de notre époque.
    En fait, la tradition, c’est ça : une culture en évolution, pleine d’emprunts et d’innovations…

    Matthieu Frécon, Saunière, Février 2023.