Or

  • L'Or des alchimistes

    L’Or des alchimistes
    Or

    Lorsque l’on parle d’alchimie, l’or est la matière la plus citée. L’apparition du métal précieux, au sens propre comme à l’imagé, signe la consécration de l’alchimiste. la transmutation d’un métal en or est encore aujourd’hui considérée comme l’aboutissement de l’œuvre et la preuve irréfutable de l’adeptat.
    Si aujourd’hui l’on admet en général l’existence d’une alchimie spirituelle, non matérielle ou non matérialiste, ou encore l’existence d’une alchimie orientée vers une médecine pour l’homme destinée à sa santé ou sa réalisation spirituelle, l’or est alors considéré, par extension, comme un symbole de perfection. Le fait que le métal solaire ait longtemps été l’étalon de la fortune a évidemment contribué à sa réputation, et son incorruptibilité en fait une référence spirituelle et une valeur sure.

    L’alchimie est un domaine de connaissance des plus mystérieux et des plus malléables. Dans ce domaine, il semble que tout soit possible, et surtout tout et son contraire… Les sages sont aussi des escrocs et les escrocs des sages (Edward Kelly, Cagliostro, et pourquoi pas Patrick Burensteinas ?…). Les recettes les plus farfelues sont des allégories et en même temps sont clairement des recettes de cuisines dont le détail des fabrications est explicitement décrit. Les matières décrites suggèrent des principes cachés (Sel, Soufre, Mercure) quand dans le même temps ils parlent parfois des matières communes sans la moindre allégorie (quand Paracelse parle du Sel, il parle la plupart du temps du sel commun utilisé en cuisine, le Soufre désigne du soufre physique dans certaines voies, et il en est de même pour le mercure, - le cinabre -) &c… Un exemple frappant est le symbole de la piraterie qui est composé de deux tibias croisés surmontés d’un crâne.
    Tibias
    Tel alchimiste comprendra que les tibias représentent la stibine (stibia), c’est à dire le fameux antimoine, quand d’autres comprendront que les « tibias » désignent tout simplement les ossements chers à Ezéchiel et à Nicolas Flamel. Le plus merveilleux là-dedans est que tibias et stibia sont bien des matières premières que les alchimistes travaillent l’une comme l’autre et de plus, qu’ils travaillent parfois de la même façon (décrite en détail d’abord par Ezéchiel et enfin par Stéphane Barillet dans son « Grand Œuvre Alchimique ») ! La calcination solaire des ossements donne alors une médecine pour l’homme quand celle de l’antimoine (purifié sous la forme de régule) donne une médecine métallique destinée à la transmutation.
    Soit dit en passant, c’est ce travail, dans sa version ossements en tous cas, qui est décrite dans l’allégorie de l’Arbre sec qui reverdit avec l’aboutissement du travail. Cet arbre mort désigne encore les os par le truchement d’un jeu de mot en hébreu puisque dans la langue d’Ezéchiel Os se dit « Etsimoth » soit Arbre (Etz) mort (Moth).

    La grande énigme de l’alchimie, celle qui excite la curiosité et laisse en arrêt bien des alchimistes sur les starting-blocks (et sans que jamais ils ne démarrent sur la voie…) est la question de la Materia Prima, la Matière Première.
    Matière Première est souvent entendue comme la matière avec laquelle l’alchimiste commencera son travail comme la farine serait la matière première du boulanger ou le raisin celle du vigneron. En réalité, il faut entendre « première » comme celle qui est à l’origine (or-est-gène) de l’existence.
    C’est là que les pièces du puzzle de mon exposé s’assemblent : la matière première, celle qui est à l’origine de l’existence est, pour les alchimistes, la lumière « que l’on a en permanence sous les yeux sans cependant la voir » (Fulcanelli), la lumière solaire. Or, cette lumière se dit en hébreu « Aur » (« et Dieu dit « Que la lumière - Aur - soit, et la lumière - Aur - fût » Gen. 1.4). Voici l’Or des alchimistes, et voici leur matière première. Ce n’est pas la place ici de faire une interprétation kabbalistique du mot Aur (Aleph, Vav, Resh) qui confirmerait ce sens d’énergie primordiale et solaire, mais il est confondant de voir à quel point il prend en Kabbalah le sens de l’or-matière première des alchimistes.
    Et la transmutation ? et bien, comme je l’ai souligné plus haut, tout semble possible en alchimie, tout et son contraire, et si la transmutation est une allégorie qui désigne la transmutation d’une matière en lumière, ou dans une moindre mesure l’ajout de lumière dans une matière, il semble qu’elle soit aussi une réalité au sens stricte, de nombreux témoignages l’attestent, mais je n’ai pas de photos à vous montrer pour confirmer la chose…

     Pour terminer sur une note réaliste et encourageante, contrairement à l’or de nos trésors, Aur, la lumière n’est pas incorruptible puisque c’est elle qui se condense pour former notre monde mortel, mais encore, contrairement à l’or de nos banquiers elle est gratuite et se donne à qui prend la peine de la recueillir, de la fixer, et de la rendre assimilable, comme l’est la Pierre des Philosophes…
    C’est sur cette note, cet encouragement à aborder la pratique alchimique que je vous laisse la préparation d’une petite merveille de l’alchimie. C’est un petit élixir qui contient tous les principes de cette voie des ossements, qui contient toute la méthode pour concentrer et fixer la lumière et l’absorber sans danger mais avec un bénéfice tout à fait réel malgré la discrétion des effets (c’est d’ailleurs aussi bien comme ça : la transformation intérieure est rarement une partie de plaisir…). C’est « L’Elixir solaire » que Stéphane Barillet avait publié dans le matériel offert quand il faisait la promotion de son premier cours « Le Grand Œuvre Alchimique ».
    Cet élixir se prépare quand on en a l’occasion, chaque jour si c’est possible. Il est susceptible de développements extraordinaires, mais c’est sous cette forme simple qu’il offre le plus bel exemple que je connaisse dans le travail alchimique d’équilibre entre douceur et efficacité.

    http://www.atelier-spagyrie.ch/pages/ressources-et-documents/l-elixir-solaire-de-stephane-barillet.html

    Matthieu Frécon, Sarreyer, juillet 2019