spagyrie

  • Les élixirs floraux du Dr. Bach sont-ils alchimiques/spagyriques ?

    Les élixirs floraux du Dr. Bach sont-ils alchimiques/spagyriques ?

    La question est intéressante parce qu’elle pose la question de ce qui est ou ce qui n’est pas alchimique/spagyrique.

    Ma position vient de ma propre pratique alchimique ou spagyrie. Je me considère comme un paysan-herboriste-spagyriste, même si je suis absolument débutant en matière agricole et en herboristerie.
    En effet, si j’ai bien retenu les leçons de mon ouvrage de référence, La Nature Dévoilée, qui nous explique que ce livre « n’a pas été pas écrit pour les philosophes de la ville mais pour les alchimistes qui vivent à la campagne et savent faire leur vin et leur choucroute » (citation de mémoire légèrement reformulée par moi…), je tiens à garder le lien avec la nature et les activités agricoles. D’ailleurs l’alchimie n’est-elle pas parfois qualifiée d’« agriculture céleste » ?
    Pour moi donc, l’alchimie ou la spagyrie sont des philosophies pratiques liées à d’autres activités liées à la vie de la ferme ou liées aux médecines naturelles, dont les élixirs floraux de Edward Bach font partie. Dans mon esprit, il n’y a pas l’alchimie ou la spagyrie d’une part, et le reste de la vie d’autre part, tout est lié et l’alchimie/spagyrie peut s’intégrer dans d’autres pratiques et vice-versa.

    Les élixirs floraux de Bach sont clairement un système thérapeutique très proche de l’alchimie puisqu’il s’agit d’extraire les propriétés médicinales d’une fleur par infusion dans l’eau sous l’action du soleil. La macération solaire est ensuite fixée par ajout d’alcool.
    La philosophie de ce système médicinal est toutefois différente de celle de l’alchimie puisqu’il est basé sur une interprétation de la vie et de la guérison propres à son inventeur, mais on retrouve des points communs dans le procédé de fabrication puisqu’il s’agit d’extraire le Soufre spagyrique (les propriétés de la plante) par la lumière solaire (Mercure spagyrique). L’alcool ajouté ensuite ne sert qu’à fixer la solution pour empêcher la décomposition.
    Il manque le corps de l’élixir, le Sel spagyrique, ce qui distingue l’élixir de Bach de l’Elixir spagyrique, mais cela n’est pas forcément incohérent et il existe bien des élixirs spagyriques traditionnels qui n’ont pas non plus ce sel dans leur composition.
    On peut conclure que la technique de fabrication des élixirs floraux de Bach est proche de la pratique spagyrique, ce qui n’est pas étonnant quand on sait que Bach possédait une solide culture hermétique.
    Par contre, la philosophie de cette médecine douce s’il en est, est fort différente de celle de la médecine alchimique puisque celle-ci, dans son essence se résume à considérer la « lumière » solaire comme étant la source de création de toute existence, et par-là, la source de réparation de tous les désordres de l’existence. Pour l’alchimiste, la lumière est donc la médecine universelle alors que les propriétés de l’élixir de Bach réside dans les propriétés de la fleur mise en macération (propriétés spécifiques à cette médecine particulière).

    C’est pour répondre à des besoins spécifiques que des médecines alchimiques plus spécifiques ont été développées, avec l’influence d’autres médecines naturelles, herboristerie ou autres. La spagyrie moderne par exemple est très souvent liée à l’herboristerie, parfois à l’astrologie (élixirs planétaires) &c…
    La médecine de Bach par contre, est une création originale de son inventeur qui a su être créatif tout en utilisant l’héritage traditionnel. Cet exemple nous montre que l’alchimie/spagyrie n’est pas limitée à une tradition séculaire, mais peut rester créative et évolutive, ouverte aux innovations et aux influences de notre époque.
    En fait, la tradition, c’est ça : une culture en évolution, pleine d’emprunts et d’innovations…

    Matthieu Frécon, Saunière, Février 2023.

  • La Spagyrie en Suisse

    La Médecine Spagyrique en Suisse

    La Suisse est le pays de Paracelse (1493-1541), créateur de cette branche de l’alchimie qu’il a appelé Spagyrie. Depuis, les alchimistes suisses et allemands ont plus que les autres développé cet aspect particulier de l’alchimie. Les Roses+Croix (société spiritualiste et humaniste allemande axée sur l’alchimie et la médecine) revendiquent l’influence de Paracelse dans la Fama Fraternitatis (1614) et la plupart des alchimistes germanophones sont influencés par le Médecin Itinérant. Deux devises peuvent exprimer la coloration particulière de cette école qui résument aussi la doctrine de Paracelse : « La Pierre ne sert pas à transmuter les métaux mais à fabriquer des remèdes pour soigner les maladies » et Imiter la nature. En France, au contraire, les alchimistes ont continué une voie plus « spirituelle » que l’on associe aujourd’hui au développement personnel qui est lié à la mystique chrétienne de la révélation divine. Mais les français n’ont pas cette relation forte avec la nature et avec les plantes qu’ont les suisses encore aujourd’hui.

    Je reviens de deux jours passés dans la ferme de Spagyros à Saint Brais, Jura suisse. Spagyros est l’un des producteurs de spagyrie couramment distribué dans les pharmacies Suisse avec Heidak et quelques autres. Pour les suisses, la spagyrie est d’abord une histoire de plantes et il est normal de cultiver soi-même ses plantes ou de les cueillir dans la nature. Le laboratoire est donc d’abord une ferme, avec ses cultures au centre de l’activité, et autour desquelles se trouvent les locaux de transformations : salles de préparation, de fermentation, de distillation, calcination &c... Les élixirs terminés sont expédiés au siège de la société qui se trouve quelque part dans la civilisation pour être conditionnés et distribués selon les normes Swissmédic en vigueur.

    Spagyros travaille avec le procédé Baumann, inspiré de Zimpel. Patrick Baumann a développé sa propre philosophie et ses propres pratiques. Pour résumer, les procédés Zimpel ou Baumann sont basés sur la fermentation des plantes, la séparation de leurs principes par distillation, puis calcination, pour enfin les réunir pour en faire l’élixir-mère. Avec patrick baumann

    Voici quelques souvenirs de notre discussion, quelques réponses qu’il m’a faites.
    (...) - Qu’est-ce que la spiritualité ?
    - Je dirais que c’est sortir de la matérialité, c’est voir ce qu’il y a derrière la matière.

    - En allant se promener dans la nature ? provoquais-je...
    - Je citerai Paracelse : « voir la lumière de la nature » plutôt.
    - Est-ce que c’est la vie ?
    - Oui, mais avec son aspect caché, que l’on apprend à lire derrière les choses communes.
    - Quel rapport fais-tu entre la santé et la spiritualité ?
    - La spiritualité nous donne le chemin, et avec ce chemin, le chemin de la santé.
    - Est-ce que tu penses qu’une santé idéale amène à une spiritualité, à un éveil ?
    - À un éveil à sa nature oui... (...)

    Avec Patrick Baumann

    La relation nature/santé/spiritualité est évidente pour les suisses... Il n’y a pas cette dichotomie entre le corps et l’âme, entre la santé de l’un et celle de l’autre, entre la vie profane et la sortie dominicale... La spiritualité ne se résume pas à une élection divine venue de l’au-delà, mais commence (au moins commence) dans le retour de l’homme sur son chemin, un chemin qui ressemble fort à un sentier de montagne... Personnellement, je pousse plus loin l’étude de la relation entre la santé et la spiritualité puisque je pense qu’une restauration physiologique idéale remet l’homme à sa juste place dans la nature, ce qui équivaut à une « réalisation » pour employer un terme utilisé dans les philosophies orientales pour désigner l’éveil, la libération. Mais j’ai déjà consacré plusieurs articles à cette question.

    Je dois encore préciser que la « spiritualité » des alchimistes de Spagyros, et la mienne avec, ne se limite pas à la relation nature/corps humain, mais que parler avec les plantes, chanter, et prier, sont évidemment d’un usage courant bien que discret. La pudeur et la pression de notre société matérialiste m’empêche de développer cette question ici.

    Paracelse uvres comple tes 5 volParacelse uvres comple tes page de garde

    Elixir du sue dois psychosophische gesellschaft Cette rencontre m’a évoquée mes visites à la Psychosophische Geselschaft de Stein (Appenzell), chez Anne-Marie Æschbach entre 1999 et 2006. Cette vénérable société mystique avait eu un laboratoire de spagyrie initié autrefois par Alexandre Von Bernus (Fondateur du Laboratoire Soluna -Allemagne, et gardien de la tradition R+C) et Frater Albertus (Albert Riedel, fondateur de la Paracelsius society, Salt Lake City, USA). Entre les Messes Gnostiques crowleyennes
    Elixir du Suédois produit par la Psychosophische Gesellschaft               Les œuvres complètes de Paracelse, dans la bibliothèque de Spagyros
    hebdomadaires et les rituels hermétiques/rosicruciens, les membres de la confrérie travaillaient au laboratoire spagyrique et à la station de recherche écologique dans les années 60’ à 80’. La sensibilité était un peu plus
    occultiste, et pourtant la proximité avec la nature et avec la santé restait majeure.

    Pendant mon activité au sein des Philosophes de la Nature (LPN), je me souviens d’un stage avec l’alchimiste suisse tessinois Augusto Pancaldi, le maitre de Manfred Junius, qui nous avait beaucoup parlé symbolisme alchimique universel, mais aussi spagyrie et élixirs médicinaux.

    Pre parations suhalia Entre les deux guerres, vers 1928, il y avait eu Suhalia, le laboratoire de Schwaller de Lubicz à St. Moritz (Grisons) et qui produisait des élixirs spagyriques, de l’homéopathie, et une liqueur spiritueuse spagyrique, la « Liqueur des 3 feux » fabriquée selon la vieille charte (Schwaller de Lubicz était un alchimiste qui avait participé à l’aventure Fulcanelli à la « belle époque » parisienne). Et bien d’autres encore qui ont participé à cette tradition de la médecine alchimique paracelsienne et de la proximité avec la nature.

    Liqueur 3 feux

    Aujourd’hui, l’autre producteur d’élixirs spagyriques très connu en Suisse romande est Heidak, qui travaille également avec une ferme particulière entièrement dédiée au laboratoire. Moi-même, je ne conçois pas de déconnecter mon travail de laboratoire de mes propres récoltes, même si je suis plus sensible au travail de la lumière (la materia prima alchimique) qu’à l’herboristerie à proprement parler.

    Pourquoi la situation est-elle différente en France? La raison vient de la politique menée par les pharmaciens qui commence avec la loi du 10 mars 1803 relative à l’exercice de la médecine par Napoléon et qui culminera sous l’état de Vichy en 1942 avec la création des ordres des médecins et des pharmaciens au détriment des droguistes, apothicaires, et bien sûr, des herboristes. Ces règlementations empêcheront la survivance des paysans-transformateurs-prescritpteurs de plantes médicinales. Le développement de l’industrie pharmaceutique qui préfère utiliser les médicaments artificiels qu’elle seule peut fabriquer achèvera les médecines naturelles et la multiplicité des pratiques.

    On peut quand-même rêver de l’existence de paysans-herboristes-naturopathes qui pourraient prescrire les préparations phyto ou spagyriques qu’ils auraient préparées avec leurs propres récoltes... C’est encore possible en Suisse sous certaines conditions, pour l’instant...

    Belles plantes alambic

    Ne perdons pas espoir : lorsque le dernier politicien sera mourru empoisonné par le dernier poison produit par le dernier labo pharmaceutique, les fleurs pourront recommencer à fleurir dans nos montagnes et nos vallées, nous expliquer où est le bonheur et comment soigner nos enfants... Ça reviendra !

    Merci à Patrick Baumann, et l’équipe de la ferme de Malmaison de Spagyros : Nelly, Christian, et Yannick pour l’accueil et l’échange de savoirs.

    Merci à Ijnuhbes pour les images du laboratoire de Schwaller de Lubicz (https:// www.youtube.com/watch?v=j38lPBaYfgg)

  • La spagyrie et les plantes au XXI° s.

    La spagyrie et les plantes au XXI° s. 00 tiges d absinthes en fermentation avant calcination 1

     

    La spagyrie telle que Paracelse l’a définie au XVI° s. a beaucoup évoluée. Il s’agissait au départ d’un ensemble de domaines de la connaissance (Alchimie, Philosophie, Astrologie, et Vertu) destiné à former des médecins-alchimistes (« La pierre philosophale ne sert pas à transmuter le plomb en or mais à faire des remèdes pour guérir les maladies » Paracelse). Après Paracelse, la spagyrie deviendra un ensemble de techniques de préparation des végétaux pour faire des remèdes basée sur une philosophie alchimique plus ou moins paracelsienne et est aujourd’hui souvent très proche de l’herboristerie.


    00 distillation solaire de miel Au XX° s., le spagyriste travaille souvent à partir d’une extraction des principes actifs d’une plante dont la vertu dépend d’un mélange de ses vertus phytothérapeutiques et de son attribution planétaire, laquelle vient d’une forme d’astrologie développée par la science hermétique. À ce moment là, la connaissance de l’alchimie s’était réduite à l’utilisation de quelques techniques (fermentation distillation, et calcination) et de quelques symboles abstraits. La connaissance de l’herboristerie était au siècle dernier elle-aussi réduite à quelques souvenirs désuets.

    Le XXI° s. a vu un magnifique renouveau de l’herboristerie et des médecines naturelles (phyto, naturopathie &c…) ainsi qu’une véritable renaissance de l’alchimie avec une redécouverte de ses principes philosophiques profonds (après les publications de Stéphane Barillet par exemple). De plus, l’édition systématique de l’œuvre de Paracelse en français (notamment chez Beya) permet de mieux comprendre le père de la spagyrie et nous aide à sortir des clichés qui en avaient créé une image très simpliste au XX° s.
    Il est normal de s’attendre une renaissance de la spagyrie aujourd’hui, qui commence à peine à poindre.

    Fort de ces nouvelles avancées dans ces trois domaines (alchimie, herboristerie, bibliographie de Paracelse), que sera la spagyrie du XXI° s. ?

    Paracelse est un auteur complexe, personne n’en doute, et le plus beau de ses paradoxes est qu’il a su donner une impulsion et un cadre à une nouvelle médecine, qu’il a posé les bases d’une philosophie, qu’il a donné des exemples d’applications de son système de pensée, et aussi qu’il semble qu’il ne les ait pas toujours suivis… Paracelse est un personnage complexe : il a deux maîtres, l’évangile et la nature ! Quoi de plus opposé qu’une doctrine basée sur la foi en l’au-delà (l’évangile) et un champ d’expérimentation qui ne soufre aucune théorie mais se base exclusivement sur l’observation et l’expérimentation (la nature) ? Et encore, à propos du christianisme évangélique de Paracelse, faut-il noter cette injonction étonnante (« Traité sur l’art des présage », in La grande philosophie, Beya 2021) : «… l’homme ne doit se soucier que du jour présent…» S’occuper de son âme, oui, compter sur l’au-delà, plus question ! le christianisme de Paracelse est teintée d’une philosophie bouddhiste ou taoïste sans le savoir (l’attention à la présence).
    De ces idées fortes, de ses propres paradoxes, et de sa puissante Vertu, Paracelse a donné une impulsion qui aidera ses suiveurs à créer ce qui deviendra, sous une forme ou une autre, la spagyrie. « Voici des idées fortes, voici ma vie, prenez et faites la vôtre selon votre nature » semble nous dire Paracelse. C’est la raison pour laquelle il n’est pas plus facile de définir ce qu’est la spagyrie que ce qu’est la musique ou la beauté, chacun sa nature, chacun sa spagyrie.

    La question dans cet article se pose surtout à propos de la relation entre l’héritage de Paracelse et l’évolution actuelle des médecines naturelles. Il est certain que les connaissances médicales de nos naturopathes, herboristes &c… contemporains sont magistrales : physiologie, bio-chimie, techniques d’analyses &c… et le spagyriste ne peut pas ignorer cette évolution de la connaissance.

    La spagyrie restera-t-elle une branche de la phytothérapie comme on l’a souvent entendu au XX° s. ?
    Ce serait dommage. La spagyrie et l’héritage de Paracelse sont extrêmement riche de théories et de pratiques qui ont leur rôle dans la mise en perspective réciproque de l’alchimie et de l’herboristerie. L’alchimiste et sa médecine universelle et l’herboriste avec sa matière médicale foisonnante comme une prairie de montagne en été ont tout à gagner à se rencontrer et échanger leurs « trucs » (expression de Rabelais). La vraie rencontre se fera dans la connaissance que l’un aura de l’autre.

    La spagyrie restera-t-elle une branche secondaire de l’alchimie (à nouveau comme on l’a souvent entendu au XX° s.) ?
    La spagyrie n’a jamais été une branche secondaire de l’alchimie parce que l’art de guérir les malades n’a jamais été secondaire par rapport à l’élection divine tant attendue de certains rêveurs. Les rapports entre santé et spiritualité sont, à mon avis, une clé majeure pour la compréhension de la spiritualité.
    Savez-vous que les grands élixirs sont toujours adaptogènes ? Les élixirs et pierres alchimiques agissent sur les glandes et leur harmonisation permet une régulation de la production d’hormones qui peuvent alors jouer leur rôle de régulateur du corps.
    Savez-vous pourquoi et comment cela fonctionne-t-il ? Et bien la clé des conditions de certains états d’extases mystiques, de satoris et autres samadhis se trouve dans le fonctionnement du système nerveux (par les rapports entre le nerf vague et le bon fonctionnement du système parasympatique, avec les implications sur les organes, le foie en particulier).
    Savez-vous que les herboristes connaissent tout cela parfaitement alors que les alchimistes se satisfont encore parfois de systèmes symboliques abstraits, basés sur des doctrines vérifiées par les synchronicités (Jung définissait deux formes de pensées, complémentaires mais non interchangeables : la pensée causalistique, basée sur les relations chronologiques de causes à effets, et la pensée synchronistique basée sur les relations simultanées, irrationnelles, et qui forment toutes deux les éléments constitutifs de notre conscience). C’est peut-être dommage !

    00 pierre de roseMon souhait avec ce petit article est de voir les spagyristes prendre toute la mesure de leur pratique qui n’est d’aucune manière secondaire dans la mesure ou la spagyrie est une approche exigeante et satisfaisante de l’alchimie, et, particulièrement efficace, qu’elle est très complémentaire des médecines naturelles contemporaines dont nous avons tant besoin en cette période de grippe…

    Matthieu Frécon, Sarreyer, hiver 2021.

    La Grande Philosophie est publiée par https://www.editionsbeya.com/collection

  • Stages spagyrie, distillation &c… Eté/automne

    Programme des stages avec Matthieu Frécon Été/Automne 2021

    Juillet

    Distillation spiritueux, pour les distillateurs amateurs et futurs pros.
    Matthieu Frécon et Baptiste François
    En Cantal, France, les 10/11 juillet. Distillation spiritueux et diverses préparations alcools le week-end. Le lundi 12, Baptiste, notre hôte, fera une journée pour les questions administratives pour les futurs distillateurs.
    Renseignements et inscriptions : Baptiste à contact@-distilleriebaptiste.com

    Spagyrie, alchimie végétale
    Matthieu Frécon
    En Isère, France, à la Sauge et le Cosmos, les 16/17/18 juillet. Spagyrie et alchimie végétale, philosophie, théorie, et surtout pratique de l’alchimie des plantes, fabrication d’un élixir, diverses préparations alchimiques (sels, rosée, distillations, calcinations &c…), galénique et posologie des élixirs…
    Renseignements et inscriptions : Simone à simone.sarah.chabert@lasauge.org

    Août

    Alchimie végétale et plantes guérisseuses avec Jessica Blum
    Avec Matthieu Frécon et Jessica Blum, les 12/13/14/15 août
    À Avioth (Meuse, France). Spagyrie, alchimie végétale, distillation de plantes et esprits de vin, transformations et préparations de plantes médicinales, herboristerie &c…
    Renseignements et inscriptions : Jess à jessica.blum@hotmail.fr

    Septembre

    Distillation spiritueux spécial gins, absinthe… avec Florence Thiéblot
    En Valais (Suisse) avec Matthieu Frécon et Florence Thiéblot les 4/5 septembre
    Distillation spiritueux, préparations d’alcools de plantes, de la culture à la dégustation…
    Renseignements et inscriptions : Matthieu à matthieu.distillation@protonmail.ch

    Alchimie végétale et plantes guérisseuses (sous réserve) avec Jessica Blum
    Avec Matthieu Frécon et Jessica Blum, les 7/8/9 septembre
    À Saunière (Côte d’Or, France). Spagyrie, alchimie végétale, distillation de plantes et esprits de vin, transformations et préparations de plantes médicinales, herboristerie &c…
    Renseignements et inscriptions : Matthieu à matthieu.distillation@protonmail.ch

    Distillation spiritueux. Pour amateurs et futurs pros.
    En Cantal, France, avec Matthieu Frécon les 11/12 septembre
    Distillation alcools, techniques, préparations.
    Renseignements et inscriptions : Baptiste à contact@-distilleriebaptiste.com

    Octobre

    Distillation alcools, distillation plantes aromatiques, alchimie végétale et plantes guérisseuses avec Jessica Blum
    En Cantal, France, avec Matthieu Frécon et Jessica Blum les 1/2/3 octobre.
    Autour des alambics, spiritueux, plantes aromatiques et médicinales, spagyrie, alchimie, herboristerie et préparations végétales pour le corps et pour l’âme.
    Renseignements et inscriptions : Baptiste à contact@-distilleriebaptiste.com

    Voir les programmes et agendas sur ce site, sur le site de Jessica Blum : https://www.jardinalchimique.com/ et celui de Baptiste François : https://distillerie-baptiste.com/

  • Un laboratoire spagyrique dans une distillerie coopérative ?

    Un laboratoire spagyrique dans une distillerie coopérative ? Cornue jb

    Vous savez que dans le domaine de la spagyrie (alchimie), mes pratiques personnelle et professionnelles sont très intimement liées. Vous savez aussi que mes activités de spagyriste et de distillateur (spiritueux et PPAM) sont également indissolublement liées. Les possibilités des unes enrichissent les autres, les contraintes deviennent des atouts, et le résultat est un fonctionnement général cohérent qui évite les fractures communes entre son métier et ses passions, entre la vie spirituelle et la vie matérielle. Le cadre de tout cela est une ferme (culture et transformation de plantes).
    Depuis 2017, cette ferme est perchée dans les montagnes du Valais (Suisse), je ne vous en fait pas plus longtemps la description, vous connaissez Edelweiss Distillerie

    Belles plantes alambicPeut-être êtes-vous déjà venu chez nous à l’occasion de stages distillation ou spagyrie. Vous avez pu voir le laboratoire de spagyrie, et l’utiliser… Il arrive que des collègues alchimistes ou d’anciens stagiaires viennent et utilisent le lieu et le matériel pour travailler quand ils ne le peuvent pas chez eux. Ce partage s’intègre dans une habitude de solidarité fraternelle dans le milieu alchimiques : les mieux installés aident souvent les nouveaux venus, les "bons plans" de matériel sont partagés, et les laboratoires sont transmis gracieusement au départ de l’un de nous comme cela vient d’arriver avec le laboratoire de notre vieil ami Joël Bruno que sa famille nous a fraternellement confié et qui est déjà en partie redistribué, et en partie utilisé ici. J’avais déjà dans un article précédent fait état d’un labo qu’un ancien membre des Philosophes de la Nature (LPN) m’avait confié, puisqu’il ne pensait plus l’utiliser ( https://www.atelier-spagyrie.ch/blog/voyages/fab-lab-spagyrique.html ). Le projet d’alors, « FabLab Alchimique » s’est tranquillement concrétisé et le projet d’aujourd’hui devrait en être l’aboutissement.

    Nous ouvrons notre lieu et matériel à une coopérative destinée aux professionnels et aux amateurs dans les domaines de la distillation (spiritueux et plantes aromatiques), de la transformation (cosmétiques &c…) et de la spagyrie. Le matériel et les locaux devront être améliorés pour pouvoir être partagés et les laboratoires pourront être mis à disposition de spagyristes amateurs ou professionnels (en Suisse, il existe de nombreux laboratoires de spagyrie distribuant leurs élixirs dans les pharmacies, drogueries &c…).Alchimie sur fond ve ge tal

    Si vous êtes intéressé par ce projet pour y participer, ou pour vous en inspirer (les formes de collectivismes sont appelées à se développer pour survivre dans un monde de plus en plus déshumanisé qui nuit aux relations sociales et humaines), je vous mets le projet ici : Distillerie coope rative de bagnes 18 01 2021 re vise le gerdistillerie-coope-rative-de-bagnes-18.01.2021-re-vise-le-ger-.pdf (3.98 Mo) .
    Ce projet ne s’adresse d’ailleurs pas qu’aux suisses et vous pouvez participer depuis France ou ailleurs… N’hésitez pas à me contacter pour en discuter !
    L’Assemblée constitutive se tiendra samedi 30 janvier par ZOOM (pour participer, il vous faut m’écrire rapidement pour avoir les codes - matthieu.distilation@protonmail.ch). Je vous tiendrai au courant de la suite des évènements.

    À bientôt ! et n’oubliez pas que l’on est nombreux à avoir envie de se retrouver et de partager ! Plan de travail solaire

    Matthieu, Sarreyer, 26 janvier 2021

  • Introduction à une Matière Médicale Spagyrique

    Introduction à une matière médicale spagyrique Paracelse

    La spagyrie, autrement dit la médecine alchimique paracelsienne et post-paracelsienne, a comme particularité que son fondateur (Paracelse, Suisse allemanique, 1493-1541) a présenté sa philosophie disséminée dans plusieurs écrits, et un certain nombre de principes de fabrications très divers dans diverses autres parties, et enfin, quelques exemples de fabrication et de prescriptions de remèdes ça et là dans son œuvre vaste et décousue.
    Cette façon de proposer une nouvelle médecine est originale et d’autres inventeurs de systèmes thérapeutiques, postérieurs, présenteront leurs médecines de façon plus cohérente, et donc plus figée et mieux définissable. Par exemple Hahnemann présente les fondements théoriques de l’homéopathie ainsi que les procédés de fabrication des remèdes dans son Organon ou Art de guérir (1810), la matière médicale détaillée sera présentée dans sa Matière Médicale Homéopathique (1811 à 1821). À partir de ce moment, l’homéopathie pourra évoluer, mais ses bases sont bien connues. De même, lorsque Edward Bach publiera son livre La guérison par les fleurs (1931) tous les éléments de son système thérapeutique seront posés (philosophie, procédés de fabrication des remèdes, matière médicale). Les principes de l’aromathérapie sont précisément définis dans les publications de Gattefossé (naissance de l’aromathérapie vers 1912) &c… Au contraire des précédents qui datent d’époques récentes, l’herboristerie (tisanerie ou phytothérapie) s’est graduellement développée au cours du temps depuis les débuts de l'humanité et les découvertes et innovations s’ajoutent librement au corpus traditionnel au fur et à mesure de la pratique. C’est l’acceptation générale de ses innovations par les praticiens qui les valident et qui enrichit cette médecine végétale traditionnelle bien définie.

    Comme je l’ai dit plus haut, la spagyrie n’offre pas du tout la même situation.

    Les principes de la spagyrie sont ceux de l’alchimie, ce qui ne les rend pas forcément très lisibles. Ils ont été redéfinis sans méthode par Paracelse qui est un esprit indéniablement génial mais pressé dont l’œuvre semble avoir été écrite d’un trait de plume, sans ordre et sans relecture à une époque trop reculée, le début de la Réforme luthérienne, pour être facilement assimilable par les générations suivantes. Les procédés de fabrication et les matières premières utilisées sont également très disparates et sont parfois destinés aux thérapeutes pour faire des remèdes, ou parfois au contraire à des alchimistes en quête de ce que nous appellerions aujourd’hui le développement personnel.
    Le résultat est que la spagyrie s’est beaucoup développée et a perduré depuis 500 ans, sans pour autant qu’une forme dominante se soit imposée. 500 ans après Paracelse, la spagyrie reste polymorphe et presqu’indéfinissable… Les pseudo-définitions de Paracelse ne seront d’aucun secours pour définir son invention : Citons « La spagyrie est l’art de séparer le vrai du faux » n’a aucun sens hors de son contexte, sinon celui qu’il nous arrange de lui donner… et « la spagyrie est un art comprenant la philosophie, l’astronomie (et astrologie), l’alchimie, et la vertu (la prédestination) » ne définit pas la chose, mais précise seulement ses composants et indique sa complexité.

    La tradition depuis, a souvent définit la spagyrie comme étant plus ou moins une branche de la phytothérapie dont les teintures ont été augmentées des sels minéraux des plantes calcinées, ce qui n’est ni juste ni faux, et ne donne pas d’idée précise du procédé de fabrication ni de sa matière médicale, encore moins de la philosophie qui préside à cette médecine.

    La plupart des fabricants de remèdes spagyriques aujourd’hui ont une philosophie, leur conception personnelle de la vie et de la santé, plus ou moins originale, et utilisent des procédés personnels plus ou moins proches des principes fondamentaux qui consistent à faire fermenter la plante utilisée, la distiller, et la calciner (mais comment, pourquoi, et dans quel ordre ?). Leur matière médicale (catalogue de remèdes) est souvent inspirée de la phytothérapie avec des ajouts divers puisque notre époque permet facilement un syncrétisme de systèmes de pensées sans qu’une puissante cohérence soit nécessaire (par exemple : vertu phyto de la plante + apparence (attribution planétaire) + données de l’arbre de vie kabbalistique avec les 4 éléments + kinésiologie).
    Mon but n’est pas ni de critiquer cet état de fait ni de proposer une solution définitive puisque j’apprécie cette pluralité de pensée et cet état instable qui caractérise la recherche dynamique. Je vais plutôt proposer une analyse de deux tendances dominantes dans ce que je connais de la spagyrie pour établir une sorte de carte qui permettra peut-être au lecteur de se situer dans son approche de la spagyrie.

    Sorcie re alchimiste
    Je distingue deux tendances dans les matières médicales des spagyristes que je connais, amateurs ou professionnels. En effet, l’alchimiste qui se cache normalement derrière le spagyriste a une philosophie inspirée de la culture qui à vu naitre l’alchimie occidentale actuelle : le moyen-orient antique. C’est aussi une culture qui à développé le concept de monothéisme et l’alchimiste sait que la création toute entière est issue d’une source unique (appelée Dieu). L’énergie créatrice originelle qui a la capacité de créer la vie est supposée avoir également la capacité de la restaurer, de la guérir des désordres de l’existence. C’est le concept de « Médecine universelle ». L’alchimiste, et le spagyriste après lui, cherchera la « médecine universelle » qui guérira tous les maux. Une telle médecine peut exister, je n’en doute pas, mais elle ne peut être appliquée à aucune situation actuelle puisque l’on sait qu’il n’est pas envisageable de se débarrasser de tous nos problèmes en une seule fois sans que la « guérison » soit fatale au patient. En effet, le remède serait tellement puissant que nous ne pourrions supporter la transformation et qu’il deviendrait un poison (« C’est le dosage qui fait qu’un remède peut devenir un poison et un poison un remède » Paracelse). La guérison du corps comme celle de l’âme ne peut donc se faire que progressivement.
    C’est la tendance Médecine universelle de l’alchimiste.


    Au contraire de cette tendance parfois austère, mais riche d’une philosophie fertile, on trouve la tradition - historiquement plutôt payenne - de l’herboristerie populaire. Les peuples au contact de la nature ont découverts les vertus thérapeutiques des plantes et divers moyens pour les préparer. L’herboristerie, la tisanerie, et puis bientôt la phytothérapie (extractions alcooliques ou acétiques végétales) vont proposer une matière médicale complexe qui ne comprend d’autre philosophie que l’expérience naturelle et qui, au contraire de la première, perçoit la nature dans sa multiplicité. Cette voie est plus naturelle (expérimentale et concrète) et non-conceptuelle. Ses praticiens semblent avoir plutôt été des praticiennes, sorcières ou « bonnes-femmes »… Le but est la guérison du corps, la guérison de « l’âme » n’est pas spécifiquement développée, mais est plutôt considérée comme étant un développement naturel de la guérison du corps.

    Paracelse eut une pratique humaniste de la médecine, ce qui l’amena à fréquenter plus de paysans que de cercles de philosophes ou de sophistes. Il a été visiblement influencé par les pratiques de médecines populaires et il a mêlé des recettes ou des plantes utilisées par cette médecine populaire issue de ces traditions paysannes avec sa philosophie monothéiste alchimique.
    Le mélange de ces deux visions a priori opposées (alchimiste monothéiste - médecine universelle - et sorcière payenne - multitude de plantes aux vertus diverses) est l’une des caractéristiques de la matière médicale de la spagyrie et il est salutaire d’en prendre conscience. En effet, les producteurs de médecine spagyrique ne formulent pas clairement ces tendances et ne placent pas toujours le curseur de leur système de façon très consciente.

    Dans la première tendance, c’est la qualité d’énergie créatrice originelle qui va définir la vertu de la médecine. C’est la lumière contenue dans le remède. C’est la qualité « Mercure » spagyrique du remède.
    Dans la seconde, c’est la vertu spécifique de la plante utilisée qui va définir la vertu de l’élixir. C’est le côté « Soufre » spagyrique.

    Tous les élixirs spagyriques contiennent les deux aspects. Leur puissance et leur adéquation à résoudre divers maux dépendra de l’équilibre. Bien définir ces deux paramètres permet de doser et de donner une direction au remède.

    Les laboratoires qui proposent une grande quantité de produits penchent souvent vers l’aspect Soufre et leur matière médicale est souvent largement inspirée de la phytothérapie. Les spagyristes qui n’offrent qu’une quantité restreinte de remèdes sont souvent très marqués par la philosophie unitaire de l’alchimie (Mercure), ils ont souvent une philosophie originale et puissante et des procédés de fabrications très personnels. Leurs remèdes ont souvent un très large spectre d’effets.

    Personnellement, j’oscille entre les deux aspects de la spagyrie. J’essaie de tendre vers des médecines « universelles » tout en dosant la puissance d’action en choisissant les procédés de fabrications, et en donnant une direction plus ou moins spécifique en choisissant la matière première (plante). Le remède doit donc avoir une direction verticale (puissance) et une direction horizontale (vertu spécifique) bien définies.
    De ceci, on peut facilement comprendre que tant la matière médicale que les procédés de fabrication de la médecine spagyrique ne peuvent être réduits à une méthode unique, facilement identifiable, une méthode « acceptée ». La spagyrie restera finalement ce que la philosophie du spagyriste lui permettra de concevoir, dans le cadre prévu par l’alchimie d’une part (philosophie et pratiques de fabrication) et de l’herboristerie d’autre part (matière médicale, vertus des plantes).

    Je n’aurai donc pas vraiment répondu à la question initiale, mais au moins, j’aurai tenté d’expliquer pourquoi, ce qui, je l’espère, permet de déplacer la question de façon satisfaisante…

    Quelques exemples :
    Les suisses ont le choix entre de nombreux producteurs d’élixirs spagyriques d’excellentes factures. Les plus connus en Romandie sont Heidak et Spagyros, j’aurais pu encore citer Phylak si j’avais pu rencontrer un responsable et mieux connaître ce laboratoire. On trouve aussi Elixalp (Toni Céron, Orcier, France), et les petits flacons de Edelweiss Distillerie que nous distribuons dans le cadre de notre ferme valaisanne. Je dois évidemment citer les nombreux spagyristes amateurs qui soignent bénévolement (une tradition qu’ont exprimés les R+C qui faisaient le serment de « Faire profession de médecin à titre bénévole », Fama Fraternitatis, 1614) et qui entretiennent la vitalité de la spagyrie. Pierre de vin

    Cette liste va des producteurs les plus professionnels aux plus amateurs :

    Heidak : Laboratoire professionnel santé, procédé Zimpel, importante matière médicale issue de la phyto + quelques remèdes particuliers (+ de 200 produits). Large diffusion en pharmacies &c…
    Spagyros : laboratoire professionnel santé, procédé Baumann (inspiré de Zimpel), importante matière médicale issue de la phyto + quelques remèdes particuliers (+ de 200 produits). Large diffusion en pharmacies &c…
    Elixalp : laboratoire professionnel compléments alimentaires, procédé personnel inspiré de Albertus et autres, importante matière médicale personnelle inspirée de la phyto et d’éléments symboliques (+ de 200 produits). Faible diffusion dans le domaine des compléments alimentaires.
    Edelweiss Distillerie : Entreprise agricole alimentaire, divers procédés traditionnels ou personnels souvent inspirés de S.Barillet. Matière médicale réduite à quelques élixirs (- de 10 produits). Diffusion confidentielle par le site internet de la distillerie.
    Spagyristes amateurs divers : amateurs. Ce sont des alchimistes qui ont développés une pratique personnelle et une pratique de soin à partir de leurs réalisations souvent uniques tendants vers une médecine simple et universelle (entre 1 et 5 produits). Pas de distribution, pas de commerce, diffusion confidentielle souvent limitée à la famille et aux amis. Ces derniers, à l’image des guérisseurs chrétiens des campagnes et des rebouteux, sont nombreux et discrets. Les laboratoires et les professionnels cités dans cette liste sont toujours nés des développements d’un laboratoire amateur personnel. Je rajouterai que c'est dans cette catégorie que se trouve le spagyriste que je considère comme étant le plus puissant thérapeute parmi les disciples d'Hermès. Il offre son unique remède qu'il fabrique dans son sous-sol, et obtient des résultats dignes de Paracelse… Ne me posez pas de questoin sur son identité, je travaille à présenter son travail et son système, c'est pour bientôt… (Hé oui, l'alchimie a toujours  ses petits mystères ! ;-) )

    Matthieu Frécon, Sarreyer, 11 janvier 2021

    Laboratoire alchimique

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  • Les élixirs spagyriques, à quoi servent-ils ?

    Les élixirs spagyriques, à quoi servent-ils ?
    Une réflexion entre le corps et l’âme, entre la santé et la spiritualité

    0. Introduction
    1. Guérir
    2. Soutenir une activité mystique
    3. Amener à une expérience mystique
    Mutus liber planche xv


    L’alchimiste ou le spagyriste amateur n’a pas toujours une idée claire du but de ses recherches. En général, lorsqu’il fabrique un élixir, il a plus ou moins un but à l’esprit : la préparation à l’expérience mystique, ce qui est un concept aussi prometteur que vague ; ainsi que la santé, ce qui est une spécialité des plus nobles et toutefois un bon début.
    Je vous propose  de dégrossir un peu la question de la relation entre la santé et l’expérience mystique, et de préciser autant que possible les possibilités qu’offre l’élixir spagyrique (ou alchimique, les deux termes sont, comme toujours avec moi, interchangeables
    (1) ).

    (Mutus Liber, planche XV)

    1. Introduction
    L’histoire de l’alchimie depuis son introduction en occident avec la conquête arabe au début du moyen-âge est intimement liée à la médecine. Les bases du travail végétal et alcoolique sont posées dès le début et les alchimistes ont toujours eu au moins un pied dans la médecine.
    Il est clair aujourd’hui que l’alchimie paracelsienne à pour but l’amélioration de la santé (« l’Alchimie ne sert pas à transmuter le mercure en or mais à préparer des remèdes pour guérir les maladies » Paracelse, cité par Lucien Braun). Et le but le plus noble du travail alchimique est certainement la préparation de remèdes pour recouvrer la santé.

    Je me souviens d’une discussion avec l’un des quelques alchimistes qui ont marqué mon aventure alchimique, un alchimiste puissamment original dont l’unique préparation était une sorte de médecine universelle magistrale destinée à guérir les maladies. Je lui demandais « …et sur le plan intérieur, qu’est-ce que ça donne ? » et lui, peu disposé à perdre son temps avec des questions stupides : « Sur le plan intérieur ? et bien… pas grand chose… ». Comment est-ce qu’une préparation comme la sienne, issue d’un travail typiquement alchimique, qui était aussi puissante sur le plan de la santé, ne pouvait pas avoir d’effet sur le plan spirituel ? Et bien tout simplement peut-être que la spiritualité, c’était la santé ultime ? et que la santé parfaite répondait à toute question spirituelle. Autrement dit, un fonctionnement parfait du corps dans toutes ses fonctions se révélait être une réalisation telle que l’on décrit la réalisation « spirituelle ». Peut-être que la conscience dépend tout simplement très intimement du bon fonctionnement du corps et de l’état de ses organes ?
    Cette apparition de la chimie de la conscience a été largement répandue avec l’expérience psychédélique des années 60’. C’est à ce moment que Timothy Leary, le « Pape » du LSD (titre plutôt parlant pour notre propos d’ailleurs !) déclare que la conscience a une origine chimique et que l’on peut la modifier par la chimie. Son ami Alan Watts étudiera les similitudes entre l’expérience psychédélique et le Satori obtenu par sa pratique du bouddhisme Zen.
    Mais l’objet de cet article n’est pas de développer les relations entre l’expérience alchimique et l’expérience psychédélique, et de réfléchir à la question qui pose la Pierre des Philosophes comme étant un psychotrope. C’est un sujet sujet passionnant que je réserve pour plus tard… Au contraire, l’objet de cet article est de préciser dans quelle mesure l’élixir, la Pierre (pour rappel, « Elixir » est un terme arabe qui signifie « La Pierre ») peut faire réaliser à quel point un corps sain est une âme saine, pour paraphraser le célèbre adage « Mens sano in corpore sano ».

    Au cours des nombreuses expériences alchimiques que j’ai partagées avec mes amis, j’ai découvert qu’il était possible, et très souhaitable, de développer un vocabulaire décrivant l’expérience spirituelle, ou au moins les expériences subséquentes aux prises d’élixirs. Les thérapeutes qui ont accompagnés ces recherches, principalement ostéopathes et naturopathes, m’ont donné les mots pour décrire les effets que l’ont pensait auparavant « indicibles », puisqu’il est convenu que « l’expérience spirituelle est indicible », expression que je n’ai jamais trouvée satisfaisante, ni utile (sauf pour arnaquer le pigeon et conserver une distance prudente entre l’« initié » et son disciple). C’est comme cela que j’ai d’abord pu décrire ce sentiment d’agréable frisson autour et au-dessus de la tête, sensation si fréquente avec les élixirs puissamment énergétiques comme une remise en route du liquide céphalo-rachidien, lequel liquide est d’ailleurs mis en route par le système nerveux para-sympathique, et peut-être plus particulièrement le para-sympathique central. Ce même système para-sympathique central est repéré par des techniques de thérapies modernes proche de la spiritualité comme jouant un rôle majeur dans les états de Satoris… Sympathique non ?
    Ces pistes sont prometteuses et permettent non seulement de mieux identifier et mieux partager l’expérience « spirituelle », mais aussi de développer des techniques adaptées pour produire cette expérience.
    Alors, nostalgiques des grands mythes éternels, ne voyez pas dans ce développement rationnel et scientifique une concurrence déloyale ! Bien au contraire, l’opportunité est trop belle de remettre le corps humain au centre du processus initiatique, même si les conclusions que l’on en déduira devront être légèrement révisées puisqu’il est maintenant clair que l’extase mystique n’est plus l’appel téléphonique d’un Céleste Surhomme (assis sur un nuage pour être clair), mais peut-être simplement le ressenti d’un homme dont le fonctionnement naturel est juste… parfait !
    Bien, nous avons répondu à la question naïve à laquelle mon ami refusait de répondre « et sur le plan spirituel, ton remède, il fait quoi ? ». D’ailleurs son acuité au monde et sa relation à la nature étaient une réponse et une indication suffisantes.

    Cette introduction terminée, je vous propose de voir trois aspects de l’utilité de l’élixir alchimique/spagyrique.

    1. La santé
    Les alchimistes classiques comme les spagyristes paracelsiens ont pour une immense majorité fait profession de médecins. L’alchimie appliquée à la médecine, c’est un peu comme le sport et le bien-être du corps ou l’apéritif et la cordialité, il est difficile de les séparer…
    Les élixirs végétaux, particulièrement connus depuis Paracelse existent depuis toujours et sont en plein renouveau. Le Gui de Chêne à une excellente réputation pour lutter contre le cancer, les élixirs de Miel et de Vin sont des toniques, l’élixir d’Absinthe règle les problèmes de ventre (digestion et génitalité), la Pierre de Rose aide à se libérer des dépendances &c… Ici, la clé est l’harmonie entre les principes de l’alchimie (aspect médecine universelle, côté Mercure) et les vertus naturelles des plantes (reconnus en phytotérapie en général, aspect Soufre). L’art de l’alchimiste et sa « Vertu » (au sens Paracelsien du terme : prédestination, don naturel) feront la différence.
    Cet aspect de la médecine alchimique/spagyrique, est en plein développement actuellement, et je suis heureux d’y contribuer modestement.

    2. Soutenir une activité mystique
    C’est un aspect très intéressant de l’alchimie que de produire des élixirs qui vont stimuler les fonctions vitales au point d’aider l’alchimiste dans un travail initiatique parallèle. Par exemple, j’ai le souvenir d’avoir été plusieurs fois mis en condition pour entreprendre des ascèses méditatives très contraignantes, avec un soutien physique et psychologique important en prenant l’une ou l’autre de mes médecines alchimiques dont le but est de renforcer la vitalité (considérée du point de vue de la médecine universelle). Je m’explique. Certains élixirs alchimiques sont orientés vers un aspect de la guérison : ils règlent plutôt un problème particulier. D’autres cherchent à contenir l’énergie créatrice à un niveau plus proche de sa source : ils ne règlent pas un problème particulier, mais apportent une énergie générale, indifférenciée et puissante, dans l’être qui provoquera une sorte « d’appel » mystique soutenu, et aidera à entreprendre un travail intérieur difficile. Ces médecines amènent une sorte de lumière, d’étincelle, qui permet de démarrer une ascèse.
    Ainsi, la Pierre de Vin que je fais selon le procédé de Stéphane Barillet (donné dans « Le Grand-Œuvre Alchimique ») en est un très modeste exemple : elle aide à se réparer d’une façon générale, permet la détente, donne un sommeil réparateur en général, améliore le fonctionnement des organes, mais peut aussi soutenir une discipline mystique difficile (méditation nocturne, attention développée &c…) quand l’alchimiste la prend dans ce but.
    D’autres élixirs peuvent aussi servir dans le cadre de cérémonies rituelles (présence d’élixir dans l’eucharistie par exemple). Ici, nous pouvons même nous rapprocher de l’aspect psychotrope de l’élixir alchimique tel que je l’ai suggéré dans l’introduction.
    Les élixirs alchimiques orientés vers la Lumière, ceux qui contiennent la Lumière originelle, sont souvent adaptés à ces fins.
    Cet aspect de « diététique spirituelle » de l’alchimie est un aspect connu, mais peut-être pas assez distingué des autres buts de l’Art, pas assez conscientisé. C’est une très belle facette, relativement mineure peut-être mais non négligeable, de l’alchimie.

    3. Amener à une expérience mystique
    C’est peut-être ici que l’on touche le Grand-Œuvre dans sa magnifiscence.
    Il existe des élixirs qui ont une telle puissance solaire en eux qu’ils ont une vertu transmutatoire sur l’opérateur.
    Ce n’est pas le moment de fantasmer sur les descriptions sidérantes d’expériences mystiques célèbres. Les auteurs qui ont tentés de décrire « l’expérience mystique » ont dû, faute de vocabulaire plus adapté, employer le langage poétique ou fabuleux. Les visions décrites ne sont jamais que les meilleures façons que l’initié a trouvé pour décrire ses impressions. On peut comparer ces visions aux « lois » proposés par les grands initiés tels que Moïse ou Bouddha, qui, me semble-t-il ont vécus des expériences comparables et les ont exprimés de manières extrêmement éloignés, à cause de leurs cultures différentes. Ainsi, l’assomption d’un mystique chrétien est décrite d’une façon compatible à ce qu’il attend d’une révélation divine dans un contexte de foi monothéiste. La « Nuit Obscure » de Jean de la Croix est un merveilleux récit initiatique mais, faites le même, et vous n’aurez sans doute aucune de ses visions, votre expérience n’aura aucun point de comparaison avec son aventure, en apparence tout au moins…
    Alors revenons un peu sur les remarques précédentes sur les rapports entre un fonctionnement organique parfait et l’expérience « mystique » que l’on pourrait peut-être maintenant, entre nous, appeler expérience vitale. Mon expérience personnelle sur les ascèses opérées conjointement avec la prise répétée d’élixirs particulièrement puissants, les pierres obtenues par calcination solaire par exemple (dont les procédés sont encore donnés dans « Le Grand-Œuvre Alchimique », le cours de Stéphane Barillet cité plus haut) provoquent un afflux de lumière dans le corps de l’opérateur qui, conjointement à une discipline très rigoureuse, entraine un décrassage très profond du corps, et donc de l’état émotionnel (Ouille !!! Ouille !!!) et mental de l’alchimiste.
    Le corps physique de l’opérateur subit également des transformations spectaculaires (Paracelse parle de la régénération des cheveux, des ongles, de la remise en route des cycles féminins chez une vieille femme… Je peux parler d’une reprise de la croissance…), et le premier effet sera une régénération générale du corps avec une augmentation de la vitalité.
    Ici, point de « voie pédagogique », point « d’illustration du processus du Grand-Œuvre »… La pierre agit comme le radeau sur lequel vous êtes embarqué qui vous emmène sur le courant d’un fleuve tumultueux. Il ne vous faut pas longtemps pour vous retrouver dans un état d’être « naturel », même si votre santé physique peut être parfois altérée par la violence de l’opération, ou par votre manque de savoir gérer surtout.

    C’est cet aspect du Grand-Œuvre qui a rendu l’alchimie célèbre, même si c’est certainement le moins pratiqué des trois aspects que j’ai présenté.

    ***

    Je connais personnellement un bon nombre d’alchimistes amateurs qui se consacrent au premier de ces trois buts que propose la spagyrie/alchimie. Ce sont parfois d’excellents thérapeutes, comme il y en a dans tous les domaines de la médecine. Ces alchimistes amateurs embellissent la vie par leur pratique simple et naturelle.
    Je connais aussi personnellement des mystiques qui utilisent l’alchimie comme soutien à leurs activités. Ce sont souvent des mystiques chrétiens gnostiques car l’alchimie a beaucoup utilisé le symbolisme chrétien. Leur activité thérapeutique est souvent secondaire mais parfois présente.
    Je connais encore, personnellement, quelques alchimistes qui ont osé la purification de l’être par des préparations alchimiques déterminantes. Ils ont tous une activité thérapeutique discrète, ou discrètement liée à leur Art, et parfois professionnelle. Parmi les anciens, je range Paracelse parmi eux.
    Ces derniers ont-ils atteint une certaine perfection de la santé du corps ou de l’âme ? Heu… pas forcément, je ne crois pas… Ils sont juste heureux d’avoir réalisé ce travail, et ils continuent leur travaux, la performance reste absente du résultat…

    Voilà ce que peut offrir le travail alchimique…
    C’est à mon avis un très beau sujet d’étude que le rapport entre le corps et l’âme, entre la santé et la spiritualité…

    Matthieu Frécon, Sarreyer, 5 Décembre 2020


    (1) J’emploie ici le terme Spagyrie dans le sens où l’entendait son créateur, Paracelse, qui la définissait comme un ensemble cohérent de connaissances basées sur 4 piliers : Alchimie, Philosophie, Astrologie/Astronomie, et Vertu.

  • Les Philosophes de la Nature (LPN) et le premier cours de spagyrie en français

    Les Philosophes de la Nature (LPN) et le premier cours de spagyrie en français

    L’alchimie en France avant LPN
    L’alchimie française de l’après-guerre fut certainement le royaume d’Eugène Canseliet, disciple unique et auto-proclamé de Fulcanelli, véritable personnage légendaire créé par E. Canseliet lui-même. Entouré du duo de choc Pauwels & Bergier (auteurs du best-seller « Le matin des magiciens »), ainsi que d’André Breton en quête d’un merveilleux local et de quelques autres, Eugène Canseliet a répondu à un besoin urgent de trouver une réponse aux questions que posaient le point de non-retour de notre civilisation technologique atteint un certain 6 août 1945 à Hiroshima. L’image de l’alchimiste sage, hors du temps, et pourtant à la pointe de la technologie nucléaire proposée par Canseliet dans son personnage de Fulcanelli permettait alors de croire en une issue possible de l’apocalypse nucléaire par un retour à la Tradition, teintée toutefois de raison et de science. Le Fulcanelli de Canseliet permettait le rêve et l’espoir et Canseliet était son prophète.
    Malheureusement, les adeptes de Canseliet avaient beau pomper, pas plus de Pierre Philosophale en vue que cosmogol 999 ! Il leur restait à écrire des livres abscons autant que possible, il leur restait à rêver, mais le vaisseau d’alchimie n’avançait plus…

    Jean Dubuis et LPN
    Jean Dubuis, personnage génial et charismatique, lui, avait trouvé une issue dans le travail du laboratoire alchimique dans sa fréquentation avec les milieux anglo-saxons, souvent portés sur le rosicrucianisme (Jean avait passé pas mal de temps à AMORC). Connaissant la Golden-dawn et Aleister Crowley, tout autant que la tradition alchimico-spagyrique rosicrucienne issue de Paracelse (Paracelse, d’après les écrits fondateurs rosicruciens fut une influence majeure du mouvement au XVII° siècle).
    Jean travaillait donc à la spagyrie et aux voies pratiques de ce courant anglo-saxon des Von Bernus et autres Albertus que Canseliet ignorait superbement.
    En 1979, pour fêter sa retraite de cadre de d'IBM, Jean fonde avec quelques amis l’association « Les Philosophes de la Nature ». L’association propose des cours par correspondance dans les domaines de la kabbale et de l’alchimie végétale et minérale, ce qui est assez novateur. L’influence anglo-saxonne est manifeste et offre une alternative à l’occultisme français vieillissant de l’époque, en l’occurence Canseliet pour ce qui est de l’alchimie.
    Le cours de Kabbale dispense un enseignement très pédagogique inspiré d’un surgeon de l’Ordre Hermétique de l’Aube Dorée (Golden-Dawn) et commence par offrir la première traduction du petit rituel du pentagramme, que tout le monde connait aujourd’hui dans ce domaine.
    Le cours d’alchimie commence avec une formation préliminaire de deux ans d’alchimie végétale, ou spagyrie. l’alchimie végétale apparait comme une voie préparatoire à la voie minérale, et laisse quand-même entrevoir quelques perspectives dans le domaine de la santé.
    Le cours d’alchimie minérale qui suit est assez brouillon, ce qui s’explique par le fait que ni Jean ni personne dans l’association ne prétendait maitriser le sujet, on était entre étudiants, les uns avec un peu d’avance sur les autres, sans autre prétention…
    Ces cours ont été écrit par plusieurs membres de l’association, chacun spécialiste dans son domaine.
    Jean a lui-même composé un programme original pour aborder l’ésotérisme d’une façon appropriée aux membres de l’association : le « cours d’ésotérisme général ».

    Ces cours ont offert une véritable alternative salutaire au courant dominant la scène alchimique à l’époque dont j’ai parlé plus haut. Pour la Kabbale, le cours de LPN a tout simplement permis de sortir de la tradition de Papus & consorts qui, il faut bien le reconnaitre, n’offrait plus grand chose non plus…
    J'ai suivi ces cours de 1984 à la fin de l'aventure en 1993 avec beaucoup d'enthousiasme. Ce fut une très belle période, très formatrice.

    Et puis, les choses et les gens, allant et venant, vieillissants ou reniants, l’association a dépéri, laissant à Jean le temps de refaire carrière outre-atlantique sous une autre étiquette, ce qui n’est pas le sujet aujourd’hui…

    Quoiqu’il en soit, une nouvelle association crée pour perpétrer la mémoire de l’enseignement de LPN a refondu les cours pour les proposer sur Internet : voyez le site http://www.portaelucis.fr/html/porte1.htm .

    Pour ceux qui préfèrent se reporter aux cours originaux, avec leur petit goût seventies inimitable, j’ai publié sur un autre site tous les cours ainsi que les journaux de l’association (le « Petit Philosophe de la Nature »). Ils sont donnés en PDF et vous pouvez les télécharger depuis ce site : http://www.gouttelettes-de-rosee.ch/pages/lpn.html .

    Pour plus de facilité, je vais essayer de les mettre sur ce site, mais en attendant, reste « Les Gouttelettes de Rosée ».

    Vous trouverez le cours de « spagirie » (sic) qui est une référence incontournable dans le domaine, bien que les choses aient beaucoup évolué depuis sa publication. Mais si les choses ont beaucoup évolué, LPN y est peut-être pour beaucoup !

    Et Hiroshima là dedans ?
    À l’époque de LPN et dans le milieu mystique, la conception générale du monde et de l’homme restait plutôt créationniste. C’est à dire que l’on considérait que l’homme était supérieur au reste de la création et que l’initiation prenait la forme d’une élection divine. Pour faire simple, l’élu quittait alors le monde pour aller retrouver Dieu.
    Il faudra attendre le développement de l’écologie (autre nécessité après Hiroshima) pour retrouver un sens naturel à « l’initiation ». Aujourd’hui, il est devenu presque commun de concevoir l’éveil de l’homme comme une retrouvaille avec la nature, une fusion dans l’existence, et non une extraction vers un au-delà…
    LPN n’a probablement pas joué directement un rôle dans cette nouvelle conception de la réalisation spirituelle comme étant un retour dans l’Eden du monde, mais il est possible que l’association et son intérêt pour l’alchimie végétale, la spagyrie, ait insensiblement contribué au développement des médecines naturelles végétales (Herboristerie, phytothérapie…) parmi lesquelles la spagyrie tient une place non négligeable. Ce retour aux médecines naturelles, avec le retour des sorcières, le retour à l’expérience végétale… a lui-même permis ce mouvement naturel d’une mystique plus naturelle, plus intégrée dans le cycle de la vie.

    Et Fulcanelli ? Mort ?
    Je tenterai un autre jour un commentaire sur ce merveilleux corpus alchimique français de la belle époque. En tout cas, soyez rassurés, mon introduction sur Canseliet ne voulait aucunement bousculer l’(es) auteur(s) de la plus belle encyclopédie alchimique classique que sont « Le Mystère des Cathédrales » et « Les Demeures Philosophales » (auteurs multiples et inconnus)…

    Les cours et journaux de LPN (publications originales) : http://www.gouttelettes-de-rosee.ch/pages/lpn.html


    Matthieu Frécon, Sarreyer, 25 Novembre 2020

    ps. Tout ça juste pour donner le lien vers les cours originaux de LPN…

  • L'Alchimie et les traditions locales (retour de la Réunion)…

    L'Alchimie et les traditions locales…
    Monde végétal…

    Je reviens d’un séjour de 3 semaines sur l’île de la Réunion. J’y ai donné des stages de spagyrie, de distillation, et Kabbale. J’ai eu l’occasion de voir et goûter fruits, herbes &c… esprits locaux…

    Devenir alchimiste à la Réunion porte à réfléchir sur certains points, bouscule certaines habitudes… Par exemple, dans la tradition alchimique occidentale il est convenu que le seul produit de la vigne donne un « Mercure » spagyrique de qualité. Il est vrai que la vigne et l’alchimie sont arrivées ensembles de la même région méditerranéenne et leurs histoires sont très liées sur tous les plans. De plus l’esprit-de-vin est réellement un alcool d’excellente qualité et très pratique pour les extractions alcooliques ou acétiques (le vinaigre est un alcool oxydé, donc un peu plus décomposé). Mais à la Réunion, du vin, il n’y en a pas. Alors est-ce qu’il faut l’importer pour sacrifier à l’autel de la Tradition où est-ce qu’il faut chercher à réinventer l’alchimie pour l’adapter aux nouvelles conditions d’existences locales ?

    C’est une question intéressante que de mettre en perspective le but et les principes de l’alchimie d’une part, et les pratiques qui en découlent selon le contexte socio-culturel, géographique &c… d’autre part.

    Le mystère du vin, en alchimie comme à la messe, est lié au mystère de la vie et de la mort. La mort étant considérée comme un processus de transformation de la vie, une étape. La fermentation alcoolique et sa distillation est l’une, mais non la seule, des possibilités pratiques pour extraire et conserver la vie dans le règne végétal.
    J’ai autrefois connu un spagyriste lorrain qui, sans complexes, utilisait à la saison son laboratoire alchimique pour se faire quelques litres d’eau-de-vie de mirabelles. Il utilisait également sans complexes son esprit préféré pour ses travaux spagyriques (l’esprit de vin était alors remplacé par l’esprit de mirabelles). Les principe étaient respectés, son goût personnel aussi, et ses élixirs personnels étaient bien faits.
    Pour revenir à la Réunion, qui n’a rien à envier à la Lorraine en matière de fruits bien sucrés, l’alcool dominant sur place est évidemment le Rhum. Utiliser du rhum industriel pour nos préparations locales n’a pas tellement de sens d’autant qu’il est facile de mettre en fermentation et distiller soi-même du jus de canne à sucre (bio) et que les produits fait soi-même ont toujours infiniment plus de valeur que les produits du commerce (clin d’œil taquin pour les utilisateurs de carbonate de potassium industriel). L’esprit obtenu est de bonne qualité pour l’alchimie et facile à fabriquer. La canne est une belle plante, exubérante, généreuse…
    Je suis sûr que Sigismund Bacstrom, médecin alchimiste rosicrucien du XVIII° siècle qui a séjourné à la Réunion aura précédé notre chère Viviane le Moullec dans l’utilisation du Rhum pour ses élixirs « péïs » (« locaux » en créole).

    Pour continuer encore un peu sur ce sujet du choix de l’alcool. Il est traditionnellement convenu que l’esprit de vin est un mercure « universel » dans le règne végétal. Alors, je  reconnais à l’alcool de vin de belles qualités qui sont : facilité d’accès et de fabrication, un goût agréable et souple qui s’adapte bien aux travaux de teinture sans laisser trop d’emprunte au niveau gustatif, légèreté de goût et d’ivresse (pas pâteux ou gras comme un alcool de grain - bière par ex. - ou de pomme de terre qui sont à base d’amidon et non de fructose). De plus culturellement, le vin est un symbole très ancré qui relie l’image biblique (le christ utilisant le vin ou le vinaigre, dans le Cantique des cantiques &c…) à toutes les tables d’Europe. Au niveau santé, le vin rouge est encore un excellent remède pour prévenir du cholestérol, antioxydant &c… Mais à part ça, quand on parle d’universalité de l’esprit-de-vin comme mercure spagyrique végétal il est fait référence à la théorie paracelsienne des signatures. Il se trouve que parmi les domaines de recherches qui ont fait évoluer la spagyrie et l’alchimie ces dernières décennies, la théorie des signatures n’a pas progressé et il serait temps d’y réfléchir pour mieux comprendre ce concept et vérifier les attributions traditionnelles. Sans refuser purement et simplement le caractère universel de l’esprit-de-vin, je préfère attendre que la connaissance ait avancé dans ce domaine pour juger de l’opportunité d’en faire un usage aveugle. Je remets en question cette notion de théorie des signatures pour y réfléchir et la éventuellement la faire évoluer.
    En attendant, je ne peut pas repousser l’idée que l’esprit de canne est sans doute un excellent support de la vie végétale à la Réunion et j’encourage les alchimistes réunionnais à couper la canne à la saison.

    Il y a d’autres aspects de l’alchimie traditionnels qui sont encore sujets de réflexions. Ainsi le rythme annuel avec 4 saisons qui lie l’activité alchimique à l’agriculture en Europe n’existe pas sous les tropiques. En effet, le rythme annuel de croissance des végétaux est atténué par la latitude tropicale et par l’activité  permanente du volcan qui dynamise sensiblement la vitalité générale des habitants, végétaux et animaux. De plus, l’île de la Réunion est jeune (2 ou millions d’années, l’enfance de l’île…), ce qui augmente encore sa vitalité et son énergie. De même, le système symbolique astrologique qui soutient notre calendrier hermétique, et son développement par Rudolf Steiner (biodynamie) sont peut-être sources de réflexions et d’adaptation à cette île tropicale de l’hémisphère sud.

    D’ailleurs cette activité volcanique est un sujet d’étude alchimique complexe qui devrait suggérer de nouvelles voies, de nouvelles philosophies et pratiques. Pour les spécialistes de l’alchimie minérale, le sous-sol est très pauvre, mais le feu est tellement présent que l’alchimiste ne peut que s’y sentir chez lui…

    Si le sol et les minéraux sont pauvres, il n’en n’est pas de même avec le monde végétal. La vitalité et l’organisation du biotope sont remarquables et sujet d’observations originales de la nature. Sur un plan plus classique, la flore est évidemment différente de la nôtre et de nouvelles gammes d’élixirs végétaux sont à inventer. Il n’est pas certain que la base de phytothérapie et d’herboristerie classique telles qu’elles se sont développées en occident soient la meilleure piste à suivre. Il est peut-être intéressant d’inventer une nouvelle « matière médicale » spagyrique locale inspirée d’une relecture originale de la nature comme Hahnemann l’a fait en son temps sans s’aider de la matière classique de son époque, et comme Bach le fera après Hahnemann sur des bases encore originales.
    J’en profite pour rappeler que la spagyrie et plus encore l’alchimie sont basées sur une philosophie de la nature unitaire. L’alchimiste a une conception unitaire de la nature et cherche la médecine universelle (unique donc). Dans la mesure où il utilise les vertus (le caractère, le « soufre spagyrique ») des plantes, il travaille avec un mélange de ce caractère universel de l’existence et le caractère particulier de chaque être (les plantes). La spagyrie a peut-être parfois trop flirté avec la conception de la nature des herboristes qui la considère dans sa multiplicité. Sans prétendre a une supériorité de l’une ou de l’autre conception de la nature, il faut quand-même reconnaitre leurs spécificités réciproques pour mieux se positionner, selon sa conception personnelle des choses.
    Pour résumer cette question, se promener dans ce paradis végétal puissant tel un Robinson sur ne nouvelle île est une opportunité de réinventer sa conception de l’organisation de la nature, et de réinventer le sens de la vie pour inventer une nouvelle médecine spagyrique.

    Un autre élément qui saute aux yeux de l’alchimiste est la lumière et le fait que l’océan soit toujours plus ou moins en vue. Il est évident que les voies alchimiques qui utilisent la lumière solaire, particulièrement quand elle est réfléchie sur l’océan sont à privilégier. Je pense évidemment aux voies développées par Stéphane Barillet qui a d’ailleurs choisi d’habiter un temps sur ces îles tropicales.
    Sur l’île de la Réunion, on peut penser aux calcinations solaires dont la technique remonte aux déserts du moyen-orient dans l’antiquité (Ezéchiel). Mais on peut aussi penser aux travaux sur le sel de mer et sur la flore et la faune marines (attention aux requins quand-même !).

    Bref, moi qui habite quand-même au pays de Paracelse, j’ai un peu de nostalgie en pensant à un laboratoire dans la forêt tropicale réunionaise, face à l’océan et ses soleils couchants… ça me plairait bien de réinventer l’alchimie, de réinventer la vie en sirotant un verre de « Pierre de canne (1)»…

    Matthieu Frécon, Sarreyer, mars 2020.

    Le labo 1

    (1) Version « péïs » de ma « Pierre de Vin », qui est un élixir alchimique pour l’entretien de la santé.

  • Le principe Mercure

    Le principe Mercure

    La monade he roglyphique john dee

    En Spagyrie, le Mercure est l’un des trois principes qui constituent l’être avec lequel nous travaillons, une plante le plus souvent. Les deux autres principes sont le Soufre et le Sel.
    Le Mercure a une place privilégiée en Spagyrie puisqu’il représente le principe de Vie, la vie qui est à l’origine de l’existence et qui est, finalement la raison d’être de l’alchimie toute entière.
    Une petite remarque s’impose déjà : je parle bien ici des trois principes définis par la spagyrie, et non par d’autres voies alchimiques plus anciennes, d’autres façons de concevoir ces principes. Je m’expliquerai un peu plus en fin d’article.

    Tout d’abord, le symbole de Mercure.
    Mercure est l’équivalent romain de l’Hermès grec, et du Thôt égyptien. Hermès est quelque part le Saint Patron de toute l’Alchimie. Auteur légendaire de la Table d’Émeraude qui est l’un des textes fondateur de l’alchimie et qui fait le consensus général dans toute la tradition, et père de la tradition hermétique dans laquelle s’intègre l’alchimie depuis la renaissance. Mercure est aussi un dieu plein de paradoxes : il est le messager des dieux, avocat des menteurs, des voleurs… il vole dans les deux sens du terme, il parle toute les langues et reste « hermétique », incompréhensible…
    En tant que distillateur de spiritueux, j’ai une affection toute particulière pour cet esprit joueur, peu viril et presqu’un enfant qui sait quand-même prendre à l’occasion la place de Mars ou de Pluton dans la couche de Vénus (Vénus est alors représentée par le cuivre de mes alambics). Le Mercure-esprit en tant que spiritueux est fixe puisqu’il se conserve. Il capte et retient les âmes (c-à-d les Soufres : les principes des plantes, leurs odeurs, leurs couleurs, leurs vertus…). Il reste toutefois volatil et, distillé, les emmène dans ses vapeurs invisibles…
    Mercure, dieu de la médecine sait produire des esprits, des alcools qui sont tout à la fois des poisons et des remèdes, parfois poisons pour le corps du buveur et remèdes pour son âme, parfois le contraire… Il est encore à la base de la parfumerie, qui est profonde comme une antique médecine du corps et de l’âme peut l’être, et superficielle comme l’est la cosmétique de notre époque…

    Mais en Spagyrie, il représente la Vie de la plante, ou la Vie dans l’élixir. On le capte lorsque la vie de la plante s’en va. Ce moment fragile de l’existence qui signe l’arrivée - la naissance, ou le départ - la mort, de l’être dans « cette vie ». C’est en travaillant sur le processus de décomposition, de putréfaction, ou de fermentation, que l’on capture et que l’on fixe ce messager de la Vie. Fermentation d’abord qui met en mouvement et en évidence notre vie, puis distillation pour la fixer ensuite s’il s’agit de fermentation alcoolique. La fermentation est connue pour être la clé qui ouvre le mystère alchimique de la vie.
    Une fois enfermé dans son flacon, Mercure saura retenir la vie environnante, par exemple la vie des plantes qui y sont mises en macération. La teinture obtenue sera fixe, son énergie sera conservée.

    En dehors de l’aspect fermentation, on peut dire qu’un Mercure est une matière qui capte, fixe, et conserve la vie. L’alcool est le Mercure le plus utilisé par les alchimistes/spagyristes, mais il y en a d’autres : le vinaigre, qui est un alcool oxydé (un peu plus décomposé) fonctionne aussi. L’éther, qui est fabriqué en versant un acide sur une vapeur d’alcool fait aussi partie de cette catégorie (je déconseille l’expérience…). Plus éloigné, mais qui répond aux mêmes critères, l’ammoniaque qui est le fruit de la fermentation des animaux est un Mercure animal. L’ammoniaque est très actif sur le cerveau reptilien, le cerveau alaimbique ;-) … Il résonne profondément en nous, mais reste quelque peu toxique ! Un ammoniaque très finement distillé a une odeur qui touche au sublime et nous fait appréhender le mystère de la vie animale. Je déconseille toutefois une étude trop approfondie de cette matière un peu forte pour notre cerveau fragile… Encore plus loin, pourrait-on considérer le sel, je parle maintenant du sel de mer, comme un Mercure ? En effet, si le sel n’est peut-être pas le fruit d’une fermentation (processus de décomposition au moment de la mort), il est peut-être le fruit d’un processus de création (naissance) puisque l’on considère aujourd’hui que c’est dans les eaux saumâtres qu’apparait la vie dans son état le plus primitif ? Toujours est-il que le sel de mer possède lui aussi la vertu de capter et de conserver la vie. Enfin, le sel de mer permet une fermentation des végétaux que l’on commence à découvrir : la lacto-fermentation (sauf en Alsace où l’on sait depuis toujours que l’on ne peut pas vivre sans choucroute). Pour conclure avec le sel de mer, je précise que lorsque Paracelse parle du Sel (principe Sel), la plupart du temps il parle du sel de mer, ou du sel gemme que l’on trouve dans les mines de son beau pays, c’est la même chose.

    Voici pour le principe Mercure en Spagyrie, le principe de la vie, du mouvement, du paradoxe… Le principe par excellence. Le principe chanté par Rabelais et sa Dive Bouteille aussi. Le principe qui trinque (« Santé ! »)…

    °°°°°°°°°°

    Mais pas seulement…
    Pour conclure en ôtant toute ambiguïté avec cette question épineuse des principes il me faut revenir sur cette question de polysémie des principes alchimiques.
    En effet, l’alchimie la plus traditionnelle connait deux principes : le Soufre et le Mercure qui ne correspondent pas du tout aux trois principes paracelsiens que j’ai présentés dans le cadre de la spagyrie.
    Soufre et Mercure, dans ce cas, sont les deux polarités de l’ensemble primordial. Il s’agit du couple créateur-créature (création). Ce sont les pôles positif et négatif, l’actif qui engendre l’existence, et l’existence dans son ensemble. C’est encore l’énergie qui féconde, et la matière qui est fécondée. Enfin, dans l’imagerie alchimique, c’est le Roi et la Reine, le Soufre solaire et le Mercure lunaire.
    Dans ce système symbolique, votre matière prête à être fécondée par le Feu Secret est un Mercure. Ce Mercure peut avoir un aspect salin, pourquoi pas ? ou toute autre apparence. Il reste que c’est, sur le plan de sa fonction, un Mercure. Ce Mercure sera fécondé par le Soufre solaire, sous l’aspect d’une huile dans certaines voies métalliques humides, ou de rayons lumineux pour les voies sèches… Peu importe, cette énergie a pour fonction de féconder le Mercure et de le transformer en Pierre Philosophale.
    Ici, dans ce symbolisme binaire, c’est le Soufre qui apporte la Vie et le Mercure qui la reçoit et la développe.

    Pourquoi ce Mercure porte-il ce nom ? C’est probablement en relation avec la voie du cinabre. C’est une voie ancienne qui travaille avec le cinabre qui est un minerai de mercure. De même, le Soufre est aussi en relation avec certains travaux qui utilisent le soufre natif. Des fois, en alchimie, les choses sont plus simples que l’on croit…

    Les deux systèmes symboliques sont incompatibles, insolubles. Il faut savoir lequel est utilisé lorsque l’on lit le mot Mercure ou le mot Soufre pour savoir de quoi il s’agit. Avec cette clé, il vous sera facile de comprendre ce que sont, ou ce que peuvent être les principes alchimiques.

    Matthieu Frécon, Sarreyer, juillet 2019

     

  • Capturer l’Esprit Vital, une application en cosmétiques

    Capturer l’Esprit Vital, une application en cosmétiques

    Lors de mes formations de spagyrie, j’ai l’habitude d’encourager les participants à s’approprier la philosophie et les techniques présentées pour les intégrer à leurs centres d’intérêts ou à leur activités professionnels. Les fabricants de cosmétiques sont les premiers à voir l’intérêt de la spagyrie dans le cadre de leur branche. C’est cette idée que je veux développer maintenant. Les baumes

    En alchimie, comme en magie ou en sorcellerie, tout autant que dans les domaines de la santé ou du bien-être, la notion d’Esprit Vital est la même. C’est un point commun entre Paracelse et Hahnemann qui emploieront des procédés proches pour atteindre le même résultat dans des domaines au départ différents. C’est ce qui réunit l’alchimiste avec le paysan biodynamiste, l’un pour ses élixirs, l’autres pour ses légumes…
    À la veille de la première pleine lune de ce printemps, au moment ou les spagyristes se préparent à la récolte de cet Esprit par la récolte de la rosée, et où les sorciers préparent leurs talismans ou leurs breuvages chamaniques, je vous propose de mettre en œuvre ces mêmes principes pour la confection d’un baume.

    Un baume, c’est un mélange de cire d’abeille et d’huiles végétales chargées des extraits des plantes qui y auront macérées. On y rajoute souvent des teintures alcooliques de plantes, et des huiles essentielles. Tous ces ingrédients ne sont pas toujours nécessaires, et l’on peut au contraire enrichir encore la composition, mais cette liste est grosso modo la base de la composition d’un baume.
    Ce n’est pas ici mon propos que de faire un cours sur la fabrication des baumes, et je n’en serais d’ailleurs pas capable, il ne s’agit que de donner un exemple que vous pourrez développer à souhait…

    Dans la fabrication de votre baume, la première opération consiste dans la fonte de la cire d’abeille. C’est le point qui nous intéresse.

    La cire est connu en talisman pour être un support d’énergie Vitale, ou énergie astrale. C’est « l’Aimant » par excellence dans le règne animal qui, sans être végan, ne nécessite heureusement pas de sacrifice (comme pourrait l’être le sang). Une figure talismanique pourra être gravée dans la cire d’abeille, ou la feuille inscrite pourra être imbibée de cire. De même, une bougie de cire chargée de symboles &c…
    De plus, il est notoire que c’est dans la matière à l’état liquide que les influences astrales se fixeront. Il est donc d’usage de faire, de fondre, le talisman ou la bougie au moment adéquat. Autrement dit, de procéder à l’étape de fonte de la cire à ce moment.
    La cire refroidie et durcie saura conserver l’énergie ainsi acquise pendant le moment d’ouverture à l’état liquide.

    Je ne vous propose pas de fabriquer votre baume à un moment précis au niveau astrologique, planétaire, je vous laisse étudier la question avec des spécialistes tels que mon ami Vincent Lauvergne par exemple qui est beaucoup plus compétent que moi dans cette matière. Mon domaine étant l’alchimie, je me bornerai à utiliser une pratique courante dans le cycle annuel du travail alchimique : la récolte de l’Esprit Vital contenu dans la rosée par la déliquescence obtenue par exposition aux pleines lunes de printemps. Ce travail se fait avec un aimant minéral : le sel (sel de cuisine ou sel végétal de calcination). Ce travail est détaillé dans cet article : http://www.atelier-spagyrie.ch/blog/spagyrie-medecines-alchimiques/le-travail-de-la-rosee.html auquel je vous invite à vous reporter.
    Ici, vous l’aurez compris, il sera question de faire fondre la cire d’abeille sous les rayons de la pleine lune (de printemps de préférence), et d’imbiber doucement les ingrédients tels que les huiles végétales, teintures mères, et huiles essentielles. Le refroidissement pourra se faire à la faveur de la nuit si l’on ne craint pas trop l’humidité (pour votre baume, pas pour vos rhumatismes !). Votre baume sera ainsi chargé de l’Esprit Vital transmit par l’humidité lunaire…
    Libre à vous de profiter de ce moment de travail intime pour y imprimer votre propre esprit : méditation, prière, simple présence, tout est bon… Alchimiste vous pouvez aussi ajouter vos procédés habituels (les « feux secrets ») tels que champ magnétique (aimants), miroirs &c… Sorciers ou ecclésiastiques (c’est une vraie fête ce soir : il y en a pour tous !), profitez de la technique pour faire de ce baume un onguent ou une huile d’onction ! le procédé reste valide et éprouvé. Un onguent est un genre de baume qui remplace parfois la cire d’abeille et/ou les huiles végétales par une graisse animale, en général du saindoux. Votre baume préparé avec une plus grande proportion d’huiles sera plus onctueux et fera fonction d’huile d’onction (thérapeutique ou rituelle).

    Voici une recette simple de baume : Les ingredients
    (en poids) Cire : 10 % (entre 8 et 15 %). Huiles végétales 90 %
    On peut ajouter 1 % d’huiles essentielles et 5 % de teintures-mères (la proportion de cire reste identique, c’est l’huile végétale qui cède son poids).

    Les huiles végétales sont des huiles d’olive, de tournesol, de chanvre, d’amande douce, de jojoba… dans lesquelles on a mis des plantes à macérer au soleil de l’été. Pour la fabrication de ces huiles, vous pouvez vous reporter à cet article : http://www.devenir-distillateur.com/pages/il-n-y-a-pas-que-l-alambic-dans-la-vie/les-macerats-solaires.html

    Les teintures mères sont des macérations de plantes fraiches dans de l’alcool. Il n’y a pas meilleur alcool, ou esprit de vin, que celui que l’on fait soi-même et vous trouverez tous les éléments utiles pour le faire vous-même en consultant ça-et-là mon site www.devenir-distillateur.com .

    Le sel (sel de cuisine), je l’ai dit au début de l’article, possède lui aussi la vertu d’extraire et de conserver l’Esprit Vital et le caractère des plantes ou autres êtres qui lui sont adjoints. Ce sel déjà chargé peut être ajouté à votre préparation, il ne se dissoudra pas facilement, mais ce n’est pas un problème. Un baume peut être salé sans inconvénients.

    Joyeuses préparations pleines d’Esprit lunaire et Vital !

    Matthieu Frécon, Sarreyer, à la veille de la pleine lune de mars 2019.

  • Fab-Lab Spagyrique

    La solidarité chez les disciples d’Hermès
     

    Laboratoire lpn


    Mes amis savent que je pense depuis quelques temps à ouvrir un laboratoire d’alchimie pour le partager avec mes proches (amis, stagiaires…) et mettre à disposition du matériel qui n’est pas toujours facile de disposer chez soi.

    Ce projet ne se fera pas dans un premier temps à Edelweiss Distillerie, en Suisse, mais en Bourgogne dans la maison qui a accompagné mes premiers travaux alchimiques à l’époque des Philosophes de la Nature (LPN).

    Pendant l’installation de ce Fab-Lab Spagyrique, un ancien collègue de LPN m’a proposé le don de son labo qu’il n’utilise plus depuis des années… C’est un très beau labo quasiment complet équipé à la façon typique de LPN. C’est assez différent de ce que j’utilise maintenant puisque je préfère aujourd’hui un matériel plus léger avec lequel je travaille surtout en extérieur et au soleil, mais l’installation préconisée par LPN reste très utile et très précieuse.

    Je propose donc de mettre en route cette installation qui servira aux stages spagyrie/alchimie, à une petite production personnelle ou collective, et enfin, sera utile aux proches qui auront besoin d’un lieu occasionnel et champêtre pour travailler aux fourneaux ou aux ballons…

    On n’attends plus que Marc-Gérald (pour les plus jeunes, Marc-Gérald Cibard était le spécialiste de l’aide à l’installation des laboratoires à l’époque de LPN) pour nous animer un atelier d’alchimie selon LPN (et aussi quelques volontaires pour faire quelques petits travaux de remise en état des lieux…)…

    Merci Dominique pour nous rappeler que la solidarité et la générosité sont toujours vivantes chez les disciples d’Hermès !

    Vous trouverez dans l’agenda de www.devenir-distillateur.com les dates proposées pour ces ateliers (prévues pour le printemps).
     

    Matthieu Frécon, Saunière, Octobre 2018.

     

  • Comment prépare t’on un élixir spagyrique ? (seconde partie)

         Comment prépare t’on un élixir spagyrique ?

         Deuxième partie


    Quelques exemples alternatifs de fabrication d’élixirs spagyriques

    Le procédé décrit dans la première partie de cette série d’articles est le procédé classique qui est utilisé par la plupart des amateurs ou des laboratoires spagyriques.
    Mais l’important reste de trouver ou de découvrir une application des principes alchimico-spagyriques qui est plus adaptée aux besoins thérapeutiques ou simplement qui nous convient mieux.
    Voici quelques exemples de procédés inspirés du protocole-mère présenté plus haut.

    Le procédé Teinture/Sel
    Il s’agit de faire une teinture alcoolique de plante par extraction au soxhlet ou par macération lente (la plante est mise à macérer quelques temps - une lunaison par exemple - dans de l’esprit-de-vin dans un bocal), puis de cohober sur les sels cristallisés (parfois verser les sels sur la teinture) pour ensuite laisser murir.
    C’est le procédé le plus courant développé depuis Alexander Von Bernus (fondateur du laboratoire allemand Soluna).
    Certaines plantes comme l’ortie, la prêle, ou le chanvre ne permettent pas de réaliser un Soufre selon la méthode présentée dans la première partie de cette série d’articles et peuvent se faire selon celle-ci.

    Le procédé Alcool/Huile Essentielle/Sel de mer
    C’est la fameuse « pierre végétale en 5 minute » présentée par le génial Stéphane Barillet. Cette pierre consiste en une cohobation d’une teinture à base d’alcool (esprit-de-vin) et d’huile essentielle sur du sel de mer purifié.
    Cette pierre peut trouver son application dans la fabrication de sels de bains ou de gommage, ou divers cosmétiques « spagyriques » ou encore dans l’art culinaire alchimique. Par ce procédé, il est possible de fabriquer une pierre suffisamment murie qui peut rivaliser avec les procédés classiques dans un but thérapeutique.

    La pierre de vin
    C’est encore une simplification du procédé académique présenté en première partie qui offre d’intéressantes possibilités.
    Il s’agit de distiller du vin (nature, bio sans soufre) à basse température sous l’influence concentrée du soleil pour obtenir 1. Le Mercure « philosophique » (alcool distillé - plusieurs fois - au soleil), et 2. Le Soufre et le Sel (sels minéraux, matières organiques) restés conjoints dans l’alambic en verre (soleil oblige). Plusieurs séparations-purifications-cohobations seront utiles avant de mettre la liqueur dans un athanor (four alchimique) adapté pour obtenir cette « pierre de vin » qui a une vertu régénérante douce fort appréciée pour l’entretien de la santé.
    C’est pierre peut se faire avec des « vins » issus d’autres matières que le raisin (miel fermenté par exemple).

    La calcination solaire
    C’est un procédé classique en alchimie dont on trouve des éléments précis dans le livre d’Ezéchiel et qui est resté longtemps secret (merci Stéphane Barillet pour l’avoir offert au public). C’est, dans le principe, un procédé comparable au précédent mais qui n’utilise qu’une opération : la calcination solaire au moyen d’une loupe ou d’une parabole. Le Sel de la plante ainsi calcinée finit par se coaguler en une pierre insoluble dans l’eau ou dans l’alcool et dont les vertus sont surpuissantes. La dilution hahnemannienne est une solution pour la rendre assimilable sans danger.
    Je ne connais pas d’exemple d’applications thérapeutiques spagyriques de ce travail avec des plantes avant mes propres travaux. Mon SelSol Rosa est fait selon ce procédé.

    Le procédé du Docteur Zimpell
    Je n’ai jamais pratiqué ce procédé et je n’ai pas beaucoup d’informations cohérentes à son propos. Vous trouverez dans cet article (http://www.atelier-spagyrie.ch/blog/spagyrie-medecines-alchimiques/une-methode-de-spagyrie-allemande.html) un exemple de ce travail qui consiste en une fermentation de plante dans l’eau. On est supposé extraire un peu d’alcool de cette fermentation (alors que la fermentation alcoolique ne peut se réaliser qu’en présence de sucre et de levures - naturelles de préférences -) qui sera notre Mercure.
    Les laboratoires allemands modernes tels que Phylack prétendent utiliser ce procédé en précisant qu’ils ne rajoutent pas de sucre ni de levures. Cette précision laisse à penser que l’ajout de sucre et - dans une moindre mesure - de levures est presque incontournable pour obtenir une fermentation alcoolique. Le résultat normal d’une simple fermentation de plante dans l’eau est un purin.
    Quelques amis spagyristes, dont Max Léglise, ont essayé cette méthode sans grand succès.
    Je pense que beaucoup de laboratoires qui ont un temps travaillé sur le procédé du Dr. Zimpell pratiquent maintenant le procédé Teinture/Sel présenté plus haut. Une étude de la vie du Dr. Zimpell permettrait sans doute de mieux comprendre les tenants et les aboutissants de ce procédé célèbre outre-Rhin.

    Il existe d’autre procédés de fabrications, tous issus de la méthode académique présentée dans la première partie de ces articles, et tous adaptés aux besoins des amateurs ou des fabricants. Ainsi l’alchimie reste créative et œuvre d’artistes qui savent s’approprier les principes alchimiques et qui savent comprendre et imiter la nature. Ce serait une grave erreur que de réduire la spagyrie à un procédé. L’élixir spagyrique est finalement l’œuvre d’un spagyriste et d’un alchimiste et non un travail effectué selon un protocole fixé par quelque cahier des charges issue d’une réunion de professionnels soucieux de garder un marché qu’ils croient posséder…

    J’aborderai dans un article suivant les possibilités de la spagyrie dans différents domaines professionnels liés en général à l’herboristerie et à la transformation des PPAM (Plantes à Parfums, Aromatiques et Médicinales) parce que je crois que la rencontre entre les métiers de cultures et transformations de plantes médicinales et l’alchimie devrait être profitable aux uns comme aux autres.
    Nous verrons également d'autres procédés développés par les spagyriques post-paracelsiens et les auteurs rosicruciens.

         Matthieu Frécon, Bruxelles Octobre 2018

     

  • Alcoolatures, teintures, élixirs ou liqueurs, quel alcool choisir ?

    Alcoolatures, teintures, élixirs ou liqueurs, quel alcool choisir ?

    Si vous faites des alcoolatures, ou des teintures mères, des élixirs ou des liqueurs &c… vous aurez certainement une attention développée pour la qualité des plantes utilisées dans vos recettes, ainsi que la qualité du processus de fabrication afin de respecter au mieux le potentiel des plantes, leur vitalité &c… vous pourrez choisir de faire vos cueillettes un jour et une heure favorable, couper ou broyer vos plantes avec du matériel adéquat (pas de fer, pas de chaleur…)… vos lieux de séchage ou de stockage seront peut-être soigneusement étudiés selon les principes qui vous tiennent à cœur (matériaux naturels, géobiologie &c…). Et puis viendra le moment où vous plongerez vos plantes dans… l’alcool.
    Et c’est là que, désemparé, la question de la qualité de l’alcool se limitera à son degré et à une éventuelle mention « bio »…
    Pourquoi tout à coup l’attention de tous les instants que vous portiez à chaque étape du travail se voit bornée à accepter l’idée d’utiliser un produit chimique d’origine industriel ?
    Et bien, parce que l’on a rarement le choix, et que l’on a pris l’habitude de fermer les yeux sur ce détail.
    L’alcool, un détail ?
    Voyons un peu le point de vue de l’alchimiste sur ce qu’est véritablement l’alcool et le rôle qu’il joue dans une préparation.
    En spagyrie (la branche de l’alchimie appliquée à la santé), l’alcool est utilisé comme un « Mercure ». C’est le principe qui supporte la vie dans le règne végétal. C’est cette vie qui mettra en lumière le caractère des plantes mises en œuvre dans la préparation. L’alcool est d’ailleurs issue de la fermentation du sucre, et la fermentation, processus de décomposition et donc lié à la mort, est la clé qui ouvre la porte de la vie. L’alcool, notre « Mercure », est donc le support de la vie, c’est lui qui va contenir et préserver la vie dans notre préparation. L’alcool est dit « philosophique » (ami, ou proche, de la Sagesse créatrice et réparatrice de l’existence) lorsque qu’il subit diverses distillations sous l’effet de « Feux secrets » (ce sont des éléments qui sont à l’origine de la création du monde, la lumière solaire ou les champs magnétiques en font parties).
    Il est évident qu’un alcool issue de la distillation maison d’un vin ou de fruits naturels (sans soufre &c…) sera beaucoup plus adéquat à transmettre la vie qu’un alcool d’origine industriel distillé dans une usine manipulée par des gens sans amour ni conscience de ces aspects. Le fait qu’il soit « chimiquement pur » est d’un intérêt plus que secondaire (la vie est-elle chimiquement pure ?) voire totalement inutile. Cette attention à l’analyse chimique n’est pas traditionnelle (Hahnemann parle bien d’utiliser de l’esprit de vin, mais il s’agit bien de celui du bouilleur de cru et non celui de Prolabo ou d’Alcoosuisse qui n’existaient pas), et il n’est jamais indispensable d’avoir de l’alcool « neutre » (c’est à dire dénaturé de tout arôme ou toute sensibilité) à 96 %.
    Alors pourquoi cette négligence généralisé quand à l’exigence de la qualité de l’alcool de nos préparations ?
    Et bien tout simplement parce qu’il n’est pas facile de trouver un alcool de bonne qualité et du coup, on à pris l’habitude de considérer cet aspect de la préparation comme secondaire. C’est devenu un acquis culturel.
    Alors comment faire ? (vous trouverez ici le lien vers un article que j’ai écrit pour expliquer comment faire son propre alcool maison).
    La première chose à réaliser est que la plupart des recettes ou des procédés se basent sur le seul alcool disponible de façon courante : l’alcool « neutre » à 90 % ou 96 % sans qu’il y ait de nécessité à cela. Exemple déjà cité : Hahnemann ne décrit pas la fabrication de ses teintures mères dans un alcool de ce titre, qui d’ailleurs n’était pas accessible aux pharmaciens de son époque (XVIII° siècle). Hahnemann utilisait un esprit de vin de fort degré (vers 80 %) distillé par les artisans de son époque. Pour les alcoolatures, c’est la même chose : la plupart du temps, un esprit (alcool) à 70 % est suffisant. Pour les liqueurs et spiritueux, il suffit de changer les pourcentage d’eau et l’alcool pour arriver à la même dilution finale (en général entre 35 % et 50 %).
    Donc, ne vous inquiétez pas si vous n’arrivez pas à trouver un alcool artisanal ou amateur qui titre plus que 80 % : c’est juste que ça n’existe quasiment pas et qu’il est donc bien naturel de passer outre cette exigence moderne.
    Au contraire, il est bien plus utile de se focaliser sur la qualité énergétique de l’alcool que de rechercher du titre et de la pureté chimique.
    J’ai souvent fait mes préparations avec de l’alcool de bouilleur de cru distillés avec des alambics en cuivre (à 50 % la plupart du temps), parfois redistillé par mes soins (au soleil, à basse température, dans de bonnes conditions énergétiques).
    Les recettes pourront parfois être adaptées pour coller avec des procédés plus simples et des performances moins quantitatives, mais finalement, c’est la vie qui est comme ça !

    La qualité énergétique de l’alcool d’un spiritueux se traduit par la qualité de l’ivresse et de la digestion, celle d’un remède, par la discrétion dans l’efficacité de son action (bon équilibre puissance/douceur).

    J’espère vous avoir transmis l’importance d’avoir un bon esprit pour vos préparations !

    Matthieu Frécon, Août 2018

  • Comment prépare t’on un élixir spagyrique (très brièvement dit…) ?

    Comment prépare t’on un élixir spagyrique ?

    Essayons de voir aussi simplement et complètement qu’il est possible dans un court article les principes et les procédés pour faire un élixir spagyrique.

    Les principes
    Le principe de la spagyrie est séparer (spao) et réunir (ageiro). C’est aussi celui de toute l’alchimie : Solve (dissous) et Coagula (fige, coagule). Il s’agit de séparer les éléments qui constituent un être, en général une plante, les purifier, pour enfin, les réunir sous la forme d’un élixir (« la Pierre » en arabe).

    En pratique, on distingue trois principes en spagyrie, trois parties essentielles de l’être qui se prête au jeu (la plante donc) : la vie, que les spagyristes appellent le Mercure, le Caractère, qui distingue un être d’un autre, que les spagyristes appellent le Soufre, enfin, le corps, qui est ce qui reste quand la vie et le caractère ont été enlevés, et que les spagyristes appellent le Sel.

    Les alchimistes et les spagyristes aiment avoir leurs ingrédients dans des petits bocaux, disponibles. Ils aiment avoir les matières fixes, autant qu’il est possible. C’est le concept de Pierre Philosophale (une pierre, c’est fixe, elle est philosophale, c’est à dire « amie de la sagesse », la sagesse qui a crée le monde et qui porte en elle la capacité de le réparer). J’englobe volontiers de nombreuses réalisations alchimiques qui ont cette capacité à réparer (guérir) dans ce concept de Pierre.
    Nous allons donc chercher à fixer, et mettre en bocaux, les trois principes pour ensuite les purifier, puis enfin les réunir. Le plan pour toujours s y retrouver sur le chemin alchimique

    Le principe Vital : La vie est captée pendant le processus de mort, de décomposition. La fermentation alcoolique, suivie de distillation, est la forme la plus utile pour nous. L’alcool sera donc le support privilégié de la vie du monde végétal. Un peu de la plante sera mise en macération dans notre alcool, puis ensuite distillée. l’alcoolat obtenu sera notre « Mercure ».

    Le Caractère (Vertu) : Je préfère le processus de réduction à basse température d’une courte macération de la plante dans de l’eau (24h). La masse obtenue sera lavée, puis réduite à nouveau. C’est notre soufre, qui en général sent très bon au bout de quelques temps.

    Ces deux éléments seront assemblés pour donner notre teinture. Cette teinture sera mise à murir dans l’Athanor (« le four » en arabe), qui est un appareillage, un genre de couveuse, qui permet la concentration des forces qui ont participé à la création de l’univers (les « Feux Secrets »).

    Le Corps : Sera obtenu par calcination de la plante. Les cendres seront ensuite dissoutes dans l’eau pour, par évaporation, obtenir des sels cristallisés, notre Sel. Ces sels sont la caisse de résonance qui permettra l’expression du Caractère (Soufre) de la plante sublimé par la Vie (Mercure).

    On imbibera ensuite le Sel de la teinture, tout doucement comme toujours, pour finalement découvrir notre Pierre Végétale sous une forme parfois gommeuse, parfois liquide selon son choix. Cette Pierre sera également mise en maturation dans l’Athanor.

    Il restera une étape importante qui est « l’ouverture » de l’élixir, c’est à dire qu’il nous faudra le rendre assimilable pour pouvoir en profiter au mieux, sans problèmes. Ma méthode préférée est la dilution hahnemanienne ou korsakovienne, 3CH ou 3K (c’est pareil) donne de bons résultats, faciles à utiliser avec des effets lisibles et doux. Mais si cette méthode est couramment utilisée chez les alchimistes allemands ou suisses, elle est très peu reconnue en France. Vous pouvez aussi simplement diluer votre élixir dans de l’eau ou du vin, selon vos goûts (et alors ma préférence irait pour la Fine Faugère ;-).

    Le plus important dans cette aventure ne peut pas faire l’objet d’un protocole formel : c’est le sens que ce travail aura pour vous, l’engagement que vous aurez dans votre œuvre spagyrique, c'est cela qui donnera toute l'importance de votre travail dans votre vie…

    Je suis désolé pour ceux qui auraient voulu un processus décrit avec plus de précisions, mais j’ai choisi maintenant de vous proposer un petit résumé qui n’a d’avantage que sa clarté, d’autant que j’ai déjà développé cette question dans d’autres articles.
    Je vous invite à lire ces articles plus complets, ou de suivre l’une de mes formations ou encore de vous reporter à mon livre « L’Alambic, l’Art de la Distillation » qui contient une partie développée consacrée à cette question (ou le merveilleux livre de Vivianne Le Moullec « Les élixirs floraux de Vivianne » qui décrit un procédé proche.

    Matthieu Frécon, Sarreyer Août 2018

  • Entretien video avec Matthieu Frécon et Yann Leray

    Une jolie discussion avec mon ami Yann Leray, animé par Jean-Claude Pascal :
     

    Jean claude pascal matthieu et yann

    https://www.youtube.com/watch?v=X9aUIdZHg20&feature=share

     

  • Les vertus des élixirs végétaux

    Les vertus des élixirs végétaux

    Quelles sont les vertus des plantes dans le cadre de la médecine spagyrique ?

    La question est récurrente et intéressante. La première chose qui permet une ébauche de réponse est de considérer que le spagyriste est, ou devrait-être selon moi, un alchimiste. L’alchimiste n’est pas d’abord un thérapeute à proprement parlé bien que la plupart le deviennent d’une façon où d’une autre, et l’essentiel de son travail est une restauration de l’état d’origine des êtres. L’emblème de son travail, le Grand-Œuvre est couramment appelé « médecine », médecine universelle dans le meilleurs des cas, mais on connait aussi des médecines métalliques ou des médecines humaines…

    Le principe fondamental de l’alchimie est la conception unitaire de la création. L’alchimiste considère que l’ensemble de l’existence, l’ensemble du monde, est une « création », principe féminin qui est crée par un « créateur », principe masculin. Nous avons ici le binôme primordial qui correspond aux deux principes Soufre (créateur) et Mercure (créature) de l’alchimie pré-paracelcienne (attention à la confusion avec les 3 principes paracelsiens Sel/Soufre/Mercure qui ont un sens tout différent).
    L’alchimie considère que toute la création est issue de ce principe créateur unique, et le but du travail alchimique est de capturer cette énergie créatrice sous une forme fixe : la Pierre Philosophale.

    À partir de là, il apparait évident que plus l’énergie captée sera proche de l’origine, plus son spectre d’effets sera large alors que si cette énergie est captée dans une matière déjà spécifiée, une plante par exemple, son spectre d’action dépendra du caractère de la plante utilisée.
    L’élixir d’une plante aura donc un effet dépendant du niveau où l’énergie créatrice aura été captée. De ce niveau dépendra donc sa relative universalité ainsi que sa puissance.
    La technique utilisée pour la confection de l’élixir sera évidemment déterminante, et les goûts et préférences de l’alchimiste (qui s’exprimeront mieux dans une technique qu’une autre, selon qu’il ait un tempérament plutôt Feu ou plutôt Eau par exemple) auront également un impact important sur le résultat. Cela revient à insister sur la qualité « alchimique » du fabricant d’élixirs spagyriques. Chaque alchimiste donnera une couleur particulière à ses créations selon son âme propre.
    Un autre aspect important compte dans la nature des effets des élixirs spagyriques est que les plantes sont comme nous : elles ont de multiples ressources et ne peuvent être limités à une gamme d’effets connues comme par exemple lorsqu’elles sont utilisées dans le cadre de la phytothérapie, ou de l’aromathérapie par exemples.

    Des tous ces points, il apparait que l’effet d’un élixir spagyrique d’Absinthe ou de Millertuis par exemples, dépendra de la relation qui existera entre l’alchimiste et la plante, et éventuellement avec le malade. Les élixirs spagyriques sont relativement « interactifs » et les plantes proposent des soins particuliers adaptés selon cette triade plante/alchimiste/patient avec quand même des invariantes fréquentes du genre : la rose propose l’amour universel indifférencié (donc la libération), l’absinthe guidera vers un meilleur contact avec la nature, donc la féminité, avec un effet physique de décongestion au niveau digestif, ou génital (pour les femmes dans ce deuxième cas), &c…
    Mais mes exemples proviennent de ma propre expérience et sont donc largement colorés par ma personnalité et la relation que j’entretiens avec ces plantes, ainsi que par la technique que j’emploie, et les travaux d’autres alchimistes proposeront sans doute des effets différents.
    Vivianne le Moullec par exemple propose dans son merveilleux livre « Les élixirs floraux de Vivianne » une liste d’élixirs élaborés pour régler des problèmes particuliers qu’elle liste en détail et qui est relativement proche de l’utilisation classique des plantes (tisanerie, teintures-mères…). Les paracelsiens donnent d’autres systèmes thérapeutiques, plus symboliques comme les tempéraments, les correspondances et attributions planétaires &… Je vous propose de découvrir vous-même dans votre travail spagyrico-alchimique ce que les plantes ont à vous proposer, à vous, et ainsi de développer votre propre médecine spagyrique pour vous-même, puis éventuellement pour vos proches.

    La règle à observer dans cette aventure est que le travail est d’abord une quête personnelle avant que d’être une technique utilitaire. Le principe de base est l’origine unitaire du monde et le but est la restauration de cet état unitaire harmonieux.
    Le reste est technique et recettes de cuisine, ce qui mérite quand-même un peu d’attention.

    La médecine alchimique est une merveilleuse aide pour la santé du corps et de l’âme.

    Matthieu Frécon, Juillet 2018

  • Un hommage à Paracelse, 1° partie

    Quelques mots en hommage à Paracelse

    1° partie, Le décor

    Paracelse est l’un de ces pénibles qui ne respectent rien… il n’en n’a toujours fait qu’à sa tête : jamais de concessions, jamais de courbettes, jamais de justifications. Après le scandale, on finit par le comprendre, mais c’est trop tard : Paracelse est déjà ailleurs, on ne peut le suivre…
    Alors que peut-il rester du Docteur Helvétius dont on sait si peu de choses que même le nom qu’on lui attribue n’est peut-être pas celui qu’il s’est lui-même choisi… (dates probables : Suisse allemande, 1493-1541)
    C’est là une bonne question ! que peut-on conserver d’un iconoclaste pareil (iconoclaste, celui qui détruit les icônes) ?
    Paracelse a beaucoup travaillé, il ne s’est jamais posé (son sale caractère le rendait vite insupportable aux notables, il fallait souvent fuir). C’est le genre à toujours rater ses examens à cause de son caractère insubordonné, à toujours rester en marge… Ce n’est pas Paracelse le « plus haut que Celse » le médecin romain classique, que ses amis aurait du le surnommer, mais Paraclite : celui qui est au-dessus des choses, des choses entendues, des objets du culte… Paraclite, c’est le Sauveur, mais le Sauveur que l’on ne peut suivre sans tout quitter, même le maitre lui-même…
    Ce qui caractérise Paracelse (sacrifions à la tradition qui le nomme ainsi), c’est justement l’abandon et le désintérêt pour les connaissances solides, celles qui soutiennent la docte et inébranlable tradition. Paracelse préfère sa seule expérience aux acquis traditionnels. Cette expérience, il a acquise auprès de son seul maitre, ou sa seule maitresse pour être plus exacte : la Nature. L’observation de la nature guide sa méthode, son expérience confirme et le courage ne doit pas manquer, les larmes non plus sans doute.
    A sa disparition, un notable salua la mort du personnage le plus immonde de son temps. Tiens, c’est aussi ce que Churchill dira de Crowley (Grande-Bretagne 1875-1947) à sa mort. Crowley, cet autre iconoclaste s’il en est, qui bouleversera lui aussi son temps sans que l’on sache vraiment ce que l’on peut en faire (rien en fait, Crowley et Paracelse sont comme deux comètes, ou comme un vol d’oies sauvage que l’on voit passer dans le ciel : que peut-on en faire ? partir soi aussi certes, mais pas pour les suivre…). Que peut-on faire de Paracelse ou de Crowley ? pas évident de répondre… mais ce que je sais, c’est qu’après Paracelse, comme après Crowley, rien ne sera plus comme avant…

    Paracelse est né en Suisse alémanique, d’un père médecin, très probablement alchimiste, et certainement plein d’attention pour son rejeton qui en parle avec beaucoup d’affection. Le pater avait apparemment un caractère tranquille et bienveillant, ce qui n’est pas négligeable quand on est enfant. Parmi ses maitres, et après son père, Paracelse aura la chance de rencontrer l’Abbé Trithème (1462-1516) qui était un très important hermétiste et fort versé dans la Kabbale, l’Alchimie, et la magie. Paracelse n’oubliera jamais de bien garder ces sciences secrètes dans sa sacoche de médecin et Giordano Bruno (Italie, 1548-1600) dira de lui « qu’il est le premier qui ait de nouveau considéré la médecine comme une philosophie ». À propos de Paracelse médecin, il faut préciser qu’il n’a probablement jamais eu son diplôme. À l ’époque, les médecins avaient la science, établissaient le diagnostic, et c’est le chirurgien, ou le barbier, qui opérait (aujourd’hui, on a les médecins, et les pharmaciens). Il n’était pas pensable pour le médecin de mettre la main à la pâte, et pas possible pour le chirurgien d’accéder à la connaissance médicale… Paracelse qui avait tant opéré dans les armées n’hésitait pas à enseigner aux chirurgiens. Paracelse pratiquait donc la plupart du temps illégalement la médecine et la pharmacie et, comme tous ceux qui ce sont distingués dans ce périlleux exercice, sa vie fût compliquée et il mourut jeune.

    Quel est la doctrine de Paracelse ?
    Et bien, c’est là que ça se complique… Paracelse n’est pas un écrivain très méthodique, en tous cas, pas facile… On ne peut pourtant pas dire qu’il ne fût pas un excellent pédagogue si l’on constate le nombre de ces disciples enthousiastes et créatifs. Et pourtant les pratiques de ces élèves et suiveurs semblent fort éloignées de ce que les livres du maitre laissent imaginer du décor paracelsien. La Spagyrie, cette branche de l’Alchimie explicitement dédiée à la santé, fut formalisée par les générations de paracelsiens des siècles suivants (Dorne, Rumelio, les rosicruciens &c…).
    En fait, ce que l’on peut retenir de l’enseignement de Paracelse sont surtout des principes, des lois naturelles formulées, et un encouragement pour approfondir sa science. La plupart des recettes et beaucoup de ses écrits sont apocryphes, l’héritage réel de Paracelse est peut-être finalement assez austère.
    Ce que je retiens de l’héritage de Paracelse est un rappel que « l’Alchimie ne sert pas à faire de l’or, mais à guérir les maladies ». Une évidence, si l’on regarde la profession commune à la plupart des alchimistes qui furent presque tous médecins, une évidence oubliée… Ce que je retiens aussi, c’est la pluralité des pratiques, des méthodes, des matières employées, des procédés (magiques, chimiques, tout à la fois souvent…), c’est aussi la connaissance de la botanique, de la métallurgie, de l’astrologie, la magie naturelle et kabbalistique…
    La littérature alchimique n’aura pas beaucoup d’adeptes qui, comme Paracelse, proposeront autant de voies possibles…
    Les suiveurs, les spagyristes, se borneront à établir un système thérapeutique plus ou moins fixé pour donner un sens à la santé et à la maladie, qui guidera le choix de la matière médicale (matières premières, végétales souvent) et les procédés de fabrication des remèdes, n’y voyez pas de critique à leur égard : j’en suis.
    On distingue aujourd’hui de nombreux procédés de fabrication de remèdes spagyriques qui sont en général basés sur les principes de séparation du simple (la plante) en ses trois principes paracelsiens : Soufre, Mercure, et Sel. Ces trois principes sont alors purifiés pour être ensuite réunis sous la forme d’élixir ou de pierre végétale. Mais il existe aussi d’autres travaux qui utilisent le sel ou la rosée par exemple.
    Mais il n’y a pas que la Spagyrie qui peut se revendiquer de l’héritage du turbulent et créatif médecin maudit… En fait, l’étude de Paracelse était généralisé parmi les médecins germanophones dans siècles suivants sa mort et par exemple, au XVIII°, un certain Samuel Hahnemann sera très inspiré par ses principes pour poser les bases de sa nouvelle médecine, l’homéopathie. D’ailleurs homéopathie et spagyrie se côtoieront beaucoup dans l’école spagyrique allemande du XX°s., chez Alexandre Von Bernus par exemple (laboratoire Soluna). J’en profite pour glisser l’idée qui m’est chère que l’homéopathie est un outil très précieux pour l’alchimiste, qu’il soit médecin ou bien simple anachorète.

    Plusieurs pistes restent à suivre pour compléter cette très courte présentation du personnage, par exemple une étude bio-bibliographique complète, ainsi qu’une synthèse détaillée de son enseignement avec les références à ses ouvrages, ou encore un rappel des principes les plus importants de sa pensée avec des citations choisies…
    Sur le plan biographique, l’un des seuls ouvrages vraiment sérieux qui peut guider le jeune paracelsien est peut-être le « Paracelse, Introduction à la médecine philosophique de la renaissance » par Walter Pagel (Arthaud 1963).
    De paracelse lui-même, c’est peut-être ses « Œuvres médico-chimiques » (Arche Milano 1990) qui seront les plus utiles et les plus abordables pour commencer, mais son œuvre commence enfin à être publié en français de façon intelligible.
    Pour ce qui est de la spagyrie, citons (en français) de Rumelio « La médecine spagyrique », des rosicruciens allemands du XVII° « La Chaine d’Or d’Homère » (autrement nommée « Nature Dévoilée »), de Frater Albertus « Le manuel de l’Alchimiste », les cours de spagirie des Philosophes de la Nature (LPN) sur le site de Portae Lucis ou sur mon site www.gouttelettes-de-rosee.ch , ou mes propres articles sur mon site www.atelier-spagyrie.ch qui propose une biographie plus étoffée avec pas mal de théorie et de pratique.

    À suivre…

    Matthieu Frécon, Février 2018

    PS. Une étude reste à faire sur l’influence très importante de Paracelse sur Rabelais (France, 1483 ou 1494-1553), lui aussi médecin philosophe (alchimiste). Rabelais qui appelais son ainé « Le divin Théophraste, toujours ivre et toujours lucide… ».

     

     

  • Le ENS végétal selon le Petit Philosophe de la Nature

    Symbole LPN

    Vous trouverez reproduits plus bas 3 articles parus dans "Le Petit Philosophe", organe de l'association Les Philosophes de la Nature (LPN) sur la fabrication du ENS végétal, et ce, sans matériel complexe.
    LPN était très pédagogique, les cours de spagyrie étaient très accessibles et pratiques, le journal de l'association (Le Petit Philosophe) mettait à jour les connaissances et les découvertes des membres (l'association était réellement collectiviste et la somme de connaissance qu'elle à diffusée est le fruit du travail de nombreux membres fédérés par la personnalité très charismatique de son fondateur Jean Dubuis).

    Le premier article a été écrit par Jean Dubuis pose les bases de ce travail. Le deuxième est une reformulation des mêmes données par Arlette Terbach. Le troisième enfin, est une synthèse de membres avancés sur cette pratique réunie et formulée par Michel Auger, qui était l'un des alchimistes qui a beaucoup contribué à l'expérimentation et à la recherche alchimique à LPN (et qui reste un virtuose du laboratoire aujourd'hui).

    J'enrichirai bientôt ces articles de mes notes pour aider à leur lecture, et je prépare déjà un petit lexique des termes alchimiques qui devrait contribuer à une lecture plus facile des travaux spagyriques ou alchimiques quand on est encore novice et que l'on ne connait pas le jargon dans ces domaines (bientôt…).

    Je rappelle aux nouveaux visiteurs que j'ai déjà publié l'intégrale des cours et journaux de LPN en PDF sur mon site http://www.gouttelettes-de-rosee.ch/pages/lpn.html


    Alchimie sans matériel : extraction du ENS végétal (Le Petit Philosophe, n° 57, Juin/Juillet 1988)

    Le Ens est le principe spirituel de la plante contenant les éléments Feu et Air, éléments de guérison.

    La plupart des procédés que nous avons étudiés pour extraire le Ens végétal nécessite du matériel et présente des défauts qui rendent l’extraction peu satisfaisante.

    Si on tente l’extraction sur un végétal frais, l’eau qu’il contient contamine l’alcool indéterminé qui, de ce fait n’a plus la capacité d’extraction du Ens.

    Si on opère sur un végétal sec, le Ens est alors fortement affaibli par la dessiccation de la plante.

    La solution proposée ici consiste donc à utiliser un végétal sec, mais à lui renforcer son Ens au cours de l’extraction.

    Mode opératoire

    - Se procurer ce que les anciens nommaient le « Tartre calciné ». De nos jours, celui-ci se trouve tout prêt et purifié sous le nom de carbonate de potassium.

    - Etaler cette poudre blanche en couches minces (1/2 cm. d’épaisseur environ) dans des assiettes, ou plats, en verre.

    - Laisser les assiettes dans une pièce dont la fenêtre est ouverte et ceci dans la période de l’année comprise entre début mars et fin septembre.

    La poudre va se réduire en déliquescence dont l’aspect sera transparent et huileux. Les anciens nommaient ceci « huile de tartre ». Le carbonate de potassium au cours de la déliquescence se charge en « Feu solaire », Feu élément perdu par la plante au cours de sa dessiccation.

    La filtration se fait dans un entonnoir en verre dont la base est obturée par un bouchon d’ouate de coton. L’entonnoir est installé au-dessus d’un bocal en verre qu’on remplit environ au 1/3.

    - Boucher hermétiquement le flacon.

    - Placer le bocal dans un endroit tiède, par exemple au-dessus d’un radiateur.

    La température la plus adéquate est de 40° mais ceci n’est pas absolument indispensable. En fait, l’extraction sera seulement plus ou moins longue.

    Le liquide se colore en rouge de plus en plus foncé. Quand la couleur ne bouge plus, on peut considérer que l’extraction est terminée. Cette couleur rouge montre que le Ens est régénéré. Cette opération a une durée comprise entre 8 et 40 jours.

    - Filtrer à nouveau le liquide dans l’entonnoir en verre sur de la ouate de coton, et le placer dans un bocal identique.

    - Se procurer ensuite de l’alcool à 90° ou plus et et en prévoir un volume sensiblement égal à celui de la teinture. Verser cet alcool dans le flacon de teinture. L’ensemble ne doit pas dépasser les 2/3 du volume du récipient.

    - Placer, dans un plat en pyrex, du carbonate de potassium dont la quantité est d’environ 15 à 20 % du volume d’alcool. ((mettre au four ?))

    - Laisser refroidir sans ouvrir la porte.

    - Si tout le carbonate est dissous ou est à un état pâteux, il faut recommencer l’opération en ajoutant cette fois 5 % du volume d’alcool de carbonate. Cet ajout de carbonate déshydraté a pour but d’extraire :
    • de l’alcool a 90°
    • Les 10 % d’eau qu’il contient
    • et éventuellement, un excédent d’eau dans l’ « huile de tartre ».

    - Les deux liquides, alcool et huile, ne se mélangent pas. Replacer le flacon dans un endroit tiède et, tous les jours, l’agiter pour mélanger les deux liquides qui, ensuite, vont se séparer spontanément.

    Peu à peu, la couleur de la teinture passe dans l’alcool qui devient d’abord jaune puis rouge. Les impuretés de la plante ses rassemblent au niveau de la séparation des deux liquides.

    - Quand la couleur cesse d’évoluer, au bout d’un mois ou deux, séparer l’alcool par décantation. Il y a intérêt à remplir complètement plusieurs petits flacons avec un minimum d’air au-dessus du liquide pour en assurer la conservation.

    Durant l’extraction par l’alcool, et ensuite pour les flacons d’extraits, emballer chaque récipient de papier d’aluminium s’ils sont dans un local éclairé.

    Si on possède du matériel alchimique, on peut récupérer divers produits de l’ « huile ».

    * * *

    Dans ce procédé d’extraction du Ens Végétal, la chélidoine et l’alchémille donnent un excellent produit (10 gouttes le matin dans un demi verre d’eau).

    Jean Dubuis

    * * * * *

    Extraction des Ens Végétaux (Le petit Philosophe, n° 84, Mars 1991)

    Si vous n’avez pas encore la totalité matériel ou la pratique et le temps nécessaire à la fabrication des 7 élixirs qui vont permettre un premier nettoyage de vos véhicules intérieurs, vous pouvez utiliser les forces vitales du printemps pour faire facilement 7 teintures initiatiques…

    1. Principes de fabrication de l’Ens végétal

    - Extraction des principes d’une plante par le carbonate de potassium mis en déliquescence (voir article sur la fabrication du Sel de Tartre dans le même n°) et réactivation de ces principes par le Feu Solaire piégé dans l’huile.

    - Transfert des ces principes de l’huile de tartre dans l’alcool (Mercure du règne végétal).

    - L’évolution des opérations se surveille par celle des couleurs :
        - Jaune : charge en élément Air
        - Rouge : charge en élément Feu

    - Le travail se fait le jour de la semaine en correspondance avec l’attribution de la plante ou celui où la lune se dans le signe correspondant (voir ciel chymique).

    2. Préparations préliminaires

    Pour chaque Ens envisagé, (l’idéal étant un par planète), se procurer dès à présent :
        - 150 cm3 de plante séchée soigneusement pulvérisée,
        - 1 flacon de 1 litre étiqueté du nom de la plante et 2 ou 3 petits flacons (tous avec fermeture hermétique),
        - 250 cm3 d’alcool de vin du plus haut titre possible (à défaut, de l’alcool à 90°),
        - 500 grammes de carbonate de potassium pour la fabrication de l’huile de tartre (entre 1/4 et 1/3 de litre) et pour la déshydratation de la solution finale.

    3. Fabrication de l’Ens

    Après obtention de l’huile de tartre,

    a) Extraction des principes de la plantes
    - Verser dans le flacon de 1 litre l’huile de tartre et la plante en poudre.
    - Remuer soigneusement le mélange, fermer le flacon et le placer dans un endroit tiède, l’idéal étant une couveuse à 38-40° ou, à défaut, un dessus de radiateur (protéger dans ce cas le flacon de la lumière).
    - L’huile de tartre, chargée du Feu Solaire que la plante avait perdu lors de sa dessiccation, va extraire les principes de la plante, ce que vous constaterez à la couleur de plus en plus rouge qu’elle va prendre.
    Ne pas agiter le flacon durant cette première phase.
    Quand la couleur ne bouge plus, l’extraction est terminée.

    b) Transfert des principes dans l’alcool
    Après récupération du liquide fermenté par égouttage (ne pas presser la plante), puis filtrage sur de la ouate de coton,
    - remettre dans le flacon nettoyé le jus rouge-brun obtenu.
    - Verser dessus 1/4 de litre d’alcool.
    - Ajouter du carbonate de potassium préalablement séché au four pour absorber l’eau résiduelle contenue dans l’alcool et l’huile de tartre. Les premières cuillères vont se dissoudre, continuer à verser jusqu’à ce qu’il reste environ 3 cm de carbonate visible au flacon.
    - Fermer hermétiquement, remettre au chaud (conditions identiques à la première phase).
    - Agiter quotidiennement

    A son tour,  la couleur de l’alcool va passer au jaune-vert, jaune-doré et éventuellement au rouge.

    Lorsque la couleur est stable, récupérer la teinture par décantation. La transvaser dans de petits flacons remplis à ras-bord.

    4. L’Ens est terminé

    A consommer au jour de l’attribution planétaire de la plante, de préférence dans l’heure qui suit le lever du soleil, à raison de 10 gouttes dans un demi-verre d’eau.

    Bon courage

    Arlette Terbach

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    Réflexions sur l’Ens végétal (précisions sur la méthode d’extraction) (Le Petit Philosophe n° 95, Avril 1992)

    Le ENS (en latin verbe être au participe passé = être à l’origine) possède une foule d’autres noms dans la littérature alchimique lesquels précisent plus spécialement certains aspects de sa nature : Soufre rouge ou philosophique, Soufre séminal, Feu-vif, Feu séminal, Terre séminale. Ces appellations ne sont évidemment pas réservées au règne végétal mais, chacun sait que le jargon unitaire de l’alchimie peut être différencié, c’est volontairement que nous les réduirons à ce règne.
    Les dites appellations, ainsi que les procédés relatifs à l’examen du Ens, laissent à penser qu’il s’agit d’un Soufre ou d’un Sel de Soufre fortement chargé en principe de vie, en Feu-Semence, alchimiquement « ouvert » et d’une intense couleur rouge.

    Pour comprendre la nature particulière du Ens Végétal signalons que les huiles essentielles (Soufre) et les sels organiques (Sels de Soufre) extraits par les méthodes « classiques » ne sont que faiblement chargés en élément Feu parce que cet élément invisible a quitté la plante avec la dessiccation et ce, ne serait-ce qu’à cause de la relative brutalité des procédés extractifs. Dans ces conditions, le Soufre et le Sel de Soufre constituent plutôt le support plastique de cet Élément, notamment dans l’élaboration d’une « Pierre Végétale », le Feu étant essentiellement apporté par le Sel « chargé » par l’Eau des Anges et le Mercure rectifié sur du tartre préalablement mis en déliquescence au printemps.

    D’un point de vue physique, le Ens extrait par un Mercure végétal, déterminé ou indéterminé, colore celui-ci en jaune d’or ou rouge ; concentré par évaporation, il devient huileux et d’un rouge profond ; enfin, évaporé à siccité, il perd son Mercure invisible et laisse une matière écailleuse, luisante, rouge bordeaux, d’où le nom de « Terre » donné par certains. Isaac Hollandus obtient également une substance sèche, pubescente, mais par un procédé qui diffère en apparence de celui préconisé ici.

    Le Primum Ens de Paracelse et de son école n’est pas identique au produit dont nous parlons ici ; il s’agit plutôt d’une Quintessence que du Feu-Élixir.
    Notons que l’apparition de la couleur rouge dans les élixirs paient par cohobation Teinture/Sel atteste la régénération de ce Feu Séminal. De même, une macération prolongée d’Esprit-de-vin avec du tartre calciné donne une extraction rouge.
    Ces considérations théoriques et opérations nous amènent à penser que le Ens tire son essence d’un Feu salin végétal ; on pourrait le considérer comme un Soufre de Sel.

    Enfin, le Ens manifeste au plus haut degré les vertus initiatiques de la plante dont il est issu, comme le veut sa nature de Feu extrêmement exalté ; il ne peut être surpassé que par une Quintessence ou une Pierre.

    Mode Opératoire
    (Se reporter aux articles précédents - LPP 57 & 84)

    Après concertation ave plusieurs chercheurs qui ont préparés le Ens végétal; il a été conclu ceci :

    - L’extraction finale du Ens par l’Esprit-de-Vin rectifié n’est rapide et intense que si la macération préalable (plante sèche + huile de tartre) n’est pas trop longue. Cette macération conduite en 7 à 10 jours maximum en remuant délicatement la masse de temps en temps montre une coloration optimale en 5 à 6 jours de couveuse (40°). Bien au delà (plus de 15 jours), on assiste à l’extraction d’une substance mucilagineuse fortement chargée d’impuretés et très peu perméable à l’Esprit-de-Vin : les teintures obtenues par suite sont jaune pâle au lieu d’un beau jaune d’or ou d’un rouge bordeaux.

    - La teinture de Ens, concentrée par évaporation, donne une huile rouge épaisse et laisse déposer des cristaux.

    - Le Ens non concentré peut être consommé selon l’attribution planétaire des plantes d’où il provient ; 5 à 10 gouttes dans un demi-verre d’eau le matin.

    Michel Auger

    * * * * *

    PS. Tiens, Michel Auger vient de me rappeler que la "Pyrotechnie" de Georges Starkey contient les éléments nécessaires pour aller plus loin avec cette pratique. Je me mets en quête de mon exemplaire et je reviens…