L'esprit-de-vin en Spagyrie

L'esprit-de-vin en Spagyrie

L'un de mes correspondants me demande comment faire un esprit-de-vin à 96° pour ses travaux spagyriques. La question est récurrente, c'est l'occasion d'un article.

D'où vient cette quête de l'alcool pur, ou presque ?
Je pense que si les anciens spagyristes, savaient distiller des forts degrés, mes recherches de distillateurs me l'ont confirmées, en revanche, la plupart des travaux courants nécessitant de l'esprit-de-vin se faisaient avec des alcools de degrés accessibles à tous les distillateurs, entre 50° et 75°.
De même, les médecines naturelles issues ou non de la spagyrie telles que l'homéopathie, les élixirs floraux de Bach, la liquoristerie ou la phytothérapie, ne demandent pas d'alcool au-delà de 80°.

Personnellement, je n'ai jamais besoin de distiller mes alcools au-delà de 75° pour mes préparations spagyriques ou alchimiques, à l'exception d'un ou deux travaux très spécifiques comme la fabrication de pierres spontanées dans de l'alcool carbonaté au soleil, mais c'est l'exception.
Alors pourquoi les spagyristes débutants cherchent-ils cet alcool "pur" ?

Lorsque j'ai fait mes premiers esprits aux Philosophes de la Nature (LPN), j'ai appris les bases de la distillation, distillation à repasse (fractionnée) pour les travaux courants, distillation carbonatée ou distillation sous vide pour les cracks du labo en quête d'alcool pur (96,5°).
En ce temps-là, le labo alchimique tendait à ressembler à l'environnement technologique du labo de chimie. On était suréquipés et le matériel et les performances en terme de chiffres comptaient.

L'avantage de cette situation était que l'on avait l'habitude de distiller plusieurs fois les mêmes produits (un bon esprit de vin était distillé au moins 7 fois). J'ai gardé cette habitude de redistiller et redistiller encore le même esprit, mais le but n'est pas l'augmentation du degré, mais une pureté acquise au cours de ces opérations renouvelées qui se manifeste par une odeur plus suave, et une sorte d'intimité qui se développe entre le distillateur et son distillat.
Aujourd'hui, avec mes têtes-de-Maures et mes cornues (appareils simples s'il en est dont le refroidissement à air interdit tout excès de vitesse et toutes performances), je plafonne en général vers 75° et je trouve cela bien assez.
Je connais aussi des spagyristes qui tout simplement ne distillent pas d'alcool (ce qui n'est pas bien !) mais qui utilisent de l'eau-de-vie des bouilleurs de cru des campagnes, une prune à 50° par exemple fera très bien leur affaire et ils ont raison : leur attention se concentrera sur d'autres étapes du processus.

Maintenant, je vous propose de revenir un peu sur ce que représente l'alcool dans notre travail d'élaboration d'un élixir spagyrique, cela nous permettra de réaliser ce qui est important dans cet esprit et d'orienter le travail.

Dans les pratiques classiques en spagyrie, on a aujourd'hui l'habitude d'utiliser l'alcool, généralement issue du vin, comme solvant pour extraire le caractère de la plante, son Soufre spagyrique.
En fait, l'alcool est aussi un peu plus que cela puisque ce produit est le fruit de la fermentation du sucre produit par le végétal. La fermentation qui est si importante pour les alchimistes est un processus de décomposition, un processus de mort. Pendant le processus de mort et de décomposition, tous les éléments qui composaient l'être végétal sont séparés pour être ensuite recyclés. Pendant que les éléments matériels grossiers ou subtils sont "démontés", la vie du végétal va, elle aussi, en profiter pour se libérer pour refaire sa vie ailleurs en quelque sorte… Cette vie va se manifester sous différentes forme et nous la choisirons alors qu'elle est intimement liée au processus de production d'alcool. Cet alcool sera ensuite isolé par distillation avant que la décomposition puisse continuer son processus (l'alcool serait ensuite oxydé et transformé en vinaigre &c…).

Cet alcool contient donc la Vie du végétal, et c'est ce qui nous intéresse. C'est que l'on appelle le Mercure spagyrique.
Le travail de distillation philosophique, c'est à dire adapté à l'alchimie/spagyrie, sera orienté vers l'acquisition de cette vie, et non vers sa pureté chimique qui ne nous intéresse absolument pas en elle-même.
Au contraire de la quête du fort degré, on préfèrera les techniques douces (lenteur, faibles températures, répétitions des opérations…) et on pensera aux conditions qui favorisent la vie (soleil &c…). On évitera absolument les matières premières industrielles ou non-bio, c'est aujourd'hui une évidence (donc exit l'alcool pur de pharmacie)…

Pour la pratique de la distillation de l'esprit de vin, vous pouvez vous reporter à cet article : http://www.devenir-distillateur.com/blog/technique-de-distillation-des-alcools/la-distillation-de-l-esprit-de-vin.html , et puis à celui-ci : http://www.devenir-distillateur.com/blog/technique-de-distillation-des-alcools/on-ne-peut-plus-acheter-d-alcool-a-la-pharmacie-comment-faire.html , et enfin, plus adapté à la distillation des eaux-de-vies : http://www.devenir-distillateur.com/blog/technique-de-distillation-des-alcools/b-a-ba-de-la-distillation-a-repasse.html .

 

 

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