Sel

  • Le Sel philosophique et la lacto-fermentation alchimique

    L’alchimie et la fermentation : la Choucroute Philosophique
    Cet article a été écrit pour un groupe travaillant sur les fermentations culinaires. La re colte du sel au printemps

    Je m’intéresse beaucoup à la fermentation que je pratique dans mes deux activités professionnelles : la distillation des spiritueux et l’alchimie (la spagyrie).

    Les alchimistes disent que « la fermentation est la clé qui ouvre toutes les portes de la nature » (La Nature Dévoilée, XVIII°siècle).

    Il y a une pratique très développée en alchimie et qui est très simple et peut être très utile à tous, c’est l’utilisation de la rosée pour rendre le sel « philosophique ». Cela consiste à améliorer la qualité alchimique du sel. Je parle du sel de cuisine. Ce sel « alchimisé » servira à de très beaux travaux alchimiques, mais pourra également servir à « alchimiser » notre vie quotidienne pour lui donner un peu plus d’esprit… Ce sel très particulier à une force intrinsèque très spéciale et a des propriétés thérapeutiques pour l’entretien de la santé et de la vitalité. En dehors des travaux alchimiques purs, il peut nous servir pour la cuisine, pour des cosmétiques (sel de bains) ou… pour nos lacto-fermentations. C’est dans cette application qu’il est le plus intéressant et je vous propose d’essayer vos lacto-fermentations avec ce sel spécial. La fabrication de ce sel est très simple et le printemps est la saison idéale pour le préparer.

    L’idée est d’imbiber le sel « d’esprit universel », le Prana indou. Pour cela, il suffit d’exposer le sel bien sec étalé très finement sur une vitre exposée dehors, la nuit aux pleines lunes de printemps. Le printemps est la période de pleine expansion de l’énergie solaire et la pleine lune est le moment ou l’énergie lunaire est elle aussi à son maximum. L’humidité de la nuit va pénétrer le sel fin exposé dehors. Il faut alors le récolter au petit jour, avant que la chaleur ne le réchauffe et fasse évaporer la précieuse rosée. Il suffit alors de stocker le sel humide dans un simple bocal et de l’utiliser comme du sel ordinaire. Essayez, et vous constaterez facilement qu’il est plus puissant, plus tonique, et que les fermentations sont plus actives. Ce sel se conserve toute l’année sans perdre sa vertu.

    Ce sel contient une infime quantité de nitrate d’ammonium naturel créé dans l’atmosphère qui lui donne ses caractéristiques, c’est le « Sel de Rosée ». On peut le récolter un peu tout le temps, mais les pleines lunes de printemps sont les moments idéaux pour nous.

    On pourrait développer les travaux sur ce sel philosophique mais cela dépasserait le cadre de ce groupe et les alchimistes en herbes peuvent consulter les pages de mon site www.atelier-spagyrie.ch ou www.devenir-distillateur.com pour en apprendre plus. Vous pouvez aussi consulter l’agenda pour le programme des stages sur le sujet. Je suis d’ailleurs intéressé pour partager mon programme de spagyrie avec un spécialiste de la fermentation qui serait intéressé par l’alchimie pour élaborer un programme ensemble puisque l’art de la fermentation est commun aux deux disciplines qui sont très complémentaires.

    Bonnes choucroutes philosophiques !

    Matthieu Frécon, Pâques 2023

    Illustration : récolte de la rosée, Mutus Liber.

  • Le principe Mercure

    Le principe Mercure

    La monade he roglyphique john dee

    En Spagyrie, le Mercure est l’un des trois principes qui constituent l’être avec lequel nous travaillons, une plante le plus souvent. Les deux autres principes sont le Soufre et le Sel.
    Le Mercure a une place privilégiée en Spagyrie puisqu’il représente le principe de Vie, la vie qui est à l’origine de l’existence et qui est, finalement la raison d’être de l’alchimie toute entière.
    Une petite remarque s’impose déjà : je parle bien ici des trois principes définis par la spagyrie, et non par d’autres voies alchimiques plus anciennes, d’autres façons de concevoir ces principes. Je m’expliquerai un peu plus en fin d’article.

    Tout d’abord, le symbole de Mercure.
    Mercure est l’équivalent romain de l’Hermès grec, et du Thôt égyptien. Hermès est quelque part le Saint Patron de toute l’Alchimie. Auteur légendaire de la Table d’Émeraude qui est l’un des textes fondateur de l’alchimie et qui fait le consensus général dans toute la tradition, et père de la tradition hermétique dans laquelle s’intègre l’alchimie depuis la renaissance. Mercure est aussi un dieu plein de paradoxes : il est le messager des dieux, avocat des menteurs, des voleurs… il vole dans les deux sens du terme, il parle toute les langues et reste « hermétique », incompréhensible…
    En tant que distillateur de spiritueux, j’ai une affection toute particulière pour cet esprit joueur, peu viril et presqu’un enfant qui sait quand-même prendre à l’occasion la place de Mars ou de Pluton dans la couche de Vénus (Vénus est alors représentée par le cuivre de mes alambics). Le Mercure-esprit en tant que spiritueux est fixe puisqu’il se conserve. Il capte et retient les âmes (c-à-d les Soufres : les principes des plantes, leurs odeurs, leurs couleurs, leurs vertus…). Il reste toutefois volatil et, distillé, les emmène dans ses vapeurs invisibles…
    Mercure, dieu de la médecine sait produire des esprits, des alcools qui sont tout à la fois des poisons et des remèdes, parfois poisons pour le corps du buveur et remèdes pour son âme, parfois le contraire… Il est encore à la base de la parfumerie, qui est profonde comme une antique médecine du corps et de l’âme peut l’être, et superficielle comme l’est la cosmétique de notre époque…

    Mais en Spagyrie, il représente la Vie de la plante, ou la Vie dans l’élixir. On le capte lorsque la vie de la plante s’en va. Ce moment fragile de l’existence qui signe l’arrivée - la naissance, ou le départ - la mort, de l’être dans « cette vie ». C’est en travaillant sur le processus de décomposition, de putréfaction, ou de fermentation, que l’on capture et que l’on fixe ce messager de la Vie. Fermentation d’abord qui met en mouvement et en évidence notre vie, puis distillation pour la fixer ensuite s’il s’agit de fermentation alcoolique. La fermentation est connue pour être la clé qui ouvre le mystère alchimique de la vie.
    Une fois enfermé dans son flacon, Mercure saura retenir la vie environnante, par exemple la vie des plantes qui y sont mises en macération. La teinture obtenue sera fixe, son énergie sera conservée.

    En dehors de l’aspect fermentation, on peut dire qu’un Mercure est une matière qui capte, fixe, et conserve la vie. L’alcool est le Mercure le plus utilisé par les alchimistes/spagyristes, mais il y en a d’autres : le vinaigre, qui est un alcool oxydé (un peu plus décomposé) fonctionne aussi. L’éther, qui est fabriqué en versant un acide sur une vapeur d’alcool fait aussi partie de cette catégorie (je déconseille l’expérience…). Plus éloigné, mais qui répond aux mêmes critères, l’ammoniaque qui est le fruit de la fermentation des animaux est un Mercure animal. L’ammoniaque est très actif sur le cerveau reptilien, le cerveau alaimbique ;-) … Il résonne profondément en nous, mais reste quelque peu toxique ! Un ammoniaque très finement distillé a une odeur qui touche au sublime et nous fait appréhender le mystère de la vie animale. Je déconseille toutefois une étude trop approfondie de cette matière un peu forte pour notre cerveau fragile… Encore plus loin, pourrait-on considérer le sel, je parle maintenant du sel de mer, comme un Mercure ? En effet, si le sel n’est peut-être pas le fruit d’une fermentation (processus de décomposition au moment de la mort), il est peut-être le fruit d’un processus de création (naissance) puisque l’on considère aujourd’hui que c’est dans les eaux saumâtres qu’apparait la vie dans son état le plus primitif ? Toujours est-il que le sel de mer possède lui aussi la vertu de capter et de conserver la vie. Enfin, le sel de mer permet une fermentation des végétaux que l’on commence à découvrir : la lacto-fermentation (sauf en Alsace où l’on sait depuis toujours que l’on ne peut pas vivre sans choucroute). Pour conclure avec le sel de mer, je précise que lorsque Paracelse parle du Sel (principe Sel), la plupart du temps il parle du sel de mer, ou du sel gemme que l’on trouve dans les mines de son beau pays, c’est la même chose.

    Voici pour le principe Mercure en Spagyrie, le principe de la vie, du mouvement, du paradoxe… Le principe par excellence. Le principe chanté par Rabelais et sa Dive Bouteille aussi. Le principe qui trinque (« Santé ! »)…

    °°°°°°°°°°

    Mais pas seulement…
    Pour conclure en ôtant toute ambiguïté avec cette question épineuse des principes il me faut revenir sur cette question de polysémie des principes alchimiques.
    En effet, l’alchimie la plus traditionnelle connait deux principes : le Soufre et le Mercure qui ne correspondent pas du tout aux trois principes paracelsiens que j’ai présentés dans le cadre de la spagyrie.
    Soufre et Mercure, dans ce cas, sont les deux polarités de l’ensemble primordial. Il s’agit du couple créateur-créature (création). Ce sont les pôles positif et négatif, l’actif qui engendre l’existence, et l’existence dans son ensemble. C’est encore l’énergie qui féconde, et la matière qui est fécondée. Enfin, dans l’imagerie alchimique, c’est le Roi et la Reine, le Soufre solaire et le Mercure lunaire.
    Dans ce système symbolique, votre matière prête à être fécondée par le Feu Secret est un Mercure. Ce Mercure peut avoir un aspect salin, pourquoi pas ? ou toute autre apparence. Il reste que c’est, sur le plan de sa fonction, un Mercure. Ce Mercure sera fécondé par le Soufre solaire, sous l’aspect d’une huile dans certaines voies métalliques humides, ou de rayons lumineux pour les voies sèches… Peu importe, cette énergie a pour fonction de féconder le Mercure et de le transformer en Pierre Philosophale.
    Ici, dans ce symbolisme binaire, c’est le Soufre qui apporte la Vie et le Mercure qui la reçoit et la développe.

    Pourquoi ce Mercure porte-il ce nom ? C’est probablement en relation avec la voie du cinabre. C’est une voie ancienne qui travaille avec le cinabre qui est un minerai de mercure. De même, le Soufre est aussi en relation avec certains travaux qui utilisent le soufre natif. Des fois, en alchimie, les choses sont plus simples que l’on croit…

    Les deux systèmes symboliques sont incompatibles, insolubles. Il faut savoir lequel est utilisé lorsque l’on lit le mot Mercure ou le mot Soufre pour savoir de quoi il s’agit. Avec cette clé, il vous sera facile de comprendre ce que sont, ou ce que peuvent être les principes alchimiques.

    Matthieu Frécon, Sarreyer, juillet 2019

     

  • Le travail de la Rosée

    Le travail de la rosée

    C’est le principal travail pratique sur la rosée de printemps pour le travail végétal.
    Il consiste en une déliquescence de rosée sur du sel dans le but soit d’imbiber le sel de l’esprit astral, soit de récupérer cet esprit sur un support approprié.
    Le sel utilisé est souvent du carbonate de potassium (cendres végétales cristallisées, comme le sel d’un élixir spagyrique classique). Ça marche bien au niveau de la quantité, mais pour aller un peu plus loin, on préfère utiliser le sel connu simplement sous ce nom, le sel de cuisine, qui est la matière que désigne Paracelse quand il parle de Sel (le principe) la plupart du temps.

    1. Préparation du sel :
    J’utilise du Sel de Guérande non traité.
    Laver le sel (le dissoudre dans de l’eau, filtrer, évaporer). Le sécher (broyer puis chauffer pour évaporer l’eau résiduelle, au four par exemple).

    2. Déliquescence : distillation de Rosée (Sel)
    Placer le sel en très fine couche sur une vitre ou un miroir exposé aux pleines lunes de printemps. La vitre doit être inclinée et des petites tiges de bois sont collées sur les bords pour diriger la déliquescence vers une sortie en entonnoir d’où l’humidité pourra couler dans un bocal (si la rosée est abondante, sinon, on ne récupérera qu’une pâte qui pourra servir à divers travaux).

    Si la rosée a été abondante, on récupère une eau salée dans le bocal que l’on distille au soleil le jour qui suit la récolte pour obtenir « l’alkaest » qui est un solvant pour extraire le Soufre (le « caractère »)des végétaux ou des minéraux (parait-il, je n’ai jamais fait ce travail dans le minéral).
    Si la rosée a été faible, alors on peut utiliser le sel humide (pâteux) pour divers travaux. C’est en général ce que je fais.

    Le Sel ainsi chargé de l’esprit astral peut être utilisé comme Sel pour la spagyrie. Il peut être aussi utilisé pour la « Pierre en 5 mn » de Stéphane Barillet (imbibition d’une teinture huile essentielle/alcool sur du sel de cuisine, voir blog du CFIO), ou pour faire des sels de bains "philosophiques", ou de la cuisine « longue vie »… Il peut aussi être utilisé pour faire une lacto-fermentation philosophique (une choucroute…) : c’est la base du procédé de l’élixir de Cagliostro. C’est une base très utile dans tout le travail de labo.
    On peut recharger ce sel en réitérant l’opération plusieurs nuits après avoir séché le sel au four ou en distillant, il sera d’autant plus fort.
    Le sel a un caractère mercuriel (au sens spagyrique) par son aspect conservateur. Comme l'alcool, il sait extraire et conserver l'énergie et les vertus des plantes qui y sont mises en extraction.

    Dans le cas de l’obtention de la rosée, il faut distiller au soleil le jour qui suit la récolte avec une tête de maure en verre pour charger l’alkaest d’esprit solaire (avec aimants, miroirs &c…). L’alkaest obtenu a une odeur d’acide chlorhydrique. Contrairement au sel imbibé d’esprit astral non distillé, il reste fragile et dois être utilisé assez rapidement.

    Les nuits de pleines lunes sont réellement des moments privilégiés, mais on peut fabriquer ce sel plus ou moins philosophique pendant tout le printemps, voire été, si on a besoin d’une bonne quantité.

    Facile !
    Bonnes récoltes nocturnes !


    Matthieu Frécon, Sarreyer mars 2019

    Sources : Stéphane Barillet : Le Grand Œuvre Alchimique, Denis Labouré : L’élixir de Cagliostro, et LPN principalement.