Comment prépare t’on un élixir spagyrique ? (seconde partie)

     Comment prépare t’on un élixir spagyrique ?

     Deuxième partie


Quelques exemples alternatifs de fabrication d’élixirs spagyriques

Le procédé décrit dans la première partie de cette série d’articles est le procédé classique qui est utilisé par la plupart des amateurs ou des laboratoires spagyriques.
Mais l’important reste de trouver ou de découvrir une application des principes alchimico-spagyriques qui est plus adaptée aux besoins thérapeutiques ou simplement qui nous convient mieux.
Voici quelques exemples de procédés inspirés du protocole-mère présenté plus haut.

Le procédé Teinture/Sel
Il s’agit de faire une teinture alcoolique de plante par extraction au soxhlet ou par macération lente (la plante est mise à macérer quelques temps - une lunaison par exemple - dans de l’esprit-de-vin dans un bocal), puis de cohober sur les sels cristallisés (parfois verser les sels sur la teinture) pour ensuite laisser murir.
C’est le procédé le plus courant développé depuis Alexander Von Bernus (fondateur du laboratoire allemand Soluna).
Certaines plantes comme l’ortie, la prêle, ou le chanvre ne permettent pas de réaliser un Soufre selon la méthode présentée dans la première partie de cette série d’articles et peuvent se faire selon celle-ci.

Le procédé Alcool/Huile Essentielle/Sel de mer
C’est la fameuse « pierre végétale en 5 minute » présentée par le génial Stéphane Barillet. Cette pierre consiste en une cohobation d’une teinture à base d’alcool (esprit-de-vin) et d’huile essentielle sur du sel de mer purifié.
Cette pierre peut trouver son application dans la fabrication de sels de bains ou de gommage, ou divers cosmétiques « spagyriques » ou encore dans l’art culinaire alchimique. Par ce procédé, il est possible de fabriquer une pierre suffisamment murie qui peut rivaliser avec les procédés classiques dans un but thérapeutique.

La pierre de vin
C’est encore une simplification du procédé académique présenté en première partie qui offre d’intéressantes possibilités.
Il s’agit de distiller du vin (nature, bio sans soufre) à basse température sous l’influence concentrée du soleil pour obtenir 1. Le Mercure « philosophique » (alcool distillé - plusieurs fois - au soleil), et 2. Le Soufre et le Sel (sels minéraux, matières organiques) restés conjoints dans l’alambic en verre (soleil oblige). Plusieurs séparations-purifications-cohobations seront utiles avant de mettre la liqueur dans un athanor (four alchimique) adapté pour obtenir cette « pierre de vin » qui a une vertu régénérante douce fort appréciée pour l’entretien de la santé.
C’est pierre peut se faire avec des « vins » issus d’autres matières que le raisin (miel fermenté par exemple).

La calcination solaire
C’est un procédé classique en alchimie dont on trouve des éléments précis dans le livre d’Ezéchiel et qui est resté longtemps secret (merci Stéphane Barillet pour l’avoir offert au public). C’est, dans le principe, un procédé comparable au précédent mais qui n’utilise qu’une opération : la calcination solaire au moyen d’une loupe ou d’une parabole. Le Sel de la plante ainsi calcinée finit par se coaguler en une pierre insoluble dans l’eau ou dans l’alcool et dont les vertus sont surpuissantes. La dilution hahnemannienne est une solution pour la rendre assimilable sans danger.
Je ne connais pas d’exemple d’applications thérapeutiques spagyriques de ce travail avec des plantes avant mes propres travaux. Mon SelSol Rosa est fait selon ce procédé.

Le procédé du Docteur Zimpell
Je n’ai jamais pratiqué ce procédé et je n’ai pas beaucoup d’informations cohérentes à son propos. Vous trouverez dans cet article (http://www.atelier-spagyrie.ch/blog/spagyrie-medecines-alchimiques/une-methode-de-spagyrie-allemande.html) un exemple de ce travail qui consiste en une fermentation de plante dans l’eau. On est supposé extraire un peu d’alcool de cette fermentation (alors que la fermentation alcoolique ne peut se réaliser qu’en présence de sucre et de levures - naturelles de préférences -) qui sera notre Mercure.
Les laboratoires allemands modernes tels que Phylack prétendent utiliser ce procédé en précisant qu’ils ne rajoutent pas de sucre ni de levures. Cette précision laisse à penser que l’ajout de sucre et - dans une moindre mesure - de levures est presque incontournable pour obtenir une fermentation alcoolique. Le résultat normal d’une simple fermentation de plante dans l’eau est un purin.
Quelques amis spagyristes, dont Max Léglise, ont essayé cette méthode sans grand succès.
Je pense que beaucoup de laboratoires qui ont un temps travaillé sur le procédé du Dr. Zimpell pratiquent maintenant le procédé Teinture/Sel présenté plus haut. Une étude de la vie du Dr. Zimpell permettrait sans doute de mieux comprendre les tenants et les aboutissants de ce procédé célèbre outre-Rhin.

Il existe d’autre procédés de fabrications, tous issus de la méthode académique présentée dans la première partie de ces articles, et tous adaptés aux besoins des amateurs ou des fabricants. Ainsi l’alchimie reste créative et œuvre d’artistes qui savent s’approprier les principes alchimiques et qui savent comprendre et imiter la nature. Ce serait une grave erreur que de réduire la spagyrie à un procédé. L’élixir spagyrique est finalement l’œuvre d’un spagyriste et d’un alchimiste et non un travail effectué selon un protocole fixé par quelque cahier des charges issue d’une réunion de professionnels soucieux de garder un marché qu’ils croient posséder…

J’aborderai dans un article suivant les possibilités de la spagyrie dans différents domaines professionnels liés en général à l’herboristerie et à la transformation des PPAM (Plantes à Parfums, Aromatiques et Médicinales) parce que je crois que la rencontre entre les métiers de cultures et transformations de plantes médicinales et l’alchimie devrait être profitable aux uns comme aux autres.
Nous verrons également d'autres procédés développés par les spagyriques post-paracelsiens et les auteurs rosicruciens.

     Matthieu Frécon, Bruxelles Octobre 2018

 

 

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